Dossier

Coworking en pleine croissance

Vingt-cinq ans après l’arrivée du coworking en France, l’épiphénomène s’est inscrit dans le temps et affiche une croissance insolente soutenue par une offre diversifiée qui ne séduit pas seulement dans les grandes agglomérations urbaines. À la campagne, c’est l’espoir d’une redynamisation qui motive les porteurs de projets.

© workici
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Une hausse impressionnante de 23 % en 2023. Un succès qui s’explique par l’adéquation entre l’offre et les besoins des entreprises. Et contrairement à ce que certains croient, les coworkers ne sont pas des jeunes start-uppeurs en basket-casquette installés dans un open-space.

Une enquête Asterès(1) réalisée en 2023 révèle que l’âge moyen des usagers est de 40 ans, 53 % sont des femmes et 75 % d’entre eux vivent en Île-de-France ou dans une capitale régionale. 83 % sont des salariés travaillant dans des PME, de quoi revoir l’image du coworking à tort associé aux indépendants et jeunes entrepreneurs. Le choix de cet espace de travail alternatif et flexible marque par ailleurs un usage semblable à celui des bureaux dits traditionnels. Si seulement 20 % des coworkers y travaillent à temps plein, 48 % s’y rendent entre deux et quatre jours par semaine.
À l’heure où un changement de modèle d’organisation du travail s’impose, l’étude met également en avant les bénéfices pour les travailleurs qui fréquentent ces tiers-lieux que ce soient une baisse du stress pour 30 % des interrogés, une forte augmentation du bien-être qui joue forcément sur la productivité en hausse pour 39 % des sondés.

Entre attractivité et sérénité

Si l’offre se concentre principalement sur huit pôles urbains dont Paris reste le berceau du coworking (avec quasiment 25 % des demandes à elle-seule) en raison de la concentration des entreprises, des indépendants, Metz est numéro 1 des villes où il fait bon de télétravailler selon un classement inédit mis en avant par Le Parisien en décembre 2024. La préfecture de la Moselle profite de sa proximité avec la capitale, le Luxembourg, boostée par des prix modérés de l’immobilier. Si travailler à distance est devenu un souhait pour beaucoup, le télétravail à domicile est désormais boudé, compte tenu des risques d’isolement. Le Covid a laissé des traces. Les espaces de coworking séduisent particulièrement la grande majorité des télétravailleurs qui préfèrent séparer vie personnelle et vie familiale.

Selon l’Insee, en 2021, une analyse de la répartition des espaces de coworking français au regard de la densité communale montre que 31 % de ces espaces sont situés, hors des zones densément peuplées. Dans cette compétition, les zones rurales moins dotées ont su tirer leur épingle du jeu. Un constat fait il y a déjà quatorze ans par Julien Didry, ancien maire de Bras-sur-Meuse et actuellement vice-président du département de la Meuse. Pionnier, il mise sur cette nouvelle organisation du travail qui peut profiter à la ruralité en accueillant à l’hôtel de ville les premiers coworkers de Meuse. Depuis, l’offre s’est diversifiée dans cette commune avec des services supplémentaires comme une cuisine ou une douche accessible pour les amateurs de sport entre midi et deux.

Cette «premiumisation» est d’ailleurs observée chez les acteurs principaux du coworking, notamment dans la capitale où les espaces hauts de gamme émergent équipés de salles de sport, d’espaces bien-être, de conciergerie se multiplient. Les options sont désormais nombreuses, entre assistance informatique, domiciliation d’entreprise, dépôt de colis avec un rôle indispensable des technologies (réservations des salles…).

Le coworking se structure désormais de tendances comme avec le petit nouveau, le bureau opéré (BOP) qui offre des services clef en main et un bail flexible. Et demain ? Le bureau devra se verdir et devenir responsable pour prendre en compte les nouvelles exigences environnementales et sociétales. Et pourquoi pas des lieux hybrides où la mixité entre entreprises, administrations et services s’imposera à tous ? C’est en tout cas une option étudiée de près par certains élus.