De l’Audomarois au Bénin
L’Audomarois a accueilli le mois dernier, sur le campus universitaire de Longuenesse, une journée thématique sur le thème de “la cartographie et la coopération internationale”. Organisée par l’Agence d’urbanisme et de développement (AUD) du territoire, ce colloque a mis en exergue certaines problématiques qui se posent dans les pays en voie de développement. Compte-rendu.
“Cette conférence est placée sous le signe du partage. Il s’agit de valoriser les savoirfaire et accompagner les territoires confrontés à des défis majeurs.” L’Afrique en connaît un surtout : sa population urbaine va tripler dans les 40 ans. Pour anticiper et aménager au mieux les espaces urbains, la Caso a souhaité prendre sa part à travers quelques cibles. En effet, depuis trois ans, via l’Agence de l’urbanisme et du développement (AUD), la Caso travaille avec des communes du Bénin sur la gestion des points d’eau. “Ce n’est pas un simple transfert de compétences. Nos agents sont interrogés par ces nouvelles pratiques. C’est une coopération basée sur la réciprocité”, a précisé Joël Duquesnoy.
Croissance urbaine. Gilles Antier, directeur des relations internationales à l’Institut d’aménagement et d’urbanisme d’Ile-de-France, est intervenu sur les enjeux et les défis des métropoles en 2011. Si la croissance urbaine a été extrêmement forte ces dernières décennies, “elle ralentit à l’horizon 2025”. Le rythme est actuellement de 2% par an, “mais cette croissance est six fois plus forte dans les pays en voie de développement que dans les pays de l’OCDE”, a-t-il souligné. Le développement des mégapoles s’inscrit dans celui des pays du Sud et se réalise sur deux niveaux : en largeur et en hauteur. “Le problème est qu’on ne sait pas toujours où s’arrête la ville m’ont confessé de nombreux responsables des pays du Sud… L’étalement et la densité mènent à l’exclusion”, a raconté le chercheur. Pour faire face à ces phénomènes, Gilles Antier pointe quatre enjeux globaux des stratégies urbaines : climatiques, démographiques, énergétiques et économiques. L’agrandissement des villes côtières multiplie certains risques avec la montée des eaux littorales en Asie. “Il y a une notion d’enchaînement des risques.”
La carte, pont linguistique et facteur de recette fiscale. Quant à l’énergie, “plus il y a urbanisation, plus il y a motorisation”. Si en Europe, nous avons des réponses en termes de planification, le problème des pays en voie de développement réside dans la fiabilité de l’information. Peu ou pas de cadastres, peu ou pas de titres de propriété, peu ou pas de réseaux efficients… Autant de données manquantes qui favorisent l’anarchie urbaine. “Cela nous conduit à construire une méthodologie de l’incertitude”, a résumé Gilles Antier. Cette incertitude peut être comblée par des savoir-faire et c’est le sens des échanges qu’entretient l’Audomarois avec certains territoires en Afrique. L’exemple de la province de Couffo au Bénin est édifiant. D’une superficie de 1 600 km² et comprenant 77 communes, ce pays compte 8 millions d’habitants. La province de Couffo est l’union de trois communes et de trois intercommunalités. Les 300 000 habitants bénéficient aujourd’hui d’un système d’information géographique (SIG) qui aide aux décisions quant à la gestion de l’eau. La carte traverse la barrière linguistique, elle spatialise les enjeux… et améliore les recettes fiscales. A Couffo, la mise en place des collectivités date de 2003 ; le territoire ne compte qu’1 à 3% de titres de propriété. Le registre urbain est en cours de construction et permettra de mieux connaître l’occupation des sols et de mieux gérer les équipements communaux.