Dans le Saint-Quentinois, l'objectif de former les demandeurs d'emploi

Lors d'un point presse organisé à l'agence France Travail de Saint-Quentin vendredi 25 avril, un bilan 2024 de l'emploi dans le secteur a été dressé. Alors que le chômage progresse de 1,1% sur un an dans l'arrondissement, la nécessité de former les publics dits prioritaires pour mieux coller aux attentes des entreprises est érigée en priorité.

Benoit Wascat, chargé de mission territoriale à la direction de la formation professionnelle, Charles Vastille, gérant du Quick de Saint-Quentin et David Megherbi, directeur de l'agence France Travail de Saint-Quentin.
Benoit Wascat, chargé de mission territoriale à la direction de la formation professionnelle, Charles Vastille, gérant du Quick de Saint-Quentin et David Megherbi, directeur de l'agence France Travail de Saint-Quentin.

Le chômage progresse de 1,1% dans l'arrondissement de Saint-Quentin en 2024. C'est l'un des aspects du bilan de l'emploi établi par France Travail. Une progression du chômage que David Megherbi, directeur de l'agence France Travail de Saint-Quentin remet en perspective : «Le chômage a baissé sur les trois premiers trimestres de l'année mais est reparti à la hausse au dernier trimestre. 11,1%, c'est un chiffre important, au regard des taux de chômage national (7,4%), régional (9,2%), et départemental (10,2%), mais c'est l'un des taux les plus faibles connus depuis des années sur le territoire. Nous sommes à – 7,2% par rapport à 2019, l'année avant le Covid.»

Une population éloignée du marché du travail

Des chiffres du chômage toujours élevés mais qui s'expliquent aussi par la fragilité des publics de demandeurs d'emplois du secteur. Le territoire reste marqué par une population davantage éloignée du marché du travail que dans le reste de la région. Les publics cumulent des freins périphériques liés à la mobilité ou encore à un faible niveau de qualification. «50% des demandeurs d'emploi ont un niveau de diplôme inférieur ou égal au BEP CAP, 51% sont des demandeurs d'emploi de longue durée et 81,3% d'entre eux sont des publics dits prioritaires : allocataires du RSA, seniors de plus de 55 ans, jeunes de moins de 26 ans, travailleurs handicapés. Huit demandeurs sur dix sont des publics prioritaires», souligne David Megherbi.

La prégnance de ces publics fragiles renforce la conviction des acteurs de l'emploi d'investir sur la formation. Avec l'idée d'adapter les compétences des demandeurs d'emploi aux besoins des entreprises. «Il faut tordre le cou à l'idée qu'on a du mal à recruter ou qu'on ne trouve pas de personnes suffisamment formées, explique Benoit Wascat, chargé de mission territoriale à la direction de la formation professionnelle pour la région Hauts-de-France. Nous montons une task force avec l'ensemble des partenaires de l'emploi pour aller voir les entreprises et leur expliquer les dispositifs de formation qui existent et qu'on peut mettre en place. Nous irons voir non seulement les grosses entreprises mais aussi les artisans, les TPE et PME parce que ce sont elles qui réalisent l'essentiel des recrutements».

Élargir le cercle et faire connaître davantage les offres de services de France Travail et de sa marque France Travail Pro, lancée en 2024, apparaît comme un objectif dans les semaines et mois à venir. «Nous avons un taux de satisfaction de 89% parmi les entreprises qui utilisent nos services mais seulement un quart des entreprises de l'arrondissement fait appel à nous donc nous avons un gros travail de prospection à faire», estime le directeur de France Travail. L'agence de Saint-Quentin a tout de même réalisé 1600 prospections d'entreprise en 2024 et 3000 immersions en entreprise.

L'exemple du recrutement chez Quick

«Développer la formation préalable au recrutement est un enjeu puisque près de huit demandeurs d'emploi sur dix ont retrouvé un emploi de cette manière. Les employeurs sont prêts à le faire, à former à leurs métiers, à leurs techniques et à la culture d'entreprise», souligne le directeur. L'un des meilleurs exemples récents dans l'arrondissement reste le recrutement réalisé pour l'arrivée du restaurant Quick. L'enseigne a réalisé 61 recrutements en CDI de personnes de 18 à 53 ans, provenant pour 90% d'entre eux de publics prioritaires et des quartiers prioritaires de la ville de Saint-Quentin. «Nous avons travaillé avec la méthode MRS (méthode de recrutement par simulation) puis avec la préparation opérationnelle à l'emploi pendant cinq semaines pour les candidats retenus, cela a très bien fonctionné et nous avons été bien accueillis par France Travail», témoigne Charles Valtille, gérant du Quick.

Une preuve qu'il n'y a pas de fatalité d'autant que le marché du travail du Saint-Quentinois est qualifié de dynamique par David Megherbi qui relève qu'il y a sans cesse «des besoins de recrutement exprimés par les entreprises existantes et que de nouvelles implantations d'entreprises sont à signaler régulièrement avec là encore des projets de recrutement».