De l’Escaut aux phosphates...
Faire de l’eau un facteur de développement. Cette problématique, récurrente dans l’Audomarois, a été une nouvelle fois abordée lors du forum dédié au précieux liquide, qui s’est déroulé en marge de l’Open Golf de Saint- Omer, le 14 juin dernier. Avec des cas nouveaux, des expériences innovantes à partager avec des acteurs du conseil, de la recherche et de l’entreprise.
Exemple transfrontalier à Valenciennes : l’association Escaut vivant, qui se définit comme “multipartenariale d’information et de concertation tranfrontalière”, regroupe des acteurs ayant intérêt au “développement soutenable” de l’Escaut. Cette initiative du Conseil régional et de la section régionale de France nature s’est transfrontalisée avec la Commission internationale de l’Escaut (sise à Anvers). Son objet vise à instaurer un développement durable et cohérent des activités économiques, de promouvoir la biodiversité, d’assurer la protection, la restauration et la préservation du bassin versant et du réseau hydrographique de l’Escaut. Compétent en France, en Belgique et aux Pays-Bas, Escaut vivant espère en la signature d’un contrat transfrontalier. Cet exemple démontre l’implication de tous les acteurs de ce territoire, se désignant coresponsables de la ressource : collectivités territoriales, associations de défense de l’environnement, chercheurs, partenaires économiques, simples citoyens réunis dans une “gestion participative” du fleuve. Les principes sont originaux. Loin de tout clivage idéologique sur la question environnementale, les promoteurs de ce réseau affichent en effet leurs limites : “pas de lobbying ni de militantisme”. En outre, elle ne concentre aucun pouvoir de décision mais se tient comme une force de propositions.
Récupération des phosphates et de l’azote. Le terme soutenable au lieu de celui de durable dénote d’une posture : il ne semble pas être question pour les acteurs de ces problématiques de suivre une définition plaçant l’environnement dans une dimension sacrée. Par soutenable, les adeptes de cette concertation entendent raccrocher la question environnementale aux capacités des sociétés à l’accepter sans mettre à bas le niveau de ressources nécessaires pour les besoins de ces sociétés… Le forum a également été l’occasion de découvrir une innovation pour le traitement des phosphates. Ces derniers ne font pas les titres des actualités environnementales comme les hydrocarbures. Et pourtant… “Contrairement au pétrole, le phosphate n’a pas de substitut connu et la régulation de la filière au niveau international est quasi nulle”, a plaidé Carl Dewaele, membre de l’entreprise NuReSys (Nutrient Recovery Systems). Cette société belge développe des technologies qui permettent la récupération des nutriments des eaux usés : phosphates, azote… Le phosphate est cristallisé sous forme de struvite, une technique qui permet d’arriver à un produit cristallin pouvant servir d’engrais sans avoir à être traité. NuReSys place son périmètre d’intervention dans le traitement des eaux de rejet de la méthanisation des surplus de boues. Les avantages de cette récupération sont divers. En premier lieu, le système permet d’éviter les incrustations et les obturations des pompes et de la tuyauterie (par les fameuses croûtes blanches qui s’y agglomèrent). Cela permet par conséquent d’économiser une partie de l’entretien et cette récupération n’engendre pas de coût d’exploitation selon l’entreprise. Enfin, NuReSys plaide pour une économie de retraitement global des phosphates au vu d’un épuisement programmé d’ici deux siècles. Le procédé a été mis au point par l’entreprise Akwadok, détentrice des brevets européens. Le procédé repose sur trois paramètres : forme des réacteurs, algorithme de dosage des produits et des points d’addiction, et algorithme de pilotage des systèmes de mélanges. Les résultats sont au rendez-vous : 85% des phosphates peuvent être récupérés. Pour 1 kg de phosphates, on amasse aussi un demi-kilo d’azote… à réintégrer ensuite dans la chaîne économique.