Crymirotech veut être pionnier dans le recyclage des plastiques complexes
L’entreprise, installée à Avelin, transforme des déchets plastiques « non recyclables » en molécules décarbonées. Elles servent ensuite dans de multiples process. Un véritable exemple d’économie circulaire.
Dans les centres de tri et les usines de recyclage, certains déchets plastiques sont mis de côté. Ils peuvent contenir des matériaux composites difficiles à séparer par les machines, ou bien être contaminés par des matières organiques, des liquides ou des substances dangereuses, etc. Une grande partie de ces plastiques «non recyclables» est alors incinérée ou enfouie. Polluants atmosphériques, contamination… Le sol et l’air en prennent un coup.
Ces dernières années, une solution s’est développée pour éviter l’accumulation de pollution due à ces déchets. Son nom : le recyclage chimique. Les plastiques sont transformés en monomères (éthylène, propylène…). Ces composants sont réutilisés dans la production, par exemple, de polyéthylène, de polypropylène ou de résines plastiques. Un cycle infini qui évite l’extraction de pétrole. C’est sur ce créneau que s’est développée la start-up Crymirotech, basée à Avelin.
Valoriser des déchets en matières premières décarbonées
Depuis 2019, la jeune entreprise a développé une solution unique qui permet de recycler n’importe quel type de déchet plastique : mousses, résines, multicouches, etc. «Il s’agit d’un catalyseur sous forme de liquide ionique qui va dépolymériser les matières. En ressortent des molécules décarbonés sous forme de gaz industriel», explique Maxime Lepinay, ingénieur et fondateur de Crymirotech. La technologie de Crymirotech se veut complémentaire du recyclage par voie mécanique. «Nous voulons être un relais entre le monde des déchets et celui de la pétrochimie», renchérit Olivier Camp, CEO de Crymirotech.
Contrairement à d'autres procédés de recyclage chimique, la technologie n'a pas besoin d'eau pour fonctionner, seulement d'électricité. Les solvants peuvent également être récupérés. «La production de plastiques à partir de monomères obtenus via notre solution est jusqu'à 65% plus économe en énergie que la production classique», souligne le CEO.
D’un point de vue pratique, l'unité de transformation, appelée Melta, est installée directement chez le client (un centre de recyclage par exemple) qui en est propriétaire. «Elle peut traiter 10 000 tonnes de plastiques par an», affirme Maxime Lepinay. Le gaz issu du process de recyclage est acheté par Crymirotech, qui le vend ensuite à des acteurs industriels et de la chimie pour être revalorisé. Si le coût d’achat de l’unité n’a pas été communiqué, la start-up promet un retour sur investissement sur trois ans.
D'ici l'année prochaine, les premiers catalyseurs seront mis en service. L'entreprise espère en produire une quarantaine par an, voire plus à l'avenir. «Dans les Hauts-de-France, nous allons travailler avec le groupe Baudelet, qui est très engagé dans la valorisation des déchets, en installant trois unités en 2025», détaille Maxime Lepinay, qui a été soutenu par plusieurs organismes comme la French Tech, la région Hauts-de-France, ou encore la holding Team for the Planet.
Lancement de la phase d'industrialisation
Après six années de R&D, la phase d’industrialisation est lancée. Face à un marché demandeur, l’entreprise a dû s’agrandir à la ZAC des Marlières d’Avelin. «Nous nous sommes rapprochés de nos clients. Il y a un plus grand espace (800 m²) qui permet d’accueillir une ligne de production et un laboratoire», explique le fondateur de Crymirotech, précédemment basé du côté d’Arras. L’équipe, actuellement constituée de trois personnes, doit passer à sept d’ici octobre. «Et à vingt l’année prochaine», souhaitent les trois entrepreneurs. Leur ambition est claire : devenir l’un des pionniers du recyclage des plastiques complexes.