Côte-d’Or et Saône-et-Loire : des moissons en demi-teinte
Les moissons 2022 s’achèvent, plus précoces qu’à l’accoutumée, après avoir subi les aléas climatiques. Également marquées par le conflit en Ukraine, les récoltes doivent faire face à une fluctuation inhabituelle des prix qui peut être lourde de conséquences.
Blé, orge ou encore colza, les moissons de céréales s’achèvent en Côte-d’Or et en Saône-et-Loire. A la coopérative Bourgogne du Sud, qui compte 1 200 producteurs entre les deux départements, ces trois cultures représentent à elles seules 90 % des produits récoltés. « Le reste concerne les cultures secondaires comme le triticale ou les pois protéagineux » précise Bertrand Combemorel, directeur de la coopérative. Avec des exploitations comprises entre 5 et 400 hectares, les agriculteurs coopérateurs ont récolté 48 000 hectares de céréales d’été. 200 000 tonnes de blé, 70 000 tonnes d’orge, 30 000 tonnes de colza. « C’est une année moyenne en tonnage, ni exceptionnellement bonne, ni catastrophique, à l’exception des exploitations touchées par les aléas climatiques. »
Selon l’expert, la France n’a pas à s’inquiéter de son indépendance alimentaire en blé tendre, utilisé pour le pain et les viennoiseries. « La France exporte chaque année entre 17 et 19 millions de tonnes, nous avons de la marge. »
Changement climatique en marche
Une sécheresse durable en mai dernier, puis violente grêle à quelques jours des récoltes, quand les céréales arrivaient à maturité, les cultures ont largement souffert de la météo. « Le rendement moyen pour l’orge atteint 6,8 tonnes mais avec une grande hétérogénéité allant de 2,5 à 10 tonnes selon les exploitations. » Il en va de même pour les colzas et les blés. Heureusement, la qualité assure les débouchés. D’ailleurs, la coopérative Bourgogne du Sud dispose d’une excellente réputation du fait de sa capacité à séparer les différentes variétés.
« Grâce à un équipement en silo avec de nombreuses cellules qui nous permettent de faire des lots de blés différents, nos clients meuniers gagnent une meilleure traçabilité et un meilleur tri tandis que nous pouvons négocier une valeur ajoutée pour nos adhérents. »
Des prix en dents de scie
Les récoltes 2022 ont également été marquées par une certaine précocité. « Nous avons moissonné avec deux semaines d’avance mais aussi plus vite grâce à des exploitations disposant d’équipements plus performants. Dans le cadre d’une évolution du climat, cette force de frappe apporte une réactivité face à des conditions chaotiques. »
S’il s’adapte au mieux, le monde agricole doit aussi composer avec un marché volatile et des records de prix où la tonne de blé a atteint jusqu’à 430 euros. S’ils sont redescendus à 330 euros environ à la fin juillet, ils n’en restent pas moins supérieurs à ceux enregistrés en 2021. « L’impact du conflit en Ukraine est estimé à une hausse de 120 euros environ. » Même si à première vue les agriculteurs pourraient sortir gagnant de cette augmentation du prix de vente, le responsable de la coopérative modère ce constat. « Il est difficile de se positionner tandis que le prix des intrants pour 2023, les engrais notamment, connaissent de fortes hausses également. Si les ventes et les achats ne se font pas au bon moment, les adhérents finir par exploiter à perte. »
Pour Aletheia Press, Nadège Hubert