Choulette Expérience : voyage au coeur de l'âge d'or brassicole
D'un côté de la rue, une brasserie de
1885 ; de l'autre, un musée-historium immersif et interactif sur
l'histoire de la Choulette et plus largement, sur la bière1
en général. Deux concepts initiés par la brasserie familiale
située à Hordain, aujourd'hui dirigée par Florence Berghe, épaulée
par son père Alain Dhaussy, qui avait lui-même repris l'entreprise
en 1986.

Depuis les années 1990, La Choulette
ouvre ses portes aux visiteurs, «de
façon plutôt artisanale»
sourit Florence Berghe, directrice générale. Avec ses 12 000
hectolitres annuels et sa douzaine de références, la brasserie hordinoise est
une figure du Valenciennois – qui comptait plus de 300 brasseries
en activité au début du XXème siècle ! Elles ne sont
plus qu'une dizaine aujourd'hui (dont une majorité de
micro-brasseries, ndlr) – et fait partie des iconiques puisqu'elle
est la dernière brasserie du Nord fondée au XIXème
siècle encore en activité.
En 2024, elle a passé un cap : celui
d'ouvrir un grand complexe d'accueil – à seulement 1,4 km de son
site de production – réunissant une boutique, un restaurant, une
salle de séminaire et un centre d'interprétation sur les origines
de la brasserie et plus généralement sur l'histoire brassicole
locale et régionale. Sur cet ancien terrain vague de 4 500 m2 ,
racheté par la famille Dhaussy, 1 500 m2 sont dédiés à
ce complexe original baptisé «Choulette
Expérience», le reste à
un entrepôt de stockage. «On
avait envie de faire ce qu'on avait déjà toujours fait à la
brasserie, mais en beaucoup mieux ! En parlant aux locaux et aux
consommateurs, le restaurant et la salle de séminaires sont
rapidement venus compléter le projet»
explique Florence Berghe.
Un lieu unique en Hauts-de-France
Au rez-de-chaussée, un restaurant de
94 couverts (avec cuisine locale, à la bière évidemment mais pas
uniquement), une boutique et un bar pouvant accueillir une
soixantaine de convives. À l'étage, une salle de jeux, un espace de
réception – ouvert
aux professionnels comme aux particuliers –
et le musée ou plutôt «L'Historium».
«On
a voulu montrer l'aspect social, mais aussi magique de la levure et de
la fermentation. Et surtout de la fermentation haute, qui,
rappelons-le, est une spécificité des Hauts-de-France. Cet Historium est encore mieux que ce que nous avions imaginé»
se réjouit Alain Dhaussy, maître brasseur passionné qui lance, en
1981, la toute première bière de garde La Choulette.
Il
faut dire que c'est une expérience au-delà d'un musée classique
qui est offerte au visiteur : la scénographie, pensée par Carole
Dekens, à la tête de l'agence lilloise Fabula Factory propose une
immersion à la fois sensorielle, visuelle et olfactive. Dans
l'entrée trône d'ailleurs l'un des textes juridiques qui évoque
pour la première fois le mot «bière»,
reproduit par les ateliers du Louvre. «Nous
avons travaillé pendant trois ans sur ce projet, avec un travail de
fourmi pour consulter des historiens de la bière. Il fallait un
dispositif immersif et cet Historium est le tout premier centre
d'interprétation sur la brasserie en France»
explique Aurélie Baguet, co-fondatrice de l'agence lilloise Echappée
Bière, spécialisée dans le tourisme brassicole française et
belge.
«Grâce à ce musée on souhaite rester à notre place de brasserie historique locale et reconnue. Mais il faut rajeunir notre image, nous sommes là depuis longtemps et il faut continuer à rester attractifs», complète Florence Berghe, qui a d'autres ambitions. À terme, un lien plus direct entre le site de production de la brasserie et Choulette Expérience, soit à pied ou avec un système de navettes, histoire de proposer aux visiteurs une immersion totale dans l'univers de la brasserie. Mais aussi d'inscrire sur la carte touristique régionale mais pas uniquement, cet équipement de façon permanente, alors que la Cité de la Bière à Bailleul, sur l'ancienne usile textile Nordlys, devrait voir le jour en 2027.
1. L'abus d'alcool est dangereux pour
la santé. À consommer avec modération.
Quelques chiffres
- 1885 : création
- 12 000 hectolitres annuels
- 60% de l'activité via la grande distribution