De l’artisanat industriel… ou l’inverse

La PME du Valenciennois fabrique des briques traditionnelles au moyen d’un four Hoffmann qui fonctionne toujours au charbon, comme en 1904. C’est vraiment du travail «à l’ancienne».

A l’arrière-plan, le bâtiment du four Hoffmann. Pierre Goethals, cogérant, 62 ans, et Pierrick Beune, commercial, 22 ans, actuellement en alternance dans un BTS « négociation et relation client », à Tertia 3000. Le jeune homme ne cache pas que l’expérience est, pour lui, passionnante.
A l’arrière-plan, le bâtiment du four Hoffmann. Pierre Goethals, cogérant, 62 ans, et Pierrick Beune, commercial, 22 ans, actuellement en alternance dans un BTS « négociation et relation client », à Tertia 3000. Le jeune homme ne cache pas que l’expérience est, pour lui, passionnante.

Les pavés du chemin d’accès et la cheminée en brique, cerclée de fer, que l’on aperçoit de loin, semblent préparer à un voyage dans le temps. Et c’est vraiment le cas : la briqueterie Chimot a, en effet, conservé un outil de travail, un savoir-faire et une méthode qui remontent à 1904. Un vrai décor de film sur l’histoire industrielle du Nord. Ici, le numérique n’a pas sa place et les briques, fabriquées à partir d’une terre argileuse locale, sont toujours cuites dans un grand four Hoffmann fonctionnant au charbon. Ces fours ont été inventés en 1858 ! «Dans le Nord–Pas-de-Calais, explique Pierre Goethals, cogérant, il n’y a plus que deux entreprises comme la nôtre : Lamour à Waziers et nous, ici, à Marly.»

 

“Entreprise du patrimoine vivant”

Pierre Goethals a repris, sauvé de la disparition et relancé l’activité à partir de 1985. La famille Chimot est toujours propriétaire et, dans son précédent métier, il lui vendait le charbon nécessaire à l’activité. Aujourd’hui, Pierre Goethals, 62 ans, gère la SARL avec son épouse Joëlle. Ils sont à la tête d’une entreprise devenue rare, qui emploie 22 salariés et occupe 1,5 hectare.

De l’histoire des Briqueteries Chimot (les appellations avec ou sans “s” cohabitent),

A l’arrière-plan, le bâtiment du four Hoffmann. Pierre Goethals, cogérant, 62 ans, et Pierrick Beune, commercial, 22 ans, actuellement en alternance.

il connaît quelques bribes : «Au moment de la Révolution française, la famille était déjà dans la construction de maisons. Quant à l’entreprise et son four, ils ont été créés au début du XXe siècle, pour l’édification de l’église Saint-Michel de Valenciennes. On dit que celle-ci a nécessité 4,2 millions de briques…»

Quatre millions, c’est à peu près le nombre de briques fabriquées chaque année aujourd’hui. Et on n’est pas étonné d’apprendre que la briqueterie a reçu le label ministériel «Entreprise du patrimoine vivant». «Nous sommes une PME industrielle et artisanale, ou l’inverse…» La briqueterie a travaillé pour des chantiers à caractère historique : le fort Vauban à Arras et le Familistère à Guise.

 

Une niche dans la rénovation

Cette méthode de fabrication à l’ancienne permet à l’entreprise d’occuper, avec son «four-musée», une sorte de niche économique. «Notre marché, c’est à 80% de la rénovation, essentiellement dans la construction individuelle. On rayonne sur les Hauts-de-France, le nord de Paris, la Normandie et la Belgique où l’on réalise 20% de notre chiffre d’affaires (1,7 million en tout). Nos interlocuteurs directs sont des négociants en matériaux, mais nous avons des contacts avec des maçons, des architectes, des particuliers, toujours séduits par la brique rouge traditionnelle du Nord.»

Ce n’est pas la première fois que la briqueterie Chimot participe au salon Nordbat de Lille. «C’est un beau salon régional, le seul auquel on participe d’ailleurs. C’est pour nous faire connaître et prospecter. On y rencontre 90% de nos clients et tous les briquetiers, surtout belges et français, y sont.»