Dans l’Aisne, les acteurs économiques veulent rebondir en créant de nouvelles filières
Secteurs de l’agroalimentaire, de la bio-économie, du tourisme ou du commerce… dans l’Aisne, les acteurs économiques voient dans le plan régional de relance un outil pour aider à court terme les entreprises à passer le cap mais aussi une opportunité de réfléchir ensemble à plus long terme à préparer l’avenir.
L’appel à projets lancé par le président Xavier Bertrand le 7 juillet dernier a trouvé écho auprès des représentants des acteurs économiques du département de l’Aisne réunis dans les locaux de la Chambre de commerce et d’industrie à Saint-Quentin. Olivier Jacob, président de la CCI, a tenu à souligner lors de la présentation du dispositif régional qui appelle à unir les forces, que dans le département de l’Aisne « l’interconsulaire fonctionne vraiment bien », avant de se féliciter que ce plan régional de relance « colle aux besoins de l’entreprise » et désigne les chambres consulaires comme « le bras armé de la Région pour aider les entreprises ». « Nous serons là aussi pour aiguiller les chefs d’entreprise et il est sans doute plus intéressant que la relation se fasse dans le sens de nous vers eux que l’inverse. Nous allons être en capacité de leur proposer du sur-mesure », a commenté Olivier Jacob.
Anticiper
Présent également autour de la table, le président du tribunal de commerce de Saint-Quentin, Daniel Brudi qui a mis en avant le paradoxe de la situation : « Depuis le Covid-19, le tribunal de commerce, comme tous les tribunaux de commerce d’ailleurs, est en activité réduite. » Le président a donné son analyse de cette situation : « Le plan premier secours a aidé les entreprises à passer une partie de l’obstacle, est-ce que cela suffit ? Je n’en suis pas sûr. Je crains un tsunami à la rentrée. Malheureusement quand les entrepreneurs arrivent chez nous, il est déjà trop tard. Nous ne pouvons sauver que très peu d’emplois. » Le président de la Région Hauts-de-France a rebondi en citant le cas du centre d’appel Euro Crm à Chauny qui a fermé ses portes en mai dernier. Xavier Bertrand regrette que l’information soit arrivée trop tard « pour qu’il y ait une continuation de l’activité ». Le président de Région martèle le message suivant : « N’attendez pas que les difficultés soient là pour demander de l’aide, des solutions existent. »
Respirer
José Faucheux, couvreur de son métier, est intervenu en sa qualité de président départemental de l’Union des entreprises de proximité (U2P) sur la pratique de l’allotissement dans les commandes publiques : « Si nous voulons que cette relance fonctionne vite, nous devons ensemble nous donner les moyens et l’allotissement en est un. Nous devons l’appliquer partout ensemble. » Cette pratique qui consiste pour les collectivités à découper la commande en lots (menuiseries, peinture, maçonnerie, électricité…) permet aux toutes petites et moyennes entreprises de pouvoir se positionner dans leur corps de métier. « C’est du gagnant-gagnant », a conclu José Faucheux « pour le client, le résultat est de meilleure qualité ». « Pour nous c’était plus facile avant, a assuré Xavier Bertrand. Mais cette pratique de l’allotissement permet aux entreprises du tissu local de respirer. Nous devons casser nos habitudes. »
Dans le plan de relance, la rénovation prévue des bâtiments communaux devrait permettre de donner du travail aux entreprises locales, sachant que les municipalités qui seront en capacité de démarrer très tôt leurs chantiers pourront bénéficier d’un “bonus” dans l’octroi des aides.
“N’attendez pas que les difficultés soient là pour demander de l’aide, des solutions existent”
Innover
Le président de la Chambre d’agriculture de l’Aisne, Olivier Dauger, a mis en avant la réactivité dont il faudra faire preuve avec, a-t-il annoncé, « des sorties de crise qui peuvent être intéressantes ». En effet, « autour des enjeux de la transition climatique, l’Aisne peut valoriser ses atouts : la rénovation énergétique avec des produits naturels locaux tels que la paille, le chanvre, le lin… il faut réfléchir à créer de nouvelles activités, à utiliser les richesses du territoire ». Côté alimentation, la vente en circuits courts a fait ses preuves durant la période de confinement mais « malheureusement pour les producteurs locaux la vente est revenue au rythme d’avant », a déploré ce dernier. Et d’ajouter que dans les secteurs possibles de développement, le marché des protéines végétales pouvait être un enjeu.
Emmanuel Cohardy, pour la CPME Hauts-de-France, a mis l’accent sur la préservation de l’emploi et « des compétences au sein des entreprises » : « Se séparer d’un collaborateur c’est se priver de compétences et casser une dynamique. » Ce dernier a précisé que dans cette vision du plan de relance, manquait « la vision des organisations salariales ». Une conférence sociale régionale est donc programmée pour permettre une vision à 360° « de ce que devrait être la reprise ». « Cette démarche atypique est assez bien accueillie. Nous avons la volonté de nous en sortir chacun de notre côté mais il faut y aller ensemble », a insisté le président de la Confédération des PME Hauts-de-France.