Croix : Inodesign, une pépite de l'électronique de pointe

Domiciliée juste à côté d'OVHcloud, son partenaire historique, Inodesign Group excelle dans un savoir-faire à 70% tiré par une production asiatique : le marché de l'électronique. Convaincu que la France a un rôle prépondérant à jouer par son innovation et sa réactivité, Mickael Coronado, son fondateur, veut inverser les tendances.


Mickael Coronado, ingénieur électronique de Polytech Lille et fondateur d'Inodesign Group.
Mickael Coronado, ingénieur électronique de Polytech Lille et fondateur d'Inodesign Group.

La crise Covid n'a fait qu'amplifier le phénomène ; l'explosion du coût des transports aussi : aujourd'hui, les donneurs d'ordre veulent retrouver des produits français. «Le prix n'est plus le premier critère. Ce que veulent les clients, c'est savoir quand ils seront livrés», constate Mickael Coronado.

Cet ingénieur en électronique a créé Inodesign Group en 2012 – d'abord à la Haute-Borne, puis à Croix depuis quatre ans, en même temps que l'implantation d'OVHcloud. Avec, avant tout, la passion : «J'ai souvent été frustré : quand on conçoit un produit, il faut attendre trop longtemps ! Pourtant, en tant qu'ingénieur, on doit s'amuser !»

Il décide alors de prendre «le meilleur du modèle chinois avec les valeurs françaises» : autrement dit, proposer toutes les strates de la production électronique, en commençant par la conception, pour passer par la fabrication et le développement.

Un marché en croissance

Le marché électronique mondial (1 652 Mds€ en 2020) est en croissance annuelle de 8% ; même schéma du côté de la France avec 15 Mds€, 230 000 emplois directs et indirects et 1 100 entreprises dont 90% de TPE et de PME1. Chez Inodesign, on produit entre 10 et 20 000 harnais de câbles par semaine et entre 10 et 15 000 cartes électroniques par mois. Cartes que l'on retrouve dans bon nombre de produits de l'électroménager, mais aussi dans l'industrie, la robotique, la green tech ou les services. En gros, quasiment tous les secteurs sauf l'automobile et les objets connectés.

Inodesign Group emploie une cinquantaine de collaborateurs.

«Notre principe est simple : pas de sous-traitant. Inodesign Group est la seule entreprise à tout intégrer sur un site unique. De la carte électronique au câble, on assemble et on intègre nous-mêmes les microprocesseurs et les semi-conducteurs. Certes, nous sommes entre 10 et 15% plus cher, mais nos délais sont réduits grâce à notre agilité», explique Mickael Coronado dont la réussite entrepreneuriale est aussi familiale : son frère est à la direction de la production et sa mère travaille en home office pour l'assemblage. «J'ai même embauché mon ancien patron», s'amuse-t-il.

5 millions d'euros d'investissement en 2022

Il faut dire qu'Inodesign connaît une belle progression : un chiffre d'affaires de 5,5 M€ à fin juin 2021, un objectif de 6,5 M€ sur 2021/2022 et environ 12 M€ sur la période suivante. Autant dire que les 2 000 m2 de surface industrielle actuels commencent à ne plus suffire pour la cinquantaine de collaborateurs.

«L'an prochain on prévoit de recruter une trentaine de personnes : des ingénieurs, des techniciens de production, des qualiticiens... Sur le site actuel, nous pouvons nous agrandir de 500 m2 mais il nous faudrait 2 000 m2. On est donc en recherche d'un nouvel local, à quelques kilomètres d'ici», lance le CEO.

Pour poursuivre son développement, Mickael Coronado veut investir 5 M€ dès l'an prochain, notamment par des opérations de croissance externe, pour atteindre la centaine de collaborateurs. «Nous sommes en train d'étudier plusieurs cibles, notamment des bureaux d'études français en IoT (Internet des objets, ndlr).»

Installé sur le même site qu'OVHcloud, Inodesign Group n'en est pas moins totalement indépendant même si elle est son fournisseur majoritaire et qu'OVHcloud représente deux tiers de son chiffre d'affaires : «Toutes les cartes 'mezzanine' qui se pluggent dans les cartes mères des serveurs d'OVH viennent de chez nous, ainsi que tous les fils qui vont dans les serveurs.»

Objectif : rapatrier un quart de la production de la filière en France

Parmi les secteurs d'activité d'avenir pour la PME croisienne, la green tech, les data centers, la robotique et l'IA. «On peut démarrer une production en moins de 4 heures. Beaucoup de clients veulent rapatrier leur production d'Asie et se réapproprier les éléments internes», avance le CEO. Sur la cinquantaine de collaborateurs, 10 travaillent à la R&D. Un partenariat avec l'Université Gustave-Eiffel a aussi été initié sur la sécurisation des données contre la cybercriminalité.

Sur ces cinq dernières années, la PME a multiplié son chiffre d'affaires par 10. Ses projets de développement, labellisés France relance, devraient encore faire prendre à la PME une nouvelle dimension, avec l'ambition, pour Mickael Coronado, de faire des Hauts-de-France un territoire phare de l'industrie électronique.


1. Source : Conseil national de l'industrie - 2021