Coup de jeune pour la CILA à Aulnoye-Aymeries
Vincent Dereux est entré dans cette entreprise spécialisée dans la collecte, le traitement et le recyclage des huiles usagées en 2008. Confronté à de gros dossiers, il a vite appris le métier de chef d’entreprise.
Vincent Dereux, 40 ans, est l’un des lauréats 2017 de l’association Réseau Entreprendre Hainaut. Depuis septembre, il est dirigeant de la CILA (Compagnie industrielle des lubrifiants d’Aulnoye), à la fois propriétaire et président de cette SAS de six personnes, non loin de la gare d’Aulnoye-Aymeries. «L’histoire de la CILA remonte à 1928 et j’en suis le 4e dirigeant», souligne-t-il. En 2008, à son arrivée dans l’usine, dirigée par son beau-père, Bernard Fontaine (qui a pris sa retraite en 2017), Vincent Dereux a dû s’atteler à une double tâche : changer un processus de traitement des huiles industrielles qui, à la fois, incommodait les riverains et rendait difficile d’envisager un déménagement. «L’entreprise traversait de mauvais moments, reconnaît-il, j’ai dû faire un état des lieux et m’attaquer à ce qu’il fallait restructurer.» Vincent Dereux a obtenu un DUT de mesures physiques à Villeneuve-d’Ascq. «Avant, poursuit-il, j’étais technicien dans l’environnement, chargé de contrôler les rejets atmosphériques des entreprises. À la CILA, j’ai appris mon métier de manager. La CCI et les clubs de chefs d’entreprise m’ont été utiles. Le projet de rachat est, lui, arrivé très vite, en 2012. Quant au dossier de reprise, lancé en 2016, il a été monté avec l’accompagnement de Réseau Entreprendre Hainaut. Un soutien qui m’a permis d’obtenir deux prêts personnels (de 25 000 €), indispensables pour séduire les banques.»
Processus industriel changé
L’activité de la CILA, c’est la collecte des huiles claires usagées, leur traitement, leur régénération en vue de les remettre dans le circuit industriel. S’y ajoutent un négoce de produits pétroliers et une collecte d’huiles végétales venant de la restauration. L’usine, installée sur 3 000 m2 , est une installation classée pour la protection de l’environnement (ICPE). Premier gros chantier : changer le système d’évaporation de l’eau, qui doit être séparée de l’huile. Même avec des filtres, il y avait des rejets malodorants dans l’air, dont se plaignaient les riverains. «On a investi dans un système fonctionnant en circuit fermé et limitant les risques de nuisances.» Près de 3 000 tonnes d’huiles sont traitées par an et 950 m3 sont stockées. Les huiles collectées sont contrôlées, triées, déshydratées et classées par familles. «Les produits traités retournent dans l’industrie : décoffrage des bétons, chaînes de tronçonneuses, bases pour l’industrie…» Deuxième chantier : déménager l’entreprise «dans un rayon de 50 km». Pas simple étant donné l’image de l’entreprise. Des mairies (Feignies, Avesnelles…) ont d’ailleurs refusé de l’accueillir. «Ça fait cinq ans qu’on cherche et le projet a été ralenti, le temps d’organiser la reprise.» CILA n’a pas changé d’adresse depuis 1928, mais le jeune patron sait que l’on ne peut pas laisser une telle entreprise en secteur urbain. Autres projets : redorer l’image grâce au concept d’économie circulaire et exporter.