Decathlon sur la route de la soie

Le premier train-bloc en provenance de Chine est arrivé sur la plate-forme multimodale de Delta 3 à Dourges. A son bord, 41 conteneurs affrétés par Decathlon et ses partenaires pour acheminer des vêtements et des chaussures de sport. Outre le gain de temps par rapport au transport maritime, la voie ferrée permet au groupe nordiste de réduire son impact sur l’environnement.

Decathlon sur la route de la soie
ACT'Studio

Le premier train-bloc affrété par Decathlon et ses partenaires Damco et Maersk Line est entré en gare de Dourges Delta 3. D’une longueur de 600 mètres, il transporte 41 conteneurs, le maximum autorisé.

Limiter l’impact environnemental du transport des produits en créant des liaisons directes entre les usines en Chine et les entrepôts continentaux en France… Telle est la volonté de l’enseigne nordiste Decathlon, qui, après plusieurs mois de travail avec ses partenaires Damco et Maersk Line, vient d’affréter son premier train-bloc (ndlr : chargés des mêmes conteneurs du départ à l’arrivée).
Jusqu’à présent les produits fabriqués en Chine arrivaient en France par bateau, par avion pour les plus urgents et, dans une moindre mesure, grâce à des trains partagés. Les conteneurs étaient alors acheminés par voie ferrée sur des trains partagés entre différentes entreprises. Une fois aux portes de l’Europe, à Duisbourg en Allemagne, les 3 000 conteneurs ayant transités de cette manière étaient dispatchés vers les clients par l’intermédiaire de trains ou de camions. «Cette première expérience nous a permis d’augmenter notre volume annuel de fret de près de 30% sur le train. Mais nous voulions aller encore plus loin», précise Christophe Dupas, chef de projet Decathlon Dourges.
Le projet de train-bloc est ainsi né de la volonté de l’enseigne de développer un moyen de transport plus écologique et surtout plus rapide, tout en développant l’économie locale et en améliorant la disponibilité des produits. «Réduction des émissions de CO2, du temps de trajet et des coûts de transport : ce projet représente une vraie rupture de fonctionnement de notre chaîne d’approvisionnement», ajoute Bruno Thellier, responsable logistique Decathlon Chine.

ACT'Studio

Xavier Perrin, directeur commercial de la plate-forme Delta, 3 a exposé les enjeux liés à l’utilisation des trains-blocs.

Route mythique

Le trajet reliant Wuhan en Chine à Dourges emprunte l’ancienne route de la soie, utilisée jadis pour faire transiter les textiles luxueux en provenance d’Asie vers l’Europe. Cette route traverse sept pays (Chine, Kazakhstan, Russie, Biélorussie, Pologne, Allemagne et France).

ACT'Studio

François De Witte, directeur général de Decathlon France, a réceptionné le premier colis de ce train, des chaussures et du textile technique, notamment pour le fitness.

Le gouvernement chinois, dans le cadre d’un projet baptisé «One Belt, One Road», a souhaité remettre au goût du jour cette route mythique, de manière à rendre le transport des marchandises vers l’Europe plus respectueux de l’environnement, tout en réduisant les délais de transport. «Il faut 41 jours pour faire transiter la marchandise par bateau, moitié moins par le train», précise François De Witte, directeur général de Decathlon France.
Le train aura ainsi parcouru 10 800 kilomètres sans arrêts. Il permet donc à l’entreprise nordiste d’afficher sa volonté de respecter l’environnement : le train-bloc permet de réduire les émissions de CO2 de l’ordre de 36%.

ACT'Studio

Rapidement, le train est déchargé et la marchandise, dédouanée directement sur Delta 3.

Une route d’autant plus importante pour le groupe nordiste que la Chine représente le 1er bassin de production en Asie (devant le Viêt-Nam, le Bangladesh et l’Inde), avec quatre usines en propre, environ 500 fournisseurs et quatre parcs logistiques.
Et François De Witte d’ajouter : «En 2018, nous affréterons un train-bloc par mois depuis la Chine. En parallèle, plus aucun produit vendu dans nos magasins ne fera l’objet d’un transport aérien.» Un pari ambitieux qui nécessitera de développer davantage les plates-formes logistiques.

ACT'Studio

L’opération a été rendue possible grâce à un partenariat entre Decathlon et ses deux partenaires Damco et Maersk Line.

Des enjeux

L’expérimentation menée par Decathlon n’aurait pas été possible sans les structures de la plate-forme multimodale de Delta 3. François De Witte s’est d’ailleurs «félicité d’avoir fait le bon choix en 2009», en décidant d’implanter un entrepôt logistique à Dourges, sur Delta 3.
La plate-forme permet en effet de relier la route au rail et à la voie fluviale, mais pas seulement : aujourd’hui, les trains qui arrivent depuis la Chine sont dédouanés directement sur place sans étape supplémentaire.
L’enjeu pour la plate-forme est donc de réussir à industrialiser ce service. «Notre objectif est de proposer une déserte par semaine.Pour cela, nous devons attirer de nouveaux clients», expose Xavier Perrin, directeur commercial de la plate-forme multimodale.

 

ACT'Studio

Une fois déchargée, la marchandise est stockée dans l’entrepôt continental de Decathlon Dourges, avant d’être dispatchée dans des entrepôts régionaux de moindre envergure.

Si entre Delta 3 et Decathlon, il y a des engagement pris et tenus, le terminal continue d’évoluer avec de nouvelles liaisons et de nouveaux défis à relever. La plate-forme dispose pour cela d’une réserve foncière de plus de 350 000 m2, de quoi répondre aux projets les plus exigeants.
En attendant, les équipes de Delta 3 sont mobilisées. «Nous venons d’accomplir ce matin un pas de géant, rien n’est jamais simple, mais les objectifs ont été tenus», se félicite Christophe Pilch, président de la plate-forme multimodale.
Quelques jours après Decathlon, le groupe Gefco a également fait arriver un train-bloc à Dourges. Ces deux initiatives exemplaires devraient créer une dynamique.