Conjoncture
Meuse : le Crédit Agricole de Lorraine fait marche arrière
L’annonce le 19 novembre dernier par le Crédit Agricole de Lorraine de fermer son site administratif meusien (Les Roises) implanté à Bar-le-Duc et de transférer les 76 salariés vers Nancy a suscité une réaction unanime des élus, des acteurs économiques et des salariés. Face à la mobilisation générale, le directeur du Crédit Agricole de Lorraine et son conseil d'administration viennent de faire marche arrière. Les emplois seront maintenus en Meuse.
L'heure est à l'accalmie et à la désescalade. Le soulagement est d'ailleurs sur toutes les lèvres après deux semaines de tension extrême. Et pour cause, l’annonce récente de la direction du Crédit Agricole de Lorraine de fermer le site des Roises de Bar-le-Duc qui emploie 76 salariés pour les transférer vers Nancy, mettant en avant les difficultés du département meusien et son avenir incertain a provoqué une tension inédite sur ce territoire. En début de semaine, la Chambre de commerce et d’industrie de la Meuse avait ainsi lancé un appel aux entreprises et aux acteurs économiques du territoire avec un slogan : «Le Crédit agricole quitte la Meuse ? Quittons-le !», avec un principe simple : «chaque entreprise cliente adresse à la CCI Meuse Haute-Marne un courrier rédigé à l’attention des administrateurs de cette banque en leur indiquant qu’elle fermerait ses comptes et irait à la concurrence si le site de Bar-le-Duc devait définitivement fermer.» L’enjeu était de convaincre les administrateurs de ne pas voter le 20 décembre prochain la motion de fermeture et de faire revenir la direction sur sa décision initiale. La Chambre consulaire affirmait alors avoir reçu l’engagement de plusieurs acteurs privés représentant une somme dépassant les 25 millions d’euros.
Entre colère et main tendue
Franck Menonville, le sénateur de la Meuse et conseiller régional Grand Est estimait que «rien ne justifie un tel désengagement du Crédit Agricole pour un département où il approche des 50 % de parts de marché, fruit d’une implication historique et d’un maillage structuré en agences», rappelant que la Banque mutualiste réalise 70 millions d’euros de résultats dans ce territoire rural. Du côté de la mairie de Bar-le-Duc, sa première magistrate, Martine Joly, jouait la carte de la main tendue, affirmant être prête «à accompagner l’équipe dirigeante actuelle, à nouer des partenariats pour la formation, pour l’emploi de vos futurs salariés, à vous accompagner dans les démarches de réhabilitation du site.» La mobilisation des salariés conjuguée à l'action de lobbying des élus semblent avoir été déterminantes. La direction du Crédit Agricole de Lorraine n'a pas tardé avec l'annonce d'un maintien en Meuse. Après ce premier succès, le travail de concertation va se poursuivre autour de la localisation du siège en cœur de ville sachant que le site de Roises n'est plus adapté (au regard de la réglementation des bâtiments tertiaires et de leur objectif de réduction de - 40 % en 2030 de la consommation énergétique). S'il se félicite de cette décision, Jérôme Dumont, le président du département de la Meuse reste «prudent» et espère que ce sont bien les 76 emplois qui resteront en Meuse, soit la totalité.
A.M.