Débloquer le dossier de la navigation sur la Sambre

L’association “Réussir notre Sambre” a été lancée, fin juin, à l’occasion de l’opération “Hautmont belle île”. Objectif : rallier communes et intercommunalités riveraines et faire poids afin d’obtenir au plus vite le rétablissement de la navigation entre la Belgique et la région parisienne.

Pierre James, plaisancier basé à Mons, notamment président de l’association “Hautmont bateaux”.
Pierre James, plaisancier basé à Mons, notamment président de l’association “Hautmont bateaux”.
Daniel Devins, premier adjoint à Hautmont et vice-président à la CC Sambre Avesnois.

Daniel Devins, premier adjoint à Hautmont et vice-président à la CC Sambre Avesnois.

Du 22 au 24 juin, s’est déroulée dans le centreville d’Hautmont la 8e édition de la manifestation “Hautmont belle île”, une fête qui transforme le centre-ville en une sorte de parc d’attractions… A cette occasion, une petite soixantaine de bateaux de plaisance, belges, anglais, français, avaient fait une halte dans le centre-ville traversé par la Sambre, là où doit se créer un ambitieux port de plaisance à l’horizon 2014.

Daniel Devins, vice-président de la communauté de communes Sambre Avesnois (CCSA) en charge des finances, de l’urbanisme et du tourisme fluvial, et aussi premier adjoint à la ville d’Hautmont, est confiant. Pour lui, ce port (voir descriptif par ailleurs) se fera et les travaux devraient démarrer en fin d’année.

Circulation interrompue depuis 2006. Un port, c’est bien, encore faut-il que la Sambre retrouve son rôle de liaison fluviale entre la Belgique et la région parisienne. La navigation n’y est pas interdite mais, depuis mars 2006, à la suite d’une décision des Voies navigables de France (VNF) de fermer le pont-canal de Vadencourt, dans l’Aisne toute proche, les plaisanciers venus de Belgique s’engagent dans une impasse. Pour rejoindre l’Oise puis la région parisienne, ils doivent donc emprunter un autre chemin. Aujourd’hui, deux pontscanaux, jugés dangereux car vétustes, ont été fermés et interdits aux passages. Ces ouvrages d’art, proches de Guise, dont l’histoire commence au XIXe siècle, doivent être refaits : celui de Macquigny (pour 3 millions, estimation de 2008) et celui, donc, de Vadencourt (3,3 millions). Ces travaux et d’autres opérations de remise en état, pressentis pour être cofinancés par l’Etat, VNF et les collectivités locales, sont en attente.

Parler d’une seule voix. Les élus d’Hautmont, de la communauté de communes Sambre Avesnois et d’autres communes riveraines avaient choisi ce moment de fête, avec un port bien rempli, pour mettre à flot l’association “Réussir en Sambre”. But principal : fédérer toutes les communes et intercommunalités du Nord et de l’Aisne, “mouillées” par la voie d’eau, afin qu’elles parlent d’une même voix dans ce dossier de réouverture à la navigation de la Sambre.

En face d’elle, beaucoup d’interlocuteurs : VNF, l’Etat, un changement de majorité et donc des bouleversements dans les ministères, deux conseils régionaux, deux conseils généraux… L’association s’est fixé un objectif plus immédiat : faire en sorte que les conseils municipaux et intercommunalités concernés délibèrent au plus vite sur leur adhésion à l’association. Un bureau provisoire a été élu mais les promoteurs de l’association souhaitent qu’un bureau définitif soit en place en septembre. En parallèle, un cabinet d’avocatsconseils a été chargé d’affiner les statuts qui prévoient notamment des membres de droit (ceux qui ont la compétence fluviale) et des membres associés. Une date et un lieu ont été proposés pour une prochaine réunion : le 7 septembre à Etreux, dans l’Aisne.

Pierre James, plaisancier basé à Mons, notamment président de l’association “Hautmont bateaux”.

Pierre James, plaisancier basé à Mons, notamment président de l’association “Hautmont bateaux”.

La dernière édition de “Hautmont belle île” a donné l’occasion de refaire parler de ce projet de port de plaisance très ambitieux et du dossier Sambre.

La dernière édition de “Hautmont belle île” a donné l’occasion de refaire parler de ce projet de port de plaisance très ambitieux et du dossier Sambre.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Problème de décentralisation à régler. Daniel Devins explique que le dossier “navigation sur la Sambre” comprend deux volets. Celui des travaux et des cofinancements qui, pour lui, est réglé. “Rien ne les empêche aujourd’hui. L’enveloppe financière est prête, entre 8 et 9 millions de travaux à réaliser, et le principe de ces travaux est acquis”, résume-t-il. En revanche, là où ça coince c’est dans le volet décentralisation. Et à l’écouter, le contexte politico-administratif du dossier n’est pas simple : avant les élections, il y avait notamment un débat entre l’Etat, qui souhaitait la décentralisation, et les assemblées départementales et régionales qui n’en voulaient pas, du moins pas à n’importe quels prix et conditions. Pour la future gestion de la voie d’eau, une fois les travaux réalisés, la mise en place d’un syndicat mixte a été évoquée. Reste à déterminer les compétences et charges des uns et des autres…

La Sambre peut bien sûr retrouver sa vocation dans le tourisme fluvial mais son “petit gabarit” peut aussi lui rendre une utilité dans le transport de certaines marchandises au moyen de barges.

La Sambre peut bien sûr retrouver sa vocation dans le tourisme fluvial mais son “petit gabarit” peut aussi lui rendre une utilité dans le transport de certaines marchandises au moyen de barges.

Expérience de fret en septembre. La Sambre pourrait renouer avec la plaisance mais aussi avec le transport de marchandises, Hautmont pouvant même constituer une plateforme logistique. Un projet européen baptisé “Watertruck” (www.watertruck.eu), dont la CCSA est partenaire, étudie ainsi l’éventualité d’une circulation de bateaux pousseurs et de barges (préférées aux péniches classiques) sur ce canal à petit gabarit, comme sur d’autres canaux européens.

Une expérience test est prévue en septembre : 500 tonnes de calcaire vont être convoyées de Langelies en Belgique, à Boussois (pour l’usine de verre appartenant à AGC Glass Europe). Daniel Devins croit beaucoup à la dimension commerciale de la Sambre.