Dans les coulisses du leader de la corsetterie
Depuis son arrivée dans le monde de la lingerie au début du XXe siècle, Etam s’est ensuite lancée dans le prêt-à-porter pour devenir le leader français de la lingerie, avec 10% des parts de marché. Historiquement installée à Mouvaux, l’entité régionale a inauguré un «Tech Center», le 23 mars dernier, à Marcq-en-Barœul.
De la livraison en tissus à la création du modèle, en passant par son essayage et la livraison en magasin, le Tech Center d’Etam concentre sur ses 1 900 m2 tout le savoir-faire de la marque. Du croquis à la réalité, les petites culottes, soutiens-gorge et autres maillots de bain imaginés par les 25 stylistes de la marque passent ensuite par les modélistes et les mains minutieuses des vingt couturières. Installée à Mouvaux depuis presque cent ans, Etam a quitté des locaux trop vétustes et peu fonctionnels pour un lieu inondé de lumière et entouré de verdure, au Château-Blanc à Marcq-en-Barœul, à quelques kilomètres seulement de son ancien site où demeure une activité de stockage. «Le bâtiment ne correspondait plus à l’évolution de nos métiers. Ici les équipes sont proches : modélistes, approvisionnement, bureau de méthode, atelier…» détaille Marie Schott, directrice générale d’Etam. Locataire de cet espace qui appartient au groupe Holder, Etam a investi dans les 100 000 euros (hors aménagement) pour ce Tech Center.
Avec un million de pièces fabriquées chaque année, Etam se fournit en tissus en Europe – principalement en Italie pour les maillots de bain – et en Asie, et produit ses accessoires en Afrique du Nord. Sans pour autant oublier l’économie régionale : le numéro un de la lingerie en France fait partie des entreprises choisies par le tribunal de commerce de Boulogne-sur-Mer (avec les fabricants de dessous Van de Velde et La Perla, l’industriel sri lankais MAS et la Société Dentelle Calais Noyon, créée par des cadres de la PME, ndlr) pour sauver la PME calaisienne Lucien Noyon. Les dentelles des pièces d’Etam proviennent donc de l’entité sri lankaise de l’usine de Calais. «Nous avons un vrai savoir-faire sur la dentelle. Soit nous créons des dentelles ou bien nous achetons l’imprimé», poursuit Marie Schott. Le travail conjoint des équipes consiste surtout à imaginer des dessous chics, travaillés et de bonne qualité, mais à des prix très abordables. «Ici on rêve beaucoup ! Mais pour rester abordables, les matières sont optimisées, les produits proposés sont certes des coups de cœur, mais les clientes ne doivent pas casser leur tirelire.»
De l’idée à la commercialisation en quelques mois. Si certaines pièces «haute couture» demandent une réalisation plus poussée, la majorité des produits sortent en magasins environ cinq mois après avoir été imaginés par les stylistes. «Dans la corsetterie, il y a un vrai souci de qualité et de finition. Il y a de nombreux éléments à assembler. Si le produit est inconfortable, la cliente ne sera pas satisfaite», continue la directrice générale. Tout est donc affaire de savants dosages, de plissage, de choix des matières… D’une demi-heure à plusieurs heures de travail, les pièces passent dans les mains expertes des couturières présentes dans l’atelier, qui transmettent aussi leur savoir-faire aux apprentis formés chaque année chez Etam. 400 modèles sortent chaque année, «une collection large et généreuse».
Présence à l’international. Avec ses autres marques “Undiz”, lancée en 2007 pour les 15-24 ans et “1.2.3” en 1983 pour les femmes de 40 à 50 ans, le groupe Etam a réalisé en 2016 un chiffre d’affaires de près d’1,3 milliard d’euros, «stable en 2016, avec une croissance de 10% en Europe, mais une décroissance en Chine à cause du taux de change», détaille Laurent Milchior, petit-fils de fondateur, gérant du groupe familial avec son père, Pierre Milchior, et sa tante, Marie-Claire Tarica. En 2016, 100 magasins ont ouvert leurs portes, une tendance similaire pour 2017. Présente dans 749 magasins en France et 239 en Europe, Etam mise aussi beaucoup sur la Chine avec 2 596 corners et, depuis novembre 2015, un premier magasin de lingerie à Shanghai. «D’ici trois ans, nous voulons en faire notre deuxième marché après la France» poursuit-il. Etam réalise 10% de son chiffre d’affaires en e-commerce et compte 14 500 salariés à travers le monde (dont 3 000 équivalents temps plein en France).
ENCADRE
Le groupe Etam en quelques dates :
1910 : ouverture de la première boutique à Berlin, qui commercialise des bas synthétiques
1920 : lancement de la marque dans la lingerie indémaillable
1928 : première boutique française, à Paris
1963 : Etam se lance dans le prêt-à-porter
1983 : création de la marque “1.2.3”
1990 : expansion à l’international, notamment en Chine
2000 : lancement du site e-commerce
2007 : création de la marque “Undiz”
2014 : Etam complète son positionnement de marque de beauté avec une gamme de cosmétique et une gamme sport
2016 : Etam fête ses 100 ans