D’une start-up à une PME, ImaBiotech en pleine croissance

Des phases cliniques aux phases précliniques, ImaBiotech a développé une technique d’imagerie moléculaire innovante pour analyser les impacts du candidat-médicament sur les cellules. Et en mesurer l’efficacité ou la toxicité, permettant ainsi de mieux anticiper sa mise sur le marché.

Environ 1,5 million d'euros a été investi dans les bureaux et le laboratoire de Boston.
Environ 1,5 million d'euros a été investi dans les bureaux et le laboratoire de Boston.

1,5 milliard de dollars. C’est le coût nécessaire pour développer un médicament sur le marché et une problématique financière qui pousse les industriels à analyser finement l’efficacité du candidat-médicament et à en mesurer l’éventuelle toxicité. «Il faut avoir échoué sur 200 autres médicaments pour en mettre un seul sur le marché. Un médicament peut mettre entre 12 et 15 ans pour sortir, pour une durée de vie d’une dizaine d’années. Le candidat qui ira en phase clinique devra montrer son efficacité, sans effet secondaire» explique Jonathan Stauber, PhD et PDG d’ImaBiotech, entreprise créée fin 2009 qui compte plus de 200 clients dans le monde : 50% aux Etats-Unis, 35% en Europe, le reste en Asie et dans le Pacifique. Sanofi, Nestlé, GSK, Servier, Pierre Fabre, Covance mais aussi L’Oréal ou Yves Rocher… si la moitié des clients d’ImaBiotech sont américains, la France et sa culture de la médecine et de la pharmacie reste un marché porteur, bien que loin d’être majoritaire, puisque l’entreprise réalise au moins 75% de son chiffre d’affaires à l’export.

Leader mondial

Sous le nom «Multimaging», le logiciel développé en interne permet de déchiffrer l’efficacité du produit, que les effets soient positifs ou négatifs. Oncologie, diabète, dermatologie, cosmétologie… les marchés sont variés et porteurs. «La technique est un support mais l’interprétation est plus importante. Nous recevons des molécules ou des échantillons de bioposie humaine et réalisons les tests pour les phases cliniques. On peut très précisément voir où est le médicament, ce qu’il y fait et quel est son mécanisme d’action» détaille Jonathan Stauber. Après la découpe des tissus ou des biopsies, un spray est déposé sur les lames, puis les données sont traitées et analysées par laser. Ces pixels fournissent des images à interpréter. Les résultats sont ensuite envoyés aux agences réglementaires. Scientifiquement appelée «Quantification par Spectrométrie de Masse», cette technique permet d’obtenir des informations plus profondes, conférant à ImaBiotech la position de leader mondial.

«Chaque année l’activité double. On sort du mode start-up !»

De Lille à… Boston

Installé dans les locaux de Genfit à Loos, l’entreprise d’une trentaine de personnes affiche une croissance de 320%, pour un chiffre d’affaires tenu secret mais dont l’ambition est d’atteindre les 8,5 millions d’euros d’ici cinq ans. Puisqu’au moins les trois quarts du chiffre d’affaires sont concentrés sur l’export, une filiale commerciale a été ouverte il y a deux ans aux Etats-Unis, complétée par un laboratoire similaire à celui de Loos, en septembre dernier. «Cela nous permet de mieux appréhender le marché» poursuit le PDG. L’équipe américaine de 8 salariés devrait très rapidement doubler de taille et s’étoffer d’ingénieurs, de docteurs ou encore de techniciens. «Chaque année, l’activité double. On sort du mode start-up !». Incubé d’abord à Eurasanté, ImaBiotech s’est rapidement rapproché de GenFit, qui lui a proposé de développer son activité dans les locaux. Même principe à Boston où l’entreprise s’est implantée chez un partenaire, à raison d’un investissement de près d’1,8 million d’euros. Sur les deux sites, Jonathan Stauber prévoit un recrutement d’une cinquantaine de salariés d’ici trois à quatre ans. «Nous avons une très bonne proximité avec les Universités. Nous embauchons quasiment tout le temps nos stagiaires» précise-t-il. Une croissance soutenue qui nécessite de pousser les murs, une relocalisation en métropole lilloise n’est donc pas exclue pour la PME qui consacre près de la moitié de son chiffre d’affaires à la R&D.

 

Environ 1,5 million d’euros a été investi dans les bureaux et le laboratoire de Boston.

Près de la moitié des salariés sont originaires de la région.