Outils de recrutement
CV et lettre de motivation : dépassés ?
Dans un monde du travail en mutation face aux nouvelles technologies et aux aspirations des candidats, les modèles de recrutement existants font-ils encore l’affaire ? Comment pèsent les CV et les lettres de motivation par rapport à l’intelligence artificielle ? Éléments de réponse.
C’est un constat. La majorité des entreprises recrutent encore aujourd’hui sur CV. Cela reste bien sûr utile, mais désormais, le recruteur ne saurait uniquement se limiter à l’expérience professionnelle. Il lui faut déceler également ce que le candidat va pouvoir apporter dans le futur, sa personnalité et ses motivations. Le comportement du potentiel salarié va-t-il correspondre à l’entreprise ? Ses valeurs à celles de la société ? Il est à présent essentiel de bâtir une vraie stratégie de recrutement, d’approche et d’évaluation, selon les profils recherchés. Il faut jauger lors de l’entretien motivation, compétences humaines et relationnelles, compatibilité avec l’équipe. Afin de dépasser le CV, il est possible d’utiliser le Big Data (les données que les cabinets de recrutement collectent comme les CV, les comptes rendus d’entretien, les résultats de tests) et les méthodes de sourcing et de profiling. Il s’agit ici de trouver des candidats dont le profil et le comportement sont intéressants, au demeurant de détecter des talents. Si le CV reste l’une des pierres angulaires d’un recrutement, la pertinence de la lettre de motivation n’est plus aussi évidente à l’heure du partage d’idées en 280 caractères, des réseaux sociaux professionnels, de l’e-réputation, du réseautage. Il est en 2021 très aisé pour un chasseur de tête d’en savoir plus sur un candidat en tapant son nom sur Google. Qu’est-ce que la lettre de motivation peut bien lui apprendre qu’il ne sait déjà ?
Un idéal commun d’entreprise
Et pourtant. Une étude récente de la DARES indiquait que 60 % des recruteurs demandent systématiquement ce document qui évalue la personnalité du candidat. Signe de notre époque : 81 % des recruteurs n’exigent plus de lettre de motivation écrite à la main ou envoyée par voie postale. Cependant, et cela reste immuable, les fautes d’orthographe sont rédhibitoires : 94 % des recruteurs écartent une lettre mal écrite ou comportant des carences orthographiques. L’envoi des dossiers de candidature par voie postale est en voie de disparition, pour les coûts de frais postaux et les enjeux environnementaux principalement. Cela est d’autant plus vrai pour les recrutements digitaux où tout ou presque se fait virtuellement. Le plus grand nombre de candidats utilisent internet pour postuler, avec une numérisation des pièces à fournir. Jusqu’à récemment, les recruteurs demandaient dans leurs offres d’emploi de joindre un CV et une lettre de motivation. À l’ère du bien-être au travail et de la recherche de sens chez les actifs en recherche d’emploi, les entreprises développent leur Marque Employeur au travers d’une vision commune entre collaborateurs des valeurs portées. Les candidats se renseignent davantage sur les conditions de travail, l’ambiance au bureau, le sens des missions proposées. Ces mêmes recruteurs ne cherchent plus seulement une compétence qui répondra à un profil de poste mais une personnalité qui pourra faire partie intégrante du paysage de l’entreprise. En tenant compte de tous ces éléments, un candidat ne peut plus sincèrement s’exprimer à travers une lettre de motivation. Chartée et modélisée, elle se compose des mêmes paragraphes d’une lettre à l’autre. Souvent copiée/collée d’un site internet ayant rédigé les bons codes de cet outil, elle ne peut être originale et donc faire ressortir la personnalité et les ambitions réelles d’un potentiel salarié. Dès lors, quand on évoque l’innovation, innover dans un recrutement s’impose. Pour que le candidat ait envie de se laisser découvrir, il faudra créer un parcours personnalisé pour instaurer une découverte mutuelle. Cela aura plus de pertinence, d’intérêt et d’impact.