Gazettescope
Cultiver l'art du LOL en entreprise…
Dans une époque aux accents anxiogènes, où la tendance est au politiquement correct et à l’humour en mode contrôle, ce qui peut apparaître comme un paradoxe face au déversoir en tout genre des réseaux sociaux, quelle place pour le rire en entreprise ? La Gazettescope se penche sur ce sujet.
D’où vient le rire ? Il aurait précédé l’apparition du langage. Il a fallu des siècles pour qu’il trouve un écho favorable dans la vie quotidienne et dans le monde du travail. Au Moyen-Âge, la culture judéo-chrétienne dépeint le rire comme une perversion morale : un acte vulgaire, indécent, assimilé aux païens et au peuple. À partir du XVIe siècle, les zygomatiques commencent à se détendre et les héros burlesques surgissent dans la culture populaire. Ils prennent les traits d’Arlequin pour moquer les relations entre valets et maîtres, d’anonymes dans les caricatures royales, puis s’expriment dans les films de Charlie Chaplin. En dénonçant les excès de leur époque, dans les sphères politiques ou dans le monde de l’entreprise, le rire trouve petit à petit sa place et s’exprime de manière décomplexée. C’est un fait : l’humour est un outil de cohésion et de socialisation. Le rire transcende les frontières culturelles et linguistiques. Il permet de créer des liens et se présente comme un moyen universel d’exprimer ses intentions de coopération. C’est vrai dans le domaine privé. Qu’en-est-il exactement dans le cénacle du travail ?
Rire... bon pour la santé
On peut se poser la question, dans notre époque, où la tendance au politiquement correct, «au pas de vague», à une certaine forme de débats aseptisés et finalement ennuyeux : peut-on rire de tout ? Ce qui nous ramène à la célèbre phrase de feu Pierre Desproges : «on peut rire de tout, mais pas avec n’importe qui». Il est important de rire. Rabelais disait d’ailleurs : «le rire est le propre de l’homme.» Lorsque le cerveau identifie et comprend une plaisanterie, il libère des neurotransmetteurs liés au bien-être : dopamine, sérotonine, endorphines. Avec des effets bénéfiques pour le corps : soulagement de la tension, augmentation de l’activité des cellules immunitaires, amélioration du flux sanguin, réduction du stress. Le rire est inné et communicatif. Il est certain que chacun est différent, avec sa propre culture, son éducation, son vécu, sa personnalité, sa sensibilité. Il est très difficile de prévoir une réaction face à une blague dont le degré sera élevé de un à neuf sur l’échelle de Richter.
Impact collectif positif
Pléthore d’études confirment l’impact de l’humour au travail : le rire stimule la créativité, la collaboration, la productivité. Tout simplement parce qu’ils met les individus composant la communauté humaine de l’entreprise dans de bonnes dispositions. En somme, le rire est bon pour le moral… et pour le travail. Il rend plus performant, désamorce les situations difficiles, met en évidence les compétences et le charisme. Pour rire (et faire rire) au bureau, même en télétravail et en visio, tout est affaire de contexte, de tact, de dosage. Un bébé rie en moyenne 400 fois par jour. Les plus de 35 ans, seulement 15 fois. Par peur de perdre toute crédibilité devant leurs collègues ou froisser leurs susceptibilités, beaucoup se refusent à faire de l’humour, à rire au travail. Le monde du LOL («laughing out loud», qui équivaut au français «rire aux éclats») est un univers infini. En entreprise, il est aujourd’hui perçu comme une qualité désirable. Alors, c’est l’occasion de propager ses bienfaits, dans le respect des autres, bien sûr. Par les temps présents, cela ne peut faire que du bien !