Emmanuel Macron confirme l’implantation du taïwanais Prologium et annonce l’arrivée du franco-chinois Orano-XTC
Création de 5 000 emplois d’ici 2030 sur le territoire dunkerquois
En visite à Gravelines et Dunkerque le 12 mai dernier, Emmanuel Macron a annoncé les futures implantations de deux usines de fabrication de modules pour batteries électriques. Des investissements qui représentent un total de plus de 6 milliards d’euros et la perspective de près de 5 000 emplois d’ici 2030. Deux excellentes nouvelles pour le territoire dunkerquois que le chef de l’Etat veut voir comme un gage de crédibilité de sa politique industrielle volontariste.
Une bonne nouvelle peut en cacher une autre. Attendu pour confirmer la future implantation du fabricant de batteries électriques taïwanais Prologium à Dunkerque, le président Emmanuel Macron a surpris en annonçant également l’investissement de 1,5 milliard d’euros pour 1 700 emplois de la co-entreprise franco-chinoise, Orano-XTC. Celui-ci a été présenté par le chef de l’Etat comme complémentaire de Prologium. En amont, l’entreprise fournira, en effet, des composants de cathodes pour les batteries au lithium pour voitures électriques. En aval, elle travaille également sur un projet de recyclage de ces mêmes batteries.
Le chinois XTC New Energy Materials est un acteur important du secteur des matériaux pour batteries électriques. Le français Orano (ex Areva), surtout connu pour ses activités de recyclage de matériaux nucléaires, s’est lancé dans le développement de matériaux pour cathode et ambitionne de devenir un acteur important du recyclage de batteries électriques. Selon nos informations, le site devrait être implanté à Gravelines, sur un terrain appartenant au port de Dunkerque.
Un éco-système autour de la batterie
Un peu plus tôt, Emmanuel Macron, accompagné du CEO de Prologium, Vincent Yang, a donc confirmé l’implantation dans l’agglomération dunkerquoise de l’usine de batteries électriques du taïwanais Prologium Technology, première implantation européenne du groupe. A la clé, un investissement de 5,2 milliards d’euros et la création de 3 000 emplois pour fabriquer une nouvelle génération de batteries dites «solides», c’est-à-dire plus résistantes (elles continuent de fonctionner même en cas de défaillance de l’un des composants) et plus puissantes (elles offrent jusqu’à 1 000 kilomètres d’autonomie) par rapport aux précédents modèles. L’usine, qui devrait être opérationnelle d’ici fin 2026, vise une production annuelle de 48 GWh qui devrait lui permettre d’équiper plusieurs centaines de milliers de voitures électriques.
Ces deux annonces viennent confirmer l’ambition de Dunkerque de créer un véritable écosystème autour de la batterie électrique sur son territoire. Rappelons que le français Verkor (une entreprise créée en 2020 par six cofondateurs et implantée à Grenoble) démarre actuellement à Bourbourg, sur un terrain du port de Dunkerque, la construction d’une usine de fabrication de modules pour batteries électriques. Un investissement compris entre 1,3 et 1,4 milliard d’euros qui va conduire à la création de 2 000 emplois à l’horizon 2030.
Plus largement, c’est la réindustrialisation de Dunkerque, qui a fait depuis quelques années le pari de l’industrie décarbonée, qui est en marche. «Entre les années 2000 et 2020, ce sont plus de 6 000 emplois industriels qui ont été détruits sur le territoire de Dunkerque. Aujourd’hui, cette dette est effacée. Et on va même plus loin puisque, grâce aux implantations annoncées depuis deux ans, ce sont près de 20 000 emplois industriels qui sont attendus sur le territoire d’ici 2030» s’est félicité Emmanuel Macron, dans la fonderie d’Aluminium Dunkerque qu’il a visitée avant de se rendre à la Communauté urbaine de Dunkerque.
Devant un parterre d’élus locaux, de lycéens et de très nombreux salariés de l’industrie locale, le chef de l’Etat a voulu voir dans cette réindustrialisation le bien-fondé des réformes entreprises pour rendre la France plus compétitive, notamment pour les investissements étrangers. «Maintenant, a-t-il ajouté, il faut mettre le paquet sur les compétences et la formation, c’est la mère des batailles», mettant en avant «la nécessaire réforme des lycées professionnels» dont il a récemment dévoilé les contours.
«On ne va pas s'arrêter là»
Présent aux côtés du président de la République à la Communauté urbaine de Dunkerque, le président de Région, Xavier Bertrand a rappelé qu’il n’y a pas si longtemps, dans les Hauts-de-France, «on comptait les emplois qui disparaissaient. Aujourd’hui, on compte les emplois qui se créent», s’est-il réjouit. «Cette transformation repose sur l’industrie et les résultats sont là», ajoutant qu’il y avait en Hauts-de-France, «l’envie et la place pour accueillir les prolongements de ces investissements». Quant à Patrice Vergriete, maire de Dunkerque et président de la Communauté urbaine, visiblement ému, il a publiquement remercié le Président de la République pour son investissement personnel et celui de ses équipes dans la gestion du dossier «Prologium», avouant qu’il «avait rêvé de ce moment» lors de sa visite à Taïwan, il y a un mois, avec une délégation française, avant de conclure : «A Dunkerque, on aime avoir 10 ans d’avance. On ne va pas s’arrêter là».