Delacre, porte-drapeau de l'agroalimentaire régional
Les Hauts-de-France célèbrent l'agroalimentaire. A Nieppe, l'un des géants de l'agroalimentaire, Delacre, illustre la bonne santé d'un secteur qui rassemble plus de 5 000 salariés dans les 16 principales entreprises de la région. Visite.
Les Hauts-de-France à la pointe de l’agroalimentaire nationale ? Qu’on en juge d’après les chiffres avancés par l’agence de développement économique de l’Audomarois et de Flandre (SOFIE) : 1re place nationale dans la transformation et la conservation de pommes de terre, de légumes, dans la fabrication d’huiles et de graisses raffinées, de glaces et de sorbets, dans le travail du grain, dans la fabrication d’aliments homogénéisés et diététiques, ou encore dans ceux dédiés aux animaux ; 2e place dans la fabrication industrielle de pain et de pâtisserie fraîche, du lait liquide et de produits frais, dans la transformation et la conservation de poissons, de crustacés et de mollusques. Et sur ce podium trône Delacre. L’entreprise spécialisée dans la fabrication de biscuits et qui a au bec la célèbre «Cigarette russe» depuis des lustres a ouvert ses portes et dévoilé sa chaîne de production. Sur son site de 48 000 m² (dont 17 500 m² couverts), l’entreprise s’appuie sur cinq fours et six lignes de production dédiées au «sandwiching», aux produits dits «automatiques» et aux «manuels» : biscuits divers et variés remplissent ainsi les boîtes des marques du groupe. En 2014, le chiffre d’affaires a atteint l’équivalent de 25 millions d’euros, fruit du travail des 251 employés (dont 63% de femmes), renforcés de 150 intérimaires en saison.
Des gains de productivité. Le moral est au beau fixe : en 2013, une nouvelle ligne a été inaugurée ; tous les ans, l’entreprise s’astreint à 2 millions d’euros d’investissement ; la capacité de production s’échelonne entre 15 et 20 000 tonnes par an. La production réelle atteint 10 000 tonnes, dont 6 500 en monoproduits. «Tea Time», «Breakfast» et «Cigarettes russes» sont parmi les produits les plus vendus : la «Cigarette russe» sort à un rythme de 1 200 unités par minute. Le futur proche comprend un changement des automates de la pâtisserie (pour 400 000 euros), ainsi qu’une sécurisation du site menant à une certification sur la prévention des actes de malveillance «vu le contexte actuel de l’état d’urgence», explique un cadre. Delacre joue aussi sur l’optimisation de sa production. Avec un taux de pannes des machines qui passe de 6,5% à 4,9% en deux ans et un taux de déchets qui chute de 6 à 3,9% sur la même période, le site gagne en productivité. Sa réserve foncière lui permet en outre d’envisager l’avenir avec confiance… tant que le marché reste porteur et que les portes de l’exportation restent bien grandes ouvertes.
Encadré :
Un grand dans une filière territoriale
Fabricant de biscuits depuis 1891, l’ancien pharmacien Delacre développe sa nouvelle activité, avant de s’implanter à Nieppe 70 ans plus tard. Parallèlement à sa croissance, l’un de ses concurrents, United Biscuits, suit son chemin avant que le second ne rachète le premier en 1998. Aujourd’hui, Delacre fait partie d’un groupe international qui lui permet d’exporter ses produits. Il compte 6 500 personnes réparties sur 18 sites industriels, dont 2 en France. A Nieppe, le site fait partie d’un environnement industriel agroalimentaire qui pèse en Flandres et dans l’Audomarois. L’agence de développement économique SOFIE, issue de la fusion des deux structures préexistant sur les deux territoires, a mis en valeur ces activités lors d’une journée dédiée où plusieurs acteurs du secteur ont ouvert leurs portes. «Historiquement, le développement de la filière agroalimentaire (…) a pu s’appuyer à la fois sur la présence d’une agriculture productive et performante et sur un bassin de consommation transfrontalier dense», explique l’agence. La région abrite, de fait, de grands noms comme Continentale nutrition, Coca-Cola, Bonduelle, McCain, Lesaffre, Danone et donc Delacre. La proximité du pôle de compétitivité Nutrition Santé est couplé avec des formations diplômantes spécialisées dans les métiers de l’agroalimentaire. En Flandre-Audomarois, environ 7 000 emplois dépendent de la filière agroalimentaire, dont 1 300 en commerce de gros. Le territoire compte en outre une centaine d’entreprises de transformation.