Edito

De 1924 à 2024...

À partir du 1er septembre, de nouvelles dispositions relatives aux demandes et à la délivrance des autorisations de travail d’un travailleur immigré entreront en vigueur, découlant de la loi immigration du 26 janvier dernier.

De 1924 à 2024...

Immigration : voilà un mot qui cristallise bien des débats, rarement apaisés et souvent hystérisés, dans notre société. Revenons 100 ans en arrière. 1924 avait vu Paris accueillir les Jeux olympiques. Cette même année naquit la Société générale d’immigration - une filiale du Comité central des Houillères de France -. Ceci pour organiser le recrutement d’ouvriers polonais dont les secteurs agricoles et industriels français avaient besoin pour pallier la main-d’œuvre manquante dans notre pays, démarche initiée de façon chaotique dès 1919. Ils travaillèrent bientôt dans le bassin charbonnier lorrain. Les mines ont attiré les Polonais à Forbach, Sarreguemines, Longwy. Des «petites Pologne» se constituent alors à Saint-Avold, Petite-Rosselle. L’immigration italienne représenta le second réservoir de main-d’œuvre étrangère pour la France, pour des raisons identiques à l’immigration polonaise. Les décennies suivantes virent arriver une immigration de la péninsule ibérique, du Portugal, d’Afrique du Nord, de Turquie. La Lorraine est un témoin privilégié de cette immigration du travail. Historiquement sous-peuplée, elle va à partir du grand développement de l’industrie de la fin du XIXe siècle, être l’une des régions, en France et en Europe, qui va attirer le plus de populations étrangères. Mines, construction et sidérurgie : à ces secteurs traditionnels viendront s’ajouter des usines pour fabriquer des biens de consommation après les années 50. En 2024, parmi les 87 familles d’activités professionnelles répertoriées par la Dares, plus d’un tiers emploie une proportion d’immigrés supérieure à la moyenne : employés de maison, agents de gardiennage et de sécurité, ouvriers du BTP et des travaux publics, cuisiniers, employés de l’hôtellerie et de la restauration, agents d’entretien… Causes : la pénibilité du travail et la tension sur le recrutement. L’immigration du travail fait partie de notre paysage économique à part entière. Aujourd’hui comme hier.