Craintes chez les étudiants
La France, désert entrepreneurial ? Il manquerait un million d’entreprises selon le cabinetconseil parisien Didaxis. Peur, crise, manque d’appétence, contexte fiscal désavantageux... et un peu de mauvaise foi forment l’essentiel de ce qu’on peut retenir de ces six pages.
Didaxis groupe dévoile une étude courte relative à la création d’entreprise en milieu étudiant : “Point de rupture : enquête exclusive Didaxis sur les ressorts de la défiance des étudiants à l’égard de la création d’entreprise”. Il s’agit surtout d’un sondage – dont on peut regretter au passage le manque de comparaison avec les pays voisins – effectué auprès de 984 étudiants âgés entre 18 et 29 ans (hors auto-entrepreneurs), choisis selon les critères de secteur d’études, d’âge et de région de domiciliation, et interrogés par téléphone du 1er au 30 juillet 2012. Enjeu du sondage : comprendre pourquoi les étudiants français n’osent pas créer leur entreprise. Pourtant, près d’un jeune sur deux le souhaiterait mais moins d’1% de jeunes diplômés des grandes écoles osent franchir le cap… C’est d’abord la peur qui l’emporte, une attitude paradoxale pour une génération qui a tout à construire. Le contexte économique dans lequel ils ont grandi se montre majoritairement dissuasif. Les crises à répétition depuis 20 ans ont probablement instillé une appréhension de l’aléatoire. La crise fait “unanimement peur” : les étudiants sont “80% à se déclarer prêts à créer leur entreprise mais à en être dissuadés par l’insécurité liée au contexte économique actuel et par manque de visibilité”. Les 20% restants disent ne pas avoir d’idée (9%), ne pas avoir confiance (5%), avoir peur (3%) ou diverses autres raisons (3%) .
Changer de pays pour créer ?Autre chiffre : 88% des étudiants se disent avoir été dissuadés par leur entourage de créer leur société. Bottent-ils en touche ou leurs parents redoutent-ils autant qu’eux l’avenir ? En 2008, deux
tiers des étudiants en cours de cursus déclaraient vouloir devenir fonctionnaires. Les étudiants reprochent aussi à leur pays de ne pas favoriser la création d’entreprise. En cause, “l’environnement f iscal” jugé insuff isamment incitatif. Courageux, près d’un quart de sondés déclarent être prêts à changer de pays pour pouvoir le faire. Et si la France changeait sa fiscalité, ils seraient 74% à se lancer. Mais les jeunes reculent vite en déclarant que “les hommes et les femmes politiques ne portent pas assez de mesures susceptibles de leur faciliter la tâche” ; 76% dénoncent le manque de mesures concrètes audelà des discours. Reste 1% qui estime que la politique n’impacte plus l’économie pendant qu’un cinquième pense que les politiques “font leur maximum”. Pessimistes, les étudiants iront peut-être gonfler les chiffres des autoentrepreneurs si le statut est conf irmé par le gouvernement. Ils seront peut-être adeptes de revenus divers et d’activités complémentaires. Le groupe Didaxis voit en tout cas dans ce sondage un “signal d’alarme qu’il convient de prendre au sérieux pour sauver notre tissu entrepreneurial”.