Conjoncture
Défaillances d'entreprises : triste record pour les Hauts-de-France
Le référent de l’information sur les entreprises Altares a dévoilé dans son étude "Défaillances et sauvegardes d’entreprises : bilan 2022" les chiffres des Hauts-de-France. Et mauvaise nouvelle pour la région : c’est elle qui enregistre la plus forte dégradation de l’Hexagone, avec 3 527 défaillances l’an passé, soit une hausse historique de 78% des cessations de paiement.
3 527 défaillances en un an, soit 28 points de plus que la moyenne nationale, c’est le triste record enregistré par les Hauts-de-France en matière de défaillances d’entreprises, tout de même moins importantes qu’en 2019 (-9%). Dans le détail : 245 PME ont défailli (+58%), un nombre au plus haut depuis 2018 (271 défaillances), plus de 14 300 emplois sont menacés, la restauration et le second œuvre du bâtiment arrivent en tête des défaillances, les jeunes entreprises sont elles extrêmement vulnérables, les TPE concentrant l’essentiel des défaillances (93%)
Le
Nord concentre la moitié des procédures (1
752, soit +76%).
L’Oise
résiste le mieux, avec une hausse de 57%, pour 388 défaillances, un
nombre en retrait de 26% comparé
au référentiel 2019 (526). Pour
les trois autres départements, c’est la chute libre : 797
procédures pour la Pas-de-Calais, contre 439 un an plus tôt (soit
une hausse de 82%), +88% pour la Somme avec 241 procédures
contre 128 en 2021, c’est
le département de l’Aisne qui est le plus durement fragilisé,
avec
un quasi doublement du nombre de défauts en un an (349 cessations de
paiement enregistrées, soit +98% en un an)
« Si
le retour aux normes d’avant Covid s’amorce depuis un an,
l’augmentation des défaillances s’accélère de manière
alarmante pour les très jeunes entreprises et les PME »,
commente
Altares. En
parallèle, 71 ouvertures de procédures de sauvegarde ont eu lieu,
là encore un nombre au plus haut depuis 2016, mais qui représente
"seulement"
2% de l’ensemble des ouvertures de procédures.
« Les entreprises ne sortent pas indemnes de ces longs mois de turbulences »
«
Dans les Hauts-de-France, en
cumul sur trois
ans depuis 2020, moins de 8 400 entreprises ont fait défaut
contre plus de 13 000 durant les trois années précédentes. 4
600 défaillances, soit plus d’une année de défaillances,
ont ainsi été "épargnées"
grâce notamment aux dispositifs d’aides publiques déployés pour
faire face aux conséquences de la crise sanitaire puis de la guerre
en Ukraine. Pourtant, si le risque a été anesthésié, évitant la
déferlante tant redoutée des faillites, les entreprises ne sortent
pas indemnes de ces longs mois de turbulences,
analyse
le directeur des études Altares Thierry Millon.
Entre inflation et crise énergétique, le climat se complique encore
et les fonds propres sont mis à contribution. Or, l’Observatoire
du financement
des entreprises
notait dans son rapport de mai 2021 sur les fonds propres des TPE et
PME que
si l’essentiel de ces entreprises a affronté la crise avec des
situations en fonds propres renforcées avant la Covid, une partie
disposait, en revanche, de structures
financières très dégradées (un tiers des TPE) ou était
insuffisamment capitalisée, 20% des PME analysées (…).
»
Selon Thierry Millon, 2023 pourrait ramener aux valeurs de 2017 et les Hauts-de-France être proches des 4 000 défauts, « un nombre certes important mais plutôt raisonnable au regard du contexte très difficile que nous traversons ».