Covivo trace sa route

L’ambassadeur lorrain du covoiturage fête ses 5 ans. De Resautom, l’association fondée par deux amis d’enfance, à Covivo l’entreprise qui emploie aujourd’hui 13 salariés, portrait d’une jeune boîte qui carbure… au partage !

L’une des oeuvres de Covivo : le site Mobilithi, réalisé pour Thionville.
L’une des oeuvres de Covivo : le site Mobilithi, réalisé pour Thionville.
L’une des oeuvres de Covivo : le site Mobilithi, réalisé pour Thionville.

L’une des oeuvres de Covivo : le site Mobilithi, réalisé pour Thionville.

«Du conseil en mobilité partagée pour développer des solutions alternatives à l’autosolisme.» Pour cerner l’activité de Covivo, il faut plonger dans un vocabulaire très abstrait mais très tendance. En clair, la société nancéienne crée des sites internet destinés aux entreprises et aux collectivités, pour proposer à leurs salariés ou habitants des alternatives à la voiture : covoiturage, autopartage, train ou transports en commun… Mais ce qui fait battre le coeur de Covivo depuis sa naissance, c’est la promotion du covoiturage.

Au commencement était Resautom
Tout commence en 2007, à la genèse du covoiturage, avec deux amis lorrains, Matthieu Jacquot et Marc Grosjean. «Je faisais souvent du covoiturage, mais les sites existants n’étaient pas très performants», se souvient Matthieu, apôtre de cette pratique. «C’est prouvé statistiquement : le covoiturage, c’est moins de stress et moins d’accidents. Devant d’autres personnes on conduit mieux. On le voit sur les sites grand public : pour continuer à covoiturer, il faut être considéré comme un bon conducteur.» Ils créent sous la forme de l’association Resautom le site gratuit : www.covoiturage-dynamique.eu, destiné au grand public et intègrent l’incubateur de Sciences Po Paris. En 2009, l’association se mue en une start-up, Covivo, qui fait entrer des investisseurs dans le projet. En 2010, Marc et Matthieu s’en retournent évangéliser leur terre natale avec leurs solutions alternatives à l’automobile. «C’était Paris ou la Lorraine, et comme on n’avait pas envie de vivre à Paris…», résume Matthieu avec une moue lourde de sens. Direction le CAREP (Centre d’accueil et de ressources pour entreprises) de Pompey, «pour rester en dehors de la guéguerre Nancy-Metz», ou avant de prêcher le partage automobile, ils commencent par partager leur bureau avec une autre société de la pépinière. Leur commercialisation démarre en septembre 2010, «mais BlaBlaCar a fait à ce moment-là une levée de fonds de 12 m€. Avec notre mise de départ de 100 000 €, on ne pouvait pas rivaliser.» Changement de positionnement : ils cibleront désormais les collectivités et les entreprises. «Les frais de déplacement peuvent être un poste d’économies important. À défaut d’augmenter les salaires, on peut aider ses collaborateurs à diminuer leur budget transport !», argumente Matthieu.

«Locaux partage»
Fin 2013, Covivo, qui a entretemps embauché 13 salariés, s’installe à Nancy dans les mêmes locaux qu’Autopi – une autre start-up nancéienne spécialisée, elle, dans l’autopartage – pour mener des projets en commun. «C’est aussi plus pratique pour nos salariés, et pour nos clients venant de Paris. On ne peut pas développer des solutions alternatives à la voiture et ne pas se trouver dans un endroit accessible !» Covivo compte aujourd’hui des clients en Bretagne, Rhône-Alpes, Jura, Bourgogne, mais aussi à l’étranger avec la Suisse ou la Belgique. En 2013, la société a lancé «Covibook», un système d’optimisation de la flotte des véhicules d’entreprise : «ce système garantit la meilleure optimisation possible du parc de véhicules et affecte les voitures en fonction de la consommation. Car si vous laissez faire les salariés, ils choisissent souvent celles qui consomment le plus !»
Leader du covoiturage en Lorraine, Covivo connaît au niveau national trois concurrents principaux : la Roue Verte, 123envoiture.com et BlaBlaCar, le géant du covoiturage entre particuliers. Mais la petite Covivo l’avoue : elle louche vers ce dernier avec l’envie de lui faire un jour de l’ombre. «Il faut qu’on puisse dans le futur récupérer les mécontents de BlaBlaCar», indique Matthieu Jacquot. Un David contre Goliath version écolo ?