De nouveaux développements en perspective
Le parc d’activité de Phalempin s’enrichit d’un nouveau pensionnaire et pas n’importe lequel : le leader français de la vaisselle à usage unique décorée. Grâce à son actionnaire Windhurst industries qui a permis ce premier investissement de 3 M€, Tifany active toute une série de projets, dont l’export revu à la hausse.
Depuis 1973, Tifany industries s’était ancré à Villeneuved’Ascq sur un site devenu au fil
des ans trop grand avec trop de bâtiments, générant des coûts auquel il fallait mettre un terme. Après deux longues années de recherche à partir de 2008, rendues difficiles par les contraintes réglementaires à observer au titre des ICPE (protection de l’environnement) et un certain manque de foncier adéquat, Tifany s’installe début juillet sur 10 000 m2 rendus libres par un grand du pneumatique, trop à l’étroit, lui… A l’inverse, Benjamin Debris, nouveau président de Tifany industries, et Cédric Auplat, directeur général délégué de la nouvelle usine, veulent concentrer l’activité production et impression en un même lieu. Avec un CA global prévisionnel, national et international, de 20 M€ (15 M€ en 2011), le groupe très fortement soutenu par Windhurst industries1 depuis 2007 va pouvoir se consacrer uniquement à actionner toute une série de projets.
Un groupe synonyme de puissance. Avec 10 000 m2 couverts et une situation géographique idéale, Tifany met aussi l’entreprise à une distance raisonnable de leur domicile ses 95 collaborateurs, 25 à 30 km grand maximum. Le nouveau site ne devait, en effet, pas être trop éloigné de l’ancien, il est à 17 km. Le groupe a donc maintenant un double objectif : maintenir et accentuer sa place de leader et se développer sur de nouveaux marchés.
Sur le marché national, il est le spécialiste de l’impression depuis 1900. Mais ce premier métier en a entraîné d’autres bien entendu et, actuellement, Tifany industries couvre l’ensemble du process, depuis la conception jusqu’à la distribution de vaisselle à usage unique décorée, en passant par la fabrication. Mais il est aussi présent dans l’emballage alimentaire et non alimentaire. La nouvelle unité va permettre d’atteindre des chiffres annuels impressionnants en production : 196 millions de serviettes, soit 67 400 km ce qui fait une fois et demi le tour de la Terre, 120 millions d’assiettes qui, si on les empilait, représenterait 220 fois la hauteur de la tour Eiffel, 1 million de gobelets et 5 800 km de nappes, c’est-àdire la distance de Paris à New- York. Le tout distribué dans près de 2 000 points de vente en France. De plus, Tifany fabrique sous sa marque mais aussi sous celle des distributeurs. L’usine de Phalempin, dénuée contrairement à la précédente de ruptures de charges, autorise une amélioration notable de la productivité via une gestion rationalisée des flux. Conséquence immédiate : Cédric Auplat, DG délégué, doit dynamiser cette unité et, en liaison avec une nouvelle directrice commerciale, Francine Letessier, assurer le pilotage du développement “produits”. L’investissement aura été, pour ce faire, de 3 M€, destinés surtout à accélérer cette capacité à innover.
Les modes en constant point de mire. Qui dit innovation, dit bureau d’études. Chez Tifany, le BE est l’unité centrale, le centre nerveux de la croissance, il est essentiellement constitué de designers extérieurs dont les propositions de produits et coloris sont à chaque fois étudiées et validées par le service marketing puis la direction. “Nous sommes comme dans la mode vestimentaire, explique
Benjamin Debris, à l’écoute des tendances. Ces informations remontent jusqu’à nous, nous voyons l’évolution des marchés et cela va très vite. Nous devons présenter deux collections par an, en été et hiver, comportant chacune 25 nouveautés en plus de nos produits plus classiques mais qui plaisent toujours autant, par exemple ‘Butterfly’. C’est exactement comparable au rythme de la mode des grands couturiers. Et en plus nous devons respecter des gammes, une florale, une enfant et une, disons ‘urbaine’.” Cette ingénierie est une force constamment mise à disposition de l’industriel, elle s’active un an avant la présentation à la profession. A l’occasion de l’inauguration de l’usine de Phalempin, Tifany a présenté un nouveau produit – les nappes “Soft” en intissé ultra-résistant, doux et de très belle facture “textile” – pour la première fois présent dans les rayons des grandes surfaces qui demeurent le principal débouché. Pour Benjamin Debris, cette innovation s’inspire d’une volonté de complémentarité. Pas question que toute la production passe au “Soft” car la demande est diverse et elle doit le rester : “nous sommes d’abord des industriels, ne l’oublions pas” sourit Benjamin Debris.
D’autres objectifs de prix et de débouchés en vue. Sur les épaules de l’usine phalempinoise, de son personnel et de son DG délégué, pèsent aussi d’autres charges liées aux “40% de capacités supplémentaires” exprimées par le président. “Répondre à une demande plus large de la part du client, du premier prix jusqu’au haut de gamme” figure d’ailleurs clairement dans les intentions. Or, Tifany industries s’adresse traditionnellement à un marché qui accepte le prix de la qualité parce qu’il la veut absolument. Avec 500 références, dont 60% de nouveautés, le groupe veut élargir sa base et donc en passer par une politique de prix plus “élastique”, tournée aussi vers le low cost en passant par l’uni tout simple, mais en privilégiant comme toujours le décoré, plus onéreux. “Les segments du marché autorisent ces différents produits, explique le président. Le marché est mature, il consomme beaucoup, y compris du bon marché, et sa progression est lente – pas plus de 2 à 3%. Le fait que 80% se font en grande distribution explique aussi cela, la part de l’export étant de 15% aujourd’hui.”
Innover ! Tifany industries a intégré le pôle de compétitivité Maud en janvier 2012. Il a aussi obtenu la norme Iso 9001, car le développement durable est là, bien présent. La station de colorimétrie pour la décoration et la fabrication des encres et nuances, etc. a demandé un investissement de 150 000 €. Les encres sont aqueuses, la démarche en R&D consiste à trouver maintenant de nouvelles matières premières pour l’emballage et les produits Tifany, issues des forêts gérées durablement avec valorisation des rebuts de fabrication (objectif zéro déchet). “Maud nous permettra aussi d’avancer sur d’autres terrains, explique le président Debris. On pense par exemple au gobelet personnalisé, au B to B. Bref, le pôle nous accompagne un an, ensuite nous devons chercher des solutions, à structurer avec des partenaires. Mais innover a toujours été dans nos métiers de base, on sait faire, c’est une émulation en interne. Nos ambitions sont fortes, à la lumière de la réflexion que nous avons menée dans tous les domaines à l’occasion de ce changement de siège !”
1. Windhurst industries est un groupe familial français présidé par François-Denis Poitrinal. En 2011, le FSI de la Caisse des dépôts est entré au capital de Windhurst qui réunit dès lors les pôles Hauserman industries (Clestra et Dagard) et Table top avenir (Tifany industries et Table top diffusion) ainsi que le groupe Parisot. Ainsi sont approchées les activités de l’aménagement des espaces de travail, de l’habitat mobilier, de la décoration intérieure et des arts de la table. Windhurst, premier groupe européen d’aménagement intérieur dans les univers professionnels, industriel et résidentiel, emploie 4 300 personnes dans 35 pays (dont 2 800 sur 8 sites de production en France), générant un CA de 550 M€.