Crise de la Covid-19 : le risque de défaillance atteint les 53% pour les cafés, hôtels et restaurants de la région

La prochaine réouverture des bars et restaurants n'est pas synonyme de soulagement pour les professionnels du secteur CHR (cafés, hôtels, restaurants). Laurent Chapart, président du Cercle Perspectives, décrypte la situation.

© ekaterina_belova
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Les Français attendent cette date avec impatience : le 19 mai, les cafés et restaurants pourront rouvrir leurs terrasses.

Si les consommateurs entrevoient une fin de la crise sanitaire, la bataille financière est loin de s'achever pour les professionnels du secteur CHR.

Selon une récente étude du Cercle Perspectives, qui regroupe 17 des 60 premiers cabinets d’expertise comptable de France, la moyenne de risque de défaillance des cafés, hôtels et restaurants atteint les 53% dans région. Contre 50% au niveau national.

Ce chiffre fait des Hauts-de-France la troisième région ayant le plus haut taux de risque de défaillance, après l’Île-de-France et le Centre-Val de Loire.

«Cela s'explique par le fait que ces régions ont reçu moins de touristes en 2020. Elles vivent du tourisme international. Or, moins d'étrangers sont venus en France. Les littoraux, eux, ont réussi à maintenir leur chiffre d'affaires pendant la période estivale car les régions touristiques ont de toute manière l'habitude d'avoir une ralentissement de leurs activités le reste de l'année», décrypte Laurent Chapart, président du Cercle Perspectives.

3 à 4% des dossiers à risque en temps normal

L'association a étudié le taux de risque de défaillance des établissements selon quatre indicateurs : la consommation du PGE, le recours à activité partielle, le retard sur les charges sociales/fiscales et les impayés fournisseurs.

«Chaque indicateur constitue un palier de 25% de risque de défaillance, pouvant s’additionner en fonction de la situation de l’établissement analysé. Si une entreprise cumule les quatre situations, son risque de défaillance s’élève à 100%. Au niveau national, deux tiers des entreprises ont un risque de défaillance de plus de 50%. En temps hors crise, ça ne représente que 3 à 4% des dossiers...», alerte Laurent Chapart. Toujours au national, 10% des établissements sont en zone rouge avec plus de 100% de risque.

L'année dernière, aucune défaillance effective n'a cependant été enregistrée car tous les établissements étaient sous perfusion.

Une fois que les restrictions sanitaires seront levées, le défi sera double : il s'agira de faire tourner son activité, mais aussi de rembourser les dettes accumulées. «On ne pourra pas faire comme si rien ne s'était passé du jour au lendemain. Et d'autres difficultés viendront s'ajouter : il y aura un manque de personnel car beaucoup de serveurs et saisonniers se sont réorientés. Et dans un premier temps, une jauge de fréquentation devra être respectée, le service ne sera pas à son rythme maximal, la rentabilité ne sera donc pas au rendez-vous», continue le président de Cercle Perspectives.

Vers un allongement de la durée du remboursement des PGE ?

En résumé, il faudrait attendre 2026 et la fin du remboursement des PGE pour que la situation soit plus sereine chez les professionnels du secteur CHR. Voire plus...

«Pour que la situation soit tenable, l’idéal serait un allongement de la durée du remboursement du PGE ou la suppression temporaire des charges sociales sur les salaires. L'Etat a fait beaucoup d'efforts ; couper les aides avec le début de la reprise d'activité serait s'arrêter au milieu du gué», estime Laurent Chapart.

Les débits de boissons et restaurants traditionnels semblent être les établissements les plus en danger, avec respectivement 54 et 57% de risque de défaillance dans la région. Mais les hôtels et hébergements ne sont pas en reste avec 47% de risque. «S'ils ont pu rester ouverts, les hôtels sont aussi en difficulté car les Hauts-de-France vivent principalement du tourisme d'affaires. Or, les entreprises ont pris de nouvelles habitudes de travail, avec un recours plus fréquent à la visioconférence plutôt qu'aux déplacements.»

Les services de traiteur, dépendants de l'événementiel mis à l'arrêt, sont également en rouge : en France 34% des entreprises affichent un niveau de risque de défaillance compris entre 75 et 100%.