Déluge électrique avec Blur aux Vieilles Charrues
Epargné par la pluie battante de la journée, Blur, groupe fleuron de la Britpop, a libéré un bel orage électrique dans la nuit de vendredi à samedi aux...
Epargné par la pluie battante de la journée, Blur, groupe fleuron de la Britpop, a libéré un bel orage électrique dans la nuit de vendredi à samedi aux Vieilles Charrues, festival français majeur.
Ce show bluffant en Bretagne du quatuor originel en haut de l'affiche dans les années 1990 -- ils ont tous plus de 50 ans -- survient à une semaine de la sortie "The Ballad of Darren". C'est le neuvième album studio et seulement le deuxième de ces 20 dernières années. La formation britannique ne s'est jamais séparée mais son histoire s'écrit en points de suspension depuis 2003.
Deux hommes ont porté le concert. Damon Albarn, 55 ans, cerveau et chanteur, et Graham Coxon, 54 ans, guitariste surdoué. Leur complicité n'est pas factice comme pour d'autres reformations de groupes pour des tournées lucratives. La paire s'apprécie toujours depuis la première rencontre, quand Albarn avait 13 ans et Coxon 12 ans.
Albarn est toujours ce showman facétieux. "Je t'adore la France", "ce soir je suis Breton", a-t-il lâché en français durant ce concert d'un peu plus de 1h30. Et d'haranguer la foule avec un cri primal au micro ou avec un gimmick par mégaphone.
Quand le hit "Girls & Boys" (1994) arrive après une heure, le chanteur, collé contre le public en bas de la scène, se saisit de lunettes à la Elton John et d'un chapeau zébré tendus par la foule.
C'est qui eux ?
"Il y a des gens très jeunes ici, vous devez vous demander +mais putain, c'est qui eux ?+, vous demanderez à vos parents", s'amuse-t-il en anglais.
"C'est comme voyager dans le temps, le public est jeune à nouveau, c'est bizarre, tu en oublies parfois où tu es", avait d'ailleurs commenté récemment auprès de l'AFP Albarn, lors d'une interview donnée à Paris.
A ses côtés, Coxon fait parler la foudre. Il n'y a pas d'autre façon pour se mettre 70.000 personnes dans la poche: enchaîner les riffs, comme avec "There's no other way" (1991) placée en 2e position de la set-list.
Coxon, qui changera de guitare pratiquement à chaque morceau, ne fera jamais baisser l'intensité, culminant avec l'épidermique "Song 2" (1997).
Le concert des Vieilles Charrues laisse peu de place aux nouvelles chansons du futur album, alignant les classiques du groupe façon juke-box.
L'attention du public est ainsi captée, ce que n'a pas su faire la veille Robbie Williams, trop bavard entre les chansons et qui a décontenancé l'audience, connue pour être une des plus festives de France.
Inventivité
Sur "Coffee & TV" (1999), toute l'inventivité du guitariste est concentrée dans un solo en distorsions. Coxon refaçonne également "Tender" (1999), titre doux-amer à l'origine, pour le faire résonner en grand festival (280.000 personnes au total sur quatre jours l'an passé, bilan amené à être dépassé pour cette édition en cinq jours).
"On rêvait de les accueillir, d'avoir Damon Albarn sur le seul projet de lui qu'on avait pas eu aux Vieilles Charrues" confie à l'AFP le directeur du festival, Jérôme Tréhorel.
Dans l'histoire de cet évènement, Albarn avait rejoint en 2015 sur scène pour quelques titres Tony Allen. Ce batteur, un pilier de l'afrobeat, collaborateur de Fela Kuti, côtoyait l'Anglais au sein du super-groupe The Good, The Bad & The Queen avec Paul Simonon, ex-bassiste de The Clash.
Et Albarn était remonté sur scène aux Vieilles Charrues en 2018 à la tête de Gorillaz, son collectif à géométrie variable.
La venue de Blur et le déroulé impeccable de son set avaient de quoi réjouir le public et Jérôme Tréhorel, fan déclaré de Britpop.
"J'écoute en boucle leur nouveau single +St. Charles Square+, titre que je trouve super rock", confesse le responsable du rendez-vous. Le public a lui aussi apprécié ce beau feu d'artifice de décibels en cette nuit de fête nationale française.
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