Croissance sous contrôle des investissements étrangers en France
Signe de l'attractivité du territoire, les investissements internationaux en France se sont accrus en 2021. Et c'est aussi le cas des contrôles publics les concernant, pour les projets dans des secteurs stratégiques ou sensibles.
Ouvrir et fermer... Les investissements internationaux en France en 2021 ont fait l'objet de deux rapports, ce mois-ci. Celui de Bercy, concernant le « contrôle des investissements étrangers en France » (IEF), une première. Et celui de Business France, en charge de l'attractivité internationale du pays. Ce dernier recense 1 600 décisions d'investissements internationaux en France, l’an passé, un chiffre supérieur à celui de celui de 2019. La croissance sur le long cours se confirme : en 2016, 1 100 investissements seulement étaient comptabilisés. Aux yeux des investisseurs étrangers, la France dispose d'atouts importants : vaste marché, infrastructures efficaces, environnement fiscal stable. Et cette dernière année, en dépit de la concurrence entre pays européens, le plan de relance français, lancé en septembre 2020, semble avoir suscité un intérêt notable. Les projets de plus de 300 entreprises étrangères ont été retenus dans le cadre de ce dispositif, d'après Business France.
Plus globalement, en 2021, les projets d'investissement proviennent d'une soixantaine de pays, et parmi eux, deux sur trois émanent d'un investisseur européen. Pour la première fois, l'Allemagne, à l'origine de près de 300 projets (18 % du total) a pris la première place devant les États-Unis (247). Le Royaume-Uni maintient son troisième rang (151). Autre données fournies par l'étude, un peu plus de la moitié des groupes étrangers qui ont choisi d'investir en France le font pour la première fois, et ils ont prévu de créer un site. Par ailleurs, les projets industriels (460) ont augmenté de 49%, représentant 29 % des décisions d'investissement étranger.
Plus de la moitié des projets bloqués
Vis à vis des investissements étrangers, les ambitions d'attractivité du territoire doivent composer avec les impératifs de souveraineté. C'est le sens du contrôle des investissements étrangers en France (IEF) : il soumet des projets qui touchent à des domaines jugés sensibles – la cybersécurité, la sécurité alimentaire, par exemple- à une procédure d'autorisation menée par Bercy. En 2021, ces contrôles ont connu un pic d'activité : 328 dossiers ont été instruits, soit 31% de plus qu'en 2020. Et au total, 124 opérations d’investissement étranger ont été autorisées. Dans la moitié des cas environ, elles ont été assorties de conditions. L’origine géographique des porteurs de projets est restée stable : 58,8% étaient non européens, principalement anglais, américains et canadiens. Au sein de l’Union européenne et de l’Espace économique européen, les investissements ont été principalement allemands, luxembourgeois et irlandais.
Durant la pandémie, l’État avait durci les conditions de contrôle et d'autorisation des investissements étrangers dans l’Hexagone, afin d'éviter que des entreprises à l'activité stratégique, en difficulté, ne soient rachetées à vil prix. En particulier, le seuil de prise de participation à partir duquel se déclenche le processus de contrôle a été abaissé de 25% à 10% -une mesure prolongée jusqu’au 31 décembre 2022. Et la protection de la santé publique par le contrôle IEF a été renforcée dans les biotechnologies. Historiquement, c'est en 2020 qu'un tel dispositif a été mis en place, ensuite progressivement renforcé. Et au quotidien économique les Échos du 16 mars, Thomas Courbe, directeur général des entreprises et commissaire à l'Information et Sécurité économiques à Bercy, déclarait qu'il n'était « pas exclu qu'à l'avenir, les technologies critiques puissent être étendues au cas par cas, en fonction des besoins que nous rencontrerons ».