Covid-19 : Les travaux publics veulent stopper le travail
En Bourgogne-Franche-Comté comme ailleurs sur le territoire, les entreprises des travaux publics demandent à arrêter leur activité pour mettre leurs salariés au confinement. Mais l’Etat ne l’entend pas de cette oreille.
« Pas de danger du tout » affirmait dimanche 22 mars, la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, en parlant de certaines activités professionnelles, dont le bâtiment et les travaux publics, sous réserve de suivre des mesures de protection. Le gouvernement juge en effet que les chantiers des BTP s’inscrivent parmi les activités essentielles de l’économie. Pourtant, les chefs d’entreprises des travaux publics, comme ceux du bâtiment, préfèreraient voir leurs salariés confinés eux aussi. Pour Vincent Martin, président de la fédération des travaux publics de Bourgogne Franche-Comté, qui a déjà renvoyé ses équipes à leur domicile, « l’Etat ne vas pas dans le sens d’un arrêt de l’activité ».
Rupture d’approvisionnements.
En fin de semaine dernière, le ton était monté entre le gouvernement et les représentants des professions du bâtiment et des travaux publics. Jusque-là, les travaux publics étaient autorisés à travailler et le sont toujours. Une situation jugée inadmissible et intolérable par Vincent Martin. « Nous avons arrêté car nous sommes responsables de la santé de nos équipes. On ne peut pas confiner une certaine partie de la population et laisser d’autres salariés aller au contact » avait-il jugé le 18 mars dernier. Par ailleurs, devant l’inertie ambiante, le dirigeant de l’entreprise Roger Martin s’attend à voir les entreprises encore au travail, devoir s’arrêter faute de fournisseurs. Sur ce point, les pouvoirs publics et la fédération du négoce de bois et des matériaux de construction annonçaient des négociations en vue d’une réouverture des points de vente au profit des professionnels. « Plus on sera confiné, plus on sortira vite et on pourra mieux redémarrer. Déjà, la sortie de crise risque d’être dramatique pour bon nombre d’entreprises parmi les 1 100 de la région. »
Indemnités et sécurité.
Alors que les dirigeants ont fermé les chantiers, la reconnaissance du chômage partiel n’est pourtant pas encore confirmée pour le secteur. Elle permettrait aux entreprises du BTP de pouvoir compter sur une indemnisation de l’Etat correspondant à 84% du salaire net. « On devrait en savoir plus en fin de semaine, autour du 27 mars » précise Vincent Martin. Pour l’heure, le gouvernement a simplement donné la possibilité aux chefs d’entreprise d’imputer d’une semaine de congés payés à leurs salariés. Opposé à la reprise du travail de ses équipes, le président de la FRTP, revient également sur l’accord évoqué entre sa fédération et l’Etat. Une disposition qui ne s’envisage que sous certaines conditions.
« Nous attendons qu’un protocole soit signé entre les syndicats des salariés et les ministères du travail et de la santé. Mais aussi que les conditions sanitaires nécessaires soient mises en place, que les chantiers reprennent si une urgence menaçait la sécurité publique et que cette priorité soit définie par le chef d’entreprise. Sans ce protocole complet, les chantiers resteront gelés. » Pour les 12 000 salariés des travaux publics de Bourgogne-Franche-Comté, il rappelle qu’il en va avant tout de « la santé des salariés et de la responsabilité des dirigeants. » De son côté, le dirigeant d’entreprise qu’il est ne conçoit pas de renvoyer ses équipes sur les chantiers.
Aletheia Press, Nadège Hubert