De l’assiette à la terre
Abotech fabrique et commercialise un digesteur pour transformer les déchets alimentaires. Cette diversification d’activité s’avère bénéfique pour cette PME industrielle de Saône-et-Loire.
Une poudre aux vertus fertilisantes issue des déchets alimentaires, tel est le résultat obtenu par le digesteur fabriqué par Abotech à Trambly. L’entreprise créée en 2005 s’est spécialisée dans deux activités : la chaudronnerie industrielle et la réalisation de machines spéciales. « Nous réalisons des machines pour le convoyage de blocs bétons ou encore des enrouleurs pour barrage destinés à la marine » explique Bernard Duforeau, fondateur de l’entreprise. Contacté par un client qui, après la liquidation judiciaire de son fournisseur, cherchait à trouver un nouveau partenaire pour concevoir un digesteur à partir d’un prototype existant, il a fabriqué le digesteur. « Nous avons travaillé deux ans sur ce projet, y voyant une opportunité de diversifier notre activité. » Depuis, une dizaine de machines sont sorties des 3 000 mètres carrés d’atelier de la PME aux 16 salariés.
Pour les pros de la restauration
En réduisant le volume de déchets de 90% grâce à la transformation en poudre, le digesteur d’Abotech contribue à réduire les coûts de déchetterie des professionnels de la restauration. « La demande est croissante de la part des opérateurs de l’alimentaire. » Restaurants scolaires, fast-foods mais aussi supermarchés et hypermarchés sont concernés. « Tous les aliments ne peuvent pas être distribués aux associations, donc il reste des déchets alimentaires. » Bernard Duforeau négocie avec une enseigne de la grande distribution pour équiper plusieurs magasins du groupe d’un digesteur capable de décomposer jusqu’à 100 kilos de nourriture par jour. « La machine comprend un lit de bactéries qui dégrade le produit en étant associé à un système de chauffe de la cuve et un procédé de malaxation. » Le coût du digesteur varie de 10 000 à 30 000 €, en fonction du poids qu’il peut transformer, de 10 à 100 kilos par jour.
Une multitude de projets
La poudre résultant de l’opération devient un engrais, un produit final que l’entreprise souhaite valoriser. « On cherche à récupérer ces digestats pour les réutiliser. Pour ça, on envisage un système de collecte généralisée. » Confortant le dirigeant dans son idée, une école utilise déjà la poudre alimentaire pour fertiliser sa serre. Devant l’intérêt grandissant pour son digesteur, Abotech envisage de mettre en place un centre d’usinage pour intégrer la réalisation des pièces mécaniques en interne. Bernard Duforeau prévoit aussi de construire un nouveau bâtiment de 400 mètres carrés dédié au montage du digesteur afin de sectoriser les flux. Cette machine et la robotisation lui ont permis de recruter à des postes peu qualifiés quand l’entreprise faisait face à des difficultés de recrutement pour ses postes de chaudronnier ou mécanicien soudeur. Abotech (1.7 million d’euros de chiffre d’affaires) ne s’arrête pas là. « Nous travaillons sur d’autres diversifications telles qu’un projet de réservoir hydraulique. »
Pour Aletheia Press, Nadège Hubert