Crise sanitaire : quelle influence sur la création d’entreprise ?
Marquée par la pandémie de Covid-19, 2020 a été une année record pour l’entrepreneuriat. Envisager une aventure entrepreneuriale, pour un porteur de projet, semble-t-il rassurant dans une période assez morose ?
Selon des chiffres dévoilés par l’Insee, 848 200 entreprises ont vu le jour en France au cours de l’année précédente. Ce record historique, réalisé malgré deux mois de confinement, est principalement porté par les micro-entreprises. En effet, celles-ci représentent 65 % du total des créations en 2020, contre 61,5 % en 2019. Entre juin 2020 et mai 2021, l’Insee recense plus de 652 000 créations de micro-entreprises, soit 40 % de plus comparativement avec la même période de l’an passé. Les principaux moteurs de création de micro-entreprises sont la livraison à domicile et la vente à distance, suivies par les secteurs des transports et de l’entreposage.
Une action risquée mais séduisante
En apparence, le coronavirus semble ne pas avoir freiné l’audace d’entreprendre. Lors d’une période anxiogène marquée par une explosion du nombre des demandeurs d’emploi et des salariés en chômage partiel de longue durée, l’idée de la création d’entreprise semble séduisante et moins risquée. Malgré les différentes difficultés qui peuvent être traversées, le fait de posséder sa propre activité demeure un élément de sécurité chez certaines personnes. Cependant, se lancer dans une démarche entrepreneuriale en pleine crise est un pari complètement absurde, car la seule volonté de ne pas être chômeur ne suffit pas pour être un entrepreneur. Les porteurs de projets doivent anticiper l’avenir sur le long terme et s’assurer que le produit proposé pourra perdurer une fois la crise passée.
Un boom du régime micro-entrepreneur
Nombreux sont les porteurs de projets à devenir micro-entrepreneur pour minimiser les risques. Rassurant pour se lancer, ce régime est accordé aux entreprises individuelles. Il est avantageux au lancement d’une activité et permet de ne payer des charges que sur le chiffre d’affaires réellement encaissé. L’augmentation du nombre de personnes se lançant en tant que micro-entrepreneurs engendre automatiquement une augmentation des offres présentes sur le marché. Ces dernières permettent de répondre aux besoins des consommateurs. Toutefois, il est certain que trouver des clients est également plus compliqué au vu des nombreuses offres disponibles. D’autre part, pendant une période d’incertitudes, un porteur de projet est amené à se retrouver en face de personnes ayant des années d’expérience, une connaissance approfondie du secteur et un carnet d’adresses bien rempli, ce qui constitue un obstacle freinant la capacité de s’imposer sur un marché plein de concurrents.
L’entrepreneuriat de nécessité
En période de crise, tous les entrepreneurs ne se lancent pas par choix. Certains choisissent de monter leur propre affaire et la développer en indépendance au lieu de rester inactifs puisqu’il est plus facile de trouver un client qu’un emploi. En effet, de nombreux entrepreneurs créent leur entreprise sans même avoir le premier client en essayant de s’inventer un avenir professionnel hors du salariat. Cette attitude fait suite à beaucoup de licenciements et de ruptures conventionnelles relatives à la fermeture administrative de plusieurs activités. Les étudiants ayant perdu leur job, notamment en restauration ou en baby-sitting, ont créé leur activité en s’inscrivant par exemple comme livreurs de repas. L’ambition de créer sa propre affaire s’accompagne souvent par des aspirations ayant été renforcées par la crise comme la recherche de liberté et de flexibilité. Par ailleurs, il importe de souligner que la pandémie a réduit l’activité économique au niveau national. Si on conjugue cela avec une hausse du nombre d’entreprises, on en déduit que toutes les structures ne peuvent pas trouver des clients. Entre contrainte et opportunisme, l’enjeu aujourd’hui est de savoir si ces entreprises, créées en plein Covid, sont susceptibles d’innover et de prospérer sur le long terme.