Innovation

Crécy-en-Ponthieu : Immo Ouest équipe une cabine de poids lourds de toilettes

Afin de séduire plus de candidates, la société de transports Immo Ouest basée à Crécy-en-Ponthieu vient d’équiper, en collaboration avec le garage Gorrias, une première cabine de poids lourds Mercedes d'un cabinet de toilettes. La première conductrice à en profiter est ravie.

Derrière le siège d’Olympe, on découvre les toilettes.
Derrière le siège d’Olympe, on découvre les toilettes.

Lorsque l’on monte dans la cabine de poids lourds de marque Mercedes achetée neuve il y a quelques jours par la société de transport Immo Ouest (groupe Opal), rien ne la distingue à première vue des autres. C’est derrière le siège conducteur - ou plutôt conductrice - que se cache un prototype un cabinet de toilettes. Mis au point durant six mois par Immo Ouest et le garage Gorrias de Longueau, il a pris la place d’un placard et fait le bonheur d’Olympe, 28 ans, salariée de l’entreprise depuis trois ans et demi. Elle conduit une benne : « Je découche environ dix nuits par mois, confie t-elle. C’est beaucoup mieux d’avoir ce genre d'installation, à certaines aires de repos, les toilettes ne sont pas très propres. Parfois, quand j’amène des betteraves, je suis coincée entre une dizaine de camions… C’est plus sécurisant et quand il fait froid, je ne suis plus obligée d’aller dehors. »

Cette idée d’aménagement, inspiré des toilettes de camping-cars, est venue à Jean-Charles Sarr, le dirigeant d'Immo Ouest, lors de portes ouvertes organisées à l’entreprise. Une jeune femme avait alors demandé à Olympe comment elle faisait pour se rendre aux toilettes. Mais le projet ne se serait pas concrétisé sans l’expertise du garage Gorrias de Longueau : « Cela nous tenait à cœur de mener ce projet, qui peut aider les transporteurs à recruter des femmes », estime Jérôme Clichy, truck manager au sein du groupe Gorrias.

Sur 230 chauffeurs, Immo Ouest (membre du groupement de transporteurs français Tred Union) compte pour le moment douze femmes. Au niveau national, 3% des conducteurs de poids lourds sont des conductrices. Alors que secteur manque de 90 000 salariés, Jean-Charles Sarr tire, lui, un bilan positif :  « Nous avons la chance de ne pas manquer de chauffeurs, se félicite-t-il. Mais il faut toujours anticiper, recruter régulièrement. Pour moi, le bien-être au travail c’est important, nous nous adaptons toujours aux conducteurs. Par exemple, nous ne les ferons pas partir à la semaine s’ils veulent rentrer chez eux chaque soir. La mixité en France est une obligation. C’est quelque chose qui me dérange que l’on dise que les femmes ne peuvent pas faire ce métier-là, je suis convaincu qu'il faut féminiser le métier, je suis très content d’avoir recruté des femmes. Je recherche également des conducteurs seniors. »

Jean-Charles Sarr et Jérôme Clichy.

Le dirigeant est très à cheval sur la formation et sensible au confort de ses salariés : « Nous sommes "ambassadeurs de l’emploi des métiers du transport et de la logistique", informe t-il. C’est une charte qui repose sur quatre points : un engagement valorisant et valorisé, un accompagnement personnalisé, un recrutement facilité et des salariés fidélisés et un réseau professionnel. »

Après amélioration, c’est donc une dizaine de camions qui seront équipés et peut-être ensuite à terme toute la flotte, qui se compose actuellement de 220 ensembles routiers. Des frigidaires sont installés dans 100% des cabines et 70% disposent de la climatisation autonome : « Un prototype, cela coute forcement cher, confie Jean-Marc Sarr qui a dernièrement aménagé les bureaux de son siège social dans une ancienne râperie. Nous nous sommes répartis les coûts avec Gorrias. Plus il y aura de demandes, plus les constructeurs seront poussés à les intégrer en série… »