Darmanin poursuit son offensive et irrite au sein de la majorité

Victoire "assez probable" de Marine Le Pen en 2027, ode aux "classes populaires" et à l'Insoumis François Ruffin: Gérald Darmanin poursuit son offensive, en prélude à sa rentrée politique dimanche à Tourcoing (Nord), et provoque...

Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin à Nîmes, dans le Gard, le 25 août 2023 © NICOLAS TUCAT
Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin à Nîmes, dans le Gard, le 25 août 2023 © NICOLAS TUCAT

Victoire "assez probable" de Marine Le Pen en 2027, ode aux "classes populaires" et à l'Insoumis François Ruffin: Gérald Darmanin poursuit son offensive, en prélude à sa rentrée politique dimanche à Tourcoing (Nord), et provoque des remous au sein de la majorité.

Vendredi, le ministre de l'Intérieur s'est rendu à Nîmes. Deux jours après la mort d'un garçon de 10 ans, victime collatérale de la guerre entre trafiquants de stupéfiants, un adolescent de 18 ans a été abattu jeudi sur un point de deal. Deux unités de CRS déployées, le Raid sollicité: il faut "rétablir l'ordre public, ce qui est le cas", a expliqué M. Darmanin sur RTL.

L'actualité sécuritaire n'empêche pas le locataire de la Place Beauvau de poursuivre son offensive politique. Mi-août, M. Darmanin avait ouvertement témoigné de son intérêt pour la présidentielle de 2027 et distribué les critiques à l'endroit de la majorité, accusée de ne pas assez écouter les "classes populaires". Jeudi soir, le ministre a passé une nouvelle couche dans les colonnes de La Voix du Nord.

"Le fait est que dans cinq ans, une victoire de Madame Le Pen est assez probable. Face à cela, il ne nous faudra qu'une ou un candidat. Et que nous ne nous fondions pas seulement sur les gagnants de la mondialisation et les élus des centres-villes, car ça ne fait pas 51% des voix", insiste le ministre.

Des sorties qui agacent au sein de la majorité. "2027, c'est bien loin", avait déjà rétorqué mercredi la Première ministre Élisabeth Borne. "Les idées doivent passer avant les égos", lance vendredi dans Le Parisien le secrétaire général du parti présidentiel Renaissance, Stéphane Séjourné.

Cinglante réplique de l'intéressé dans le même journal envers cet ancien collaborateur d'Emmanuel Macron, président de groupe au Parlement européen: "Je n'ai hérité d'aucune ville, d'aucune circonscription, je ne suis pas élu sur une liste à la proportionnelle. Je suis, c'est vrai, différent: d'origine modeste et issu de l'immigration, cela gêne peut-être".

"Ouvrir un front intérieur dans la majorité, c'est la plus mauvaise des choses que l'on pouvait faire", regrette un important dirigeant du camp présidentiel, qui s'agace de "la constitution d'un courant sarkozyste au sein de la majorité".

Borne "bien sûr invitée

Dimanche, à Tourcoing, Gérald Darmanin entend démontrer l'étendue de ses soutiens. Avant sa prise de parole finale, trois thèmes seront abordés: travail, écologie et sécurité.

Le ministre annonce la présence d'"une centaine de parlementaires". De la majorité, dont Laurent Marcangeli, le patron des députés Horizons, le parti d’Édouard Philippe, mais aussi quelques élus Les Républicains. Voire du groupe Liot, qui a déposé des motions de censure contre le gouvernement, mais que le ministre compte chouchouter en se rendant à ses journées parlementaires début septembre en Guadeloupe.

Une petite dizaine de ministres devrait également faire le déplacement. Quant à Élisabeth Borne, "je l'ai bien sûr invitée", a assuré M. Darmanin vendredi. Mais pour l'heure, la présence de la Première ministre n'est pas d'actualité.

Comme Nicolas Sarkozy, qui lui apporte un soutien appuyé pour l’Élysée dans son dernier livre, Gérald Darmanin entend donc séduire les classes populaires. Et l'élu du Nord de citer l'Insoumis François Ruffin, qui insiste régulièrement sur les questions sociale et sécuritaire pour l'électorat de gauche.

Mais le député de la Somme n'entend pas se laisser enrôler. Une possible victoire de Mme Le Pen en 2027, "grâce à qui ? Dix ans de Macron-Darmanin-Philippe-Le Maire. Quand Macron promettait en 2017 qu'il n'y aurait plus +aucune raison de voter pour les extrêmes+ à la fin de son mandat. Quand le problème se présente comme la solution", a posté François Ruffin sur X (ex-Twitter).

Également invoqué par le ministre de l'Intérieur, le leader communiste Fabien Roussel, élu du Nord comme lui, juge M. Darmanin "disqualifié pour parler aux classes populaires". Pour le socialiste Olivier Faure, il tient un discours "en totale contradiction" avec l'action menée depuis six ans par Emmanuel Macron: "privilégier les classes très supérieures". Et Jean-Luc Mélenchon a désigné le ministre de l'Intérieur comme le principal adversaire au sein du camp présidentiel, un "candidat commun" assurant "la jonction de la droite avec l'extrême droite."

33TJ3WF