De l’or dans nos poubelles…

Facile à mettre en place et à instaurer dans la vie quotidienne, le tri sélectif est le premier geste environnemental des Français. Dans la région, les habitants sont de bons élèves avec 58 kg d’emballages triés par habitant et par an. Le point avec Catherine Le Pober, directrice régionale Nord d’Eco-emballages.

Le tri, un geste simple et qui crée de l'emploi.
Le tri, un geste simple et qui crée de l'emploi.

Comment cela fonctionne ? Premier éco-organisme de France né en 1992, Eco-emballages fait partie de la responsabilité du producteur qui doit fournir au consommateur la possibilité de donner une seconde vie au produit. Entreprise privée1 agréée par l’Etat, la mission d’Eco-emballages s’inscrit dans une démarche d’intérêt général au bénéfice du consommateur citoyen. Le symbole de la flèche verte ne vous est pas inconnu ? Présent sur 95 milliards d’emballages, le «Point vert» souffre pourtant d’une méconnaissance : beaucoup pensent qu’il signifie que l’emballage est recyclable ! Pourtant, il montre que l’entreprise cotise au recyclage des déchets en payant une taxe à Eco-emballages ; 630 millions d’euros ont ainsi été collectés en 2012, redistribués ensuite aux collectivités, têtes de file du recyclage. L’objectif à atteindre demain : 75% de recyclage (contre 67% aujourd’hui), par tous les acteurs, qu’ils soient entreprises, collectivités, associations ou filières de recyclage. «Lille et Dunkerque avaient déjà démarré la collecte sélective dès 1989. Les élus avaient compris dès le début», avance Catherine Le Pober. Une avance qui explique les bons résultats constatés en région, placée au 5e rang national : 233 117 tonnes d’emballages ménagers triés (+ 0,77% par rapport à 2011), soit 24 602 tonnes de plastique, 10 651 tonnes d’acier, 42 386 tonnes de papiers/cartons, 154 961 tonnes de bouteilles/bocaux en verre. Et 59 collectivités, regroupant 1 534 communes, se sont engagées dans la démarche, recevant 46,65 millions d’euros (+ 3,87% par rapport à 2011). Avec une légère disparité entre le Nord et le Pas-de-Calais : plus urbanisé, le Nord est légèrement en retard, le tri étant souvent plus compliqué à mettre en place en ville qu’à la campagne. Rues étroites, copropriétés, centres-villes historiques… les camions ont parfois du mal à se frayer un chemin !

 

©Eco-Emballages-William Alix - Sipa Press

Le tri, un geste simple et qui crée de l'emploi.

Un tri encore fragile. «Il y a beaucoup d’intérêt au tri sélectif : économique, écologique et social. Le tri crée de l’emploi non délocalisable. En France, cela concerne 28 000 emplois directs et 120 000 indirects. C’est une boucle fermée : le verre refait du verre ; le plastique, du plastique…», explique Catherine Le Pober. Même s’il faut mobiliser au quotidien, le tri est un geste simple qui vaut le coup et qui peut rapporter gros, notamment pour les industriels. «Les industries sont friandes des matières premières secondaires qui coûtent moins  cher que les matières vierges. On a de l’or dans nos poubelles !», poursuit la directrice régionale. La loi Grenelle prévoyait  une baisse de 100 000 tonnes d’emballages par les industriels entre 2007 et 2012, l’objectif est atteint ! La Roche-Posay a par exemple allégé le tube de sa crème Lipikar, passant ainsi de 26,4 à 15,6 grammes (soit – 40%). Ou encore la marque Loc Maria, propriétaire des marques Gavottes qui a intégré du PET recyclé (polyethylene terephtalate, plastique de polyester saturé) dans ses barquettes transparentes de crêpes dentelles Gavots ou qui a réduit l’épaisseur des films plastique. Invisibles aux yeux des consommateurs, ces petits gestes contribuent de manière significative à améliorer l’environnement. Car, depuis dix ans, le taux de recyclage ne progresse plus assez vite : seulement 1% par an. Cette stagnation en tonnage est observée malgré l’augmentation du soutien aux collectivités locales. Les coûts de collecte sélective restent trop élevés et disparates selon les collectivités : de 44 à 163 €/tonne pour le verre par exemple. Fréquence de collecte, rationalisation des centres de tri… aucune collectivité n’est au même état d’avancement. Il faut donc toujours continuer de mobiliser les acteurs  économiques et les habitants. Un travail de longue haleine mais auquel il ne faut surtout pas renoncer.

  1. Détenue à 70,4% par la société Ecopar, à 20% par la société InterEmballage et à 9,6% par les entreprises de la distribution.