Daagbo Hounon, plus haute autorité mondiale du culte vaudou
Intronisé "chef suprême du culte vodun à l'échelle du monde" en 2006, le pontife Daagbo Hounon, a pour mission de maintenir la flamme de cette religion née dans l'actuel Bénin et présent dans plusieurs...
Intronisé "chef suprême du culte vodun à l'échelle du monde" en 2006, le pontife Daagbo Hounon, a pour mission de maintenir la flamme de cette religion née dans l'actuel Bénin et présent dans plusieurs pays d'Amérique comme le Brésil et Haïti.
Acclamé par la foule, au milieu des chants en l'honneur des divinités et de tambours tonitruants, la plus haute autorité mondiale du culte vaudou, fait son entrée sur la plage de Ouidah (Bénin) mercredi 10 janvier, jour annuel de la "fête du vodun" au Bénin.
Le vodun, appellation locale pour le vaudou, est basé sur les forces de la nature et du lien avec les ancêtres, dont les représentations peuvent être des objets ou des éléments naturels.
Vêtu de ses habits d'apparat – coiffe multicolore, pagne bleu scintillant et rangées de perles autour du cou- Daagbo Hounon Tomadjlèhoukpon Houwamènou Mètogbokandji II, âgé de 73 ans, administre les bénédictions finales de cette journée de célébrations mise à l'honneur cette année par le président béninois Patrice Talon.
Le chef de l'Etat a décidé d'un nouveau format de cette fête désormais baptisée "Vodun Days" qu'il souhaite promouvoir pour dynamiser le tourisme de son pays frontalier du géant nigérian.
"Le vaudou pour nous est d'un intérêt économique puisque le tourisme est un secteur d'activité important", a déclaré le président Talon lors d'une conférence de presse. Une démarche soutenue par le chef du culte, qui souligne la valeur culturelle de cette religion.
Le vaudou est né dans le royaume du Dahomey, qui recouvrait le Bénin et le Togo actuels, et est encore largement pratiqué, parfois parallèlement au christianisme, dans des villes côtières comme Ouidah, dans le sud du Bénin.
Avec les millions d'esclaves qui y ont transité avant leur déportation vers le Nouveau Monde à partir du 18e siècle, ce culte s'est exporté de l'autre côté de l'Atlantique. Il compte aujourd'hui 50 millions de membres à travers le monde.
"Nous avons besoin de prouver au monde que le vodun n'a rien de satanique, de méchant", explique à l'AFP Daagbo Hounon même s'il avoue "comprendre les craintes et les hésitations".
"Le vodun c'est la tolérance, le partage, l'amour, la générosité, la paix", insiste-t-il. "Le Vodun est spirituel mais ce sont aussi plusieurs arts réunis, comme nous pouvons le voir à travers les chants et les danses des fidèles".
Marcher sur les eaux
Au Bénin, Daagbo Hounon est reconnu par la loi et les autorités du pays. Il est l'un des plus importants chefs spirituels du pays et son pontificat est situé à Ouidah, dans le sud du pays, reconnue berceau du vodun.
"Aucune décision portant sur le culte vodun ne peut se prendre sans son approbation", indique l'un de ses proches à l'AFP.
Le nom qu'il s'est choisi à sa prise de fonctions, Daagbo Hounon Tomadjlèhoukpon Houwamènou Mètogbokandji II, signifie "Le fleuve ne peut se mesurer à la mer".
"Il détient des pouvoirs surnaturels qui lui permettent de marcher sur les eaux des océans. Il y va périodiquement pour communiquer avec les ancêtres, renouveler ses pouvoirs", selon Dah Midédji Mintonoudoté, un des dignitaires du culte Vodun.
Cet ancien greffier de la Cour de justice du Bénin, père de 12 enfants avec son actuelle épouse, passe l'essentiel de son temps dans son palais où il tient ses audiences et reçoit dignitaires, fidèles, touristes et autorités.
Il s'en échappe néanmoins plusieurs fois par semaine pour s'adonner à son autre passion, l'agriculture, qu'il pratique dans sa ferme située dans les environs de Ouidah.
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