Créanciers et actionnaires de Casino avalisent son plan de sauvetage

Créanciers et actionnaires de Casino ont sans surprise avalisé le plan de sauvegarde du groupe négocié ces derniers mois, ce qui permet au distributeur en grande difficulté financière d'avancer dans la restructuration de son...

Un supermarché Casino à Laventie, le 12 juin 2023 dans le Pas-de-Calais © DENIS CHARLET
Un supermarché Casino à Laventie, le 12 juin 2023 dans le Pas-de-Calais © DENIS CHARLET

Créanciers et actionnaires de Casino ont sans surprise avalisé le plan de sauvegarde du groupe négocié ces derniers mois, ce qui permet au distributeur en grande difficulté financière d'avancer dans la restructuration de son intenable endettement, toujours prévue à horizon mars-avril.

Il n'y avait pas tellement de suspense: créanciers comme actionnaires du groupe, qui fin 2022 comptait encore 200.000 salariés dans le monde dont 50.000 en France sous diverses enseignes (Casino, Monoprix, Franprix ou CDiscount), avaient tout intérêt à entériner ce qui constitue "l'unique solution sur la table permettant de viabiliser" le groupe, comme l'a rappelé jeudi une des administrateurs judiciaires à son chevet, Aurélia Perdereau.

Le groupe qui est entré fin octobre en procédure de sauvegarde accélérée a évoqué vendredi matin un "très large soutien des actionnaires et des créanciers".

Les actionnaires de Casino par exemple ont avalisé le projet à 98,87%, même si certains petits porteurs avaient la veille fait entendre leur colère ou leur inquiétude avant le vote formel. 

L'issue de la consultation ne faisait guère de doute dans la mesure où l'actuel PDG Jean-Charles Naouri, un des artisans de ce plan de sauvetage, est encore principal actionnaire du groupe, et où les candidats à la reprise Daniel Kretinsky et Marc Ladreit de Lacharrière détiennent aussi des parts significatives de capital.

Quant aux créanciers, les principaux d'entre eux avaient donné leur accord il y a plusieurs mois sur un plan de sauvegarde permis par l'apport d'argent frais du milliardaire tchèque et de ses alliés, Fimalac et Attestor, et qui prévoit un fort écrasement de la dette, autour de 5 milliards d'euros, qui va les léser significativement.

Etapes à franchir

Des étapes restent à franchir pour la restructuration financière du groupe, attendue pour mars-avril. Elle doit encore emporter, notamment, l'approbation de différentes autorités de la concurrence "autres que la Commission européenne", qui a donné son feu vert début janvier sur ces questions; l'autorisation du ministère de l'Economie sur les investissements étrangers et de la Commission européenne sur les questions de subventions étrangères.

Le Tribunal de commerce de Paris devra statuer le 5 février sur l'examen du projet de plan de sauvegarde accélérée, ont précisé les administrateurs judiciaires au cours de la matinée. La période de sauvegarde accélérée de Casino s'achèvera le 25 février.

Les diverses augmentations de capital doivent ensuite avoir lieu en mars et une assemblée générale des nouveaux actionnaires devra dans la foulée statuer sur la nouvelle composition du conseil d'administration, ont expliqué jeudi les administrateurs judiciaires aux actionnaires.

Ces derniers n'auront plus tellement voix au chapitre, puisqu'ils vont être massivement dilués: actuel actionnaire majoritaire, Rallye (contrôlé Jean-Charles Naouri) ne détiendra plus que 0,12% du capital.

Philippe Palazzi, appelé à devenir le directeur général du groupe une fois que les repreneurs seront actionnaires majoritaires, a présenté jeudi les grandes lignes d'un objectif de "croissance rentable et responsable", avec un programme d'investissements à hauteur de 300 millions d'euros par an jusqu'en 2028 pour redresser les comptes.

Interrogé sur l'avenir de l'équipe actuelle, il a indiqué qu'il prévoyait "des changements", mais "gardera aussi les personnes compétentes".

Accompagnement social

L'avocat Saam Golshani, qui accompagne Daniel Kretinsky dans la reprise de Casino, a quant à lui balayé les doutes d'un actionnaire sur des velléités de vente à la découpe, présentant le milliardaire tchèque comme un investisseur "de long terme".

Les repreneurs ne se sont toutefois pas opposés à l'entrée de Casino "en négociations exclusives" avec Intermarché et Auchan pour céder "la quasi-totalité" de son parc de magasins de grande taille, 313 hyper et supermarchés. Ces négociations doivent s'achever d'ici "fin janvier", selon le patron des Mousquetaires/Intermarché Thierry Cotillard.

Les syndicats réunis en intersyndicale (FO, CGT, CFDT, UNSA et CFE-CGC), y voyant un dépeçage de l'activité historique du groupe né à Saint-Etienne, ont déposé un nouveau préavis de grève allant du 9 janvier au 5 février.

L'intersyndicale a indiqué jeudi qu'elle allait négocier avant la fin du premier trimestre un "accord de méthode" pour l'accompagnement social des salariés concernés par la vente des hyper et supermarchés. Trois dates de négociation ont été arrêtées, les 18, 26 janvier et le 7 février.

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