Coup de projecteur sur les comptes du Grand-Palais
L’imposante pépite d’acier au cœur de Lille peut se targuer de drainer des millions de visiteurs par an en combinant salles de spectacle et salons. Lille Grand-Palais est une véritable turbine économique. Un mastodonte avec des comptes gonflés à bloc qui ne devraient pas fléchir en 2013.
Gare à celui qui, un soir de salon ou de concert, croirait circuler en toute tranquillité autour d’un Grand-Palais, bourré à craquer. Au total, 1 048 000 visiteurs, dont 694 000 pour LGP et 354 000 pour le Zénith Aréna, ont afflué de tous les horizons le temps d’une saison afin d’investir les entrailles du site. Le géant vêtu d’acier s’impose comme un orfèvre culturel et financier qui brille au niveau local, national et international. Lille Grand-Palais et le Zénith Aréna, qui en dépend, ont engendré un chiffre d’affaires de 16,467 millions d’euros en 2011. Même après avoir versé une redevance de 2 millions d’euros à la ville de Lille, cet ensemble qui contribue à la richesse régionale absorbe 130 000 euros de bénéfices, loin d’être une modeste somme. «Il faut saluer cette performance», se réjouit Jaques Richir, président de la société d’économie mixte gérant le site et adjoint au maire de Lille. Et d’ajouter : «Généralement, le même genre d’équipements implantés dans d’autres villes de France d’une taille identique sont déficitaires, alors que LGP est bénéficiaire et n’a pas besoin de subventions pour subsister, bien au contraire.» Bien plus qu’une entreprise qui tourne à plein régime, l’impact économique sur les prestataires locaux s’élève à 61 millions d’euros, impulsé par une proximité avec le centre-ville à deux pas. Alors, lorsqu’un événement d’envergure est annoncé, chacun sait qu’il pourra récolter les deniers injectés par la marée de congressistes venus pour l’occasion. Une aubaine que les 82 salariés ne prennent pas à la légère en s’exécutant comme de véritables petits soldats afin de parachever une organisation presque militaire.
Vision budgétaire prudente. Dans un contexte pourtant peu favorable, le domaine événementiel semble à première vue ne pas trop souffrir de la crise. Séminaires, congrès et salons défilent à la chaîne, signe que les entreprises veulent garder la tête haute en reflétant une image positive, le temps de quelques échanges expéditifs. «En forte saison, nous avons un taux de remplissage entre 80% et 90%. Nous pouvons accueillir quatre à cinq événements dans la même semaine. Mais si nous calculons sur 365 jours, nous avons un taux d’occupation de 40%», souligne Cédric Fiolet, le directeur de Lille Grand-Palais. Du 1er juillet au 30 juin, LGP a comptabilisé 298 événements à son actif (167 congrès et séminaires, 34 salons et expositions, 5 événements, 92 spectacles) et envisage une prochaine saison florissante, même si les perspectives restent souvent incertaines. «Nous conservons toujours une vision budgétaire prudente”, insiste Jacques Richir. «Concernant les événements d’entreprise, tels que les séminaires, nous avons une visibilité assez courte, idem pour le marché du spectacle, alors que pour les événements associatifs, nous pouvons nous projeter sur trois ans», rebondit Cédric Fiolet. A y regarder de plus près, le malaise financier s’inviterait-il alors indéniablement aux portes du Grand-Palais ?
Services sur mesure. Si les annulations de dernière minute mettent à mal une organisation bien ficelée, certaines surprises peuvent aussi insuffler un nouveau souffle, surtout en phase d’inactivité. «Nous avons accueilli l’été dernier les Jeux mondiaux des sports de l’esprit qui devaient initialement se produire en Angleterre. Nous avons été contactés en mai pour boucler une manifestation prévue en août. Même si les équipes ont dû mettre les bouchées doubles, cela a vraiment été une belle surprise», rappelle Jacques Richir. Cet événement a donc fait des vagues pendant la période creuse. Puis, pour pallier le manque d’activité, surtout lors des vacances scolaires, LGP crée l’événement avec le Salon du chocolat ou encore Kids Park afin d’attirer le grand public et ainsi battre des records d’entrée. LGP mise aussi sur une source de créativité et des prestations taillées sur mesure pour apporter un confort maximum aux congressistes, depuis le départ de leur domicile jusqu’à leur retour (hôtel, tourisme…). Collaborant déjà avec des partenaires pour fournir des offres clés en main, LGP s’investit de plus belle depuis septembre dernier avec le lancement de son propre service, agrémenté d’un accueil métamorphosé.
Premier Zénith de province. LGP n’est pas le seul à avoir du succès. Le Zénith Aréna a lui aussi tout d’un grand. Pour la saison 2011-2012, il comptabilise 92 manifestations. Britanniques, Néerlandais, Belges, Parisiens, Lillois ont afflué en masse. Depuis deux ans, il conserve sa place de premier Zénith de province, avec un taux de remplissage particulièrement bon pour une jauge comprise entre 2 000 et 7 000 spectateurs. Il se hisse alors en haut du podium, mais cette victoire a un coût, celui de l’affairement de la dizaine de salariés. «Nous ne sommes pas loin de faire les trois huit pour assumer tous les préparatifs et accueillir une centaine d’événements par an», avoue Aurélien Binder, le directeur de la salle des spectacles qui s’attache vraiment à des prix de billets « démocratiques». «C’est important, surtout que le Zénith programme davantage de spectacles que de concerts», ajoute le directeur. Et même lorsque le Grand Stade mettra à l’affiche ses premiers concerts grandioses et sera transfiguré en 24 heures chrono pour l’occasion, LGP n’a pas de craintes à avoir. «Le Zénith Aréna peut accueillir 7 000 spectateurs et compte 4 500 places assises. La capacité du Grand Stade commence presque là où celle du Zénith s’arrête, donc c’est un site complémentaire», assure Aurélien Binder. Bien que confiant, LGP surveille de près son concurrent du Pas-de-Calais, le stade couvert de Liévin, doté d’une salle polyvalente pouvant accueillir jusqu’à 14 000 spectateurs et plus de 6 000 personnes lors de certaines manifestations sportives. Mais pour l’heure, dans les couloirs, tous les regards sont tournés vers le Salon de l’étudiant prévu en janvier et qui reste l’une des dates phare du mastodonte d’acier.