Formation

Cosserat, une histoire transgénérationnelle

Le livre De Cosserat tu causeras réalisé par 45 élèves de Bac pro du lycée des métiers Édouard Gand vient de paraître. Un projet inédit abordé sous l’angle "hommes et femmes au travail et de la "Première Guerre Mondiale" qui donnera lieu à un spectacle en juin prochain

L’usine Cosserat a été en activité pendant plus de 200 ans (© Archives Départementale de la Somme / 10R83)
L’usine Cosserat a été en activité pendant plus de 200 ans (© Archives Départementale de la Somme / 10R83)

« Dans le cadre du programme d’histoire nous devions traiter des hommes et femmes au travail et ainsi que de la Première Guerre Mondiale. L’usine Cosserat pouvait répondre à ces deux thématiques. Mais il fallait sortir du cadre scolaire pur, c’est comme ça qu’est née l’idée du livre », explique Louis Teyssedou, professeur d’histoire au sein du lycée des métiers Édouard Gand. Frédéric Sannier, directeur de la culture au Département de la Somme et Philippe Dessaint à la tête de l’entreprise CIT Dessaint, implantée sur une partie du site Cosserat, apportent immédiatement leur soutien à ce projet inédit.

Un projet collectif

« Nous avons présenté l’idée du livre sur la Trousse à projets, une plate-forme de financement participatif dédiée aux projets pédagogiques. L’objectif était de réunir 3 000 euros », détaille Louis Teyssedou. En parallèle, avec deux classes de première Bac pro Services proximité vie locale et Accompagnement services soins à la personne, l’enseignant part à la recherche d’archives pouvant éclairer l’histoire du mythique fabriquant de velours. « Aux Archives départementales de la Somme nous avons trouvé 30 documents, dont des plans, des photographies, qui nous permettaient de traiter notre sujet », dit-il encore. Avec leur regard actuel, les élèves écrivent des textes pour accompagner leurs trouvailles.

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Le livre a été mis en page par la graphiste Juliette Fabijan (© J.Fabijan)

« On sent que Me too est passé par là, tout le monde a été choqué par ces photos avec les ouvrières de dos et un homme au centre. Il a fallu re-contextualiser, expliquer… », ajoute Louis Teyssedou qui a aussi puisé dans le fonds Berthelé, du nom d’un ingénieur chimiste, photographe amateur qui était en poste à Amiens en 1915. Embarquées par l’histoire de la manufacture, trois élèves ont découvert que leurs arrière-grands-mères avaient travaillé chez Cosserat, provoquant un nouveau dialogue intergénérationnel. « La CPE du lycée a retrouvé le carnet d’ouvrière de sa grand-mère. Il a été numérisé dans nos locaux pour pouvoir l’intégrer au livre », sourit Louis Teyssedou.

Transmettre une histoire

En quelques semaines, le compteur de la Trousse à projets s’affole pour atteindre 8 535 euros. Pour les donateurs les plus généreux, la classe de seconde Métiers de la mode et du vêtement a imaginé une pochette en velours ornée d’un bouton en bois. Le tissu, donné par Philippe Dessaint est un velours issu de la manufacture Cosserat.

En plus de l’ouvrage, un spectacle devrait voir le jour en juin prochain. L’initiative est accompagnée par la compagnie Issus de Secours. « Les élèves ont accroché tout de suite parce que nous travaillons avec des CP-CE1 de l’école du Chemin des Hayettes. Il y a un acte de transmission qui leur plait beaucoup », souligne Louis Teyssedou. Avant de poursuivre : « Les anciens de Cosserat suivent aussi ce que nous faisons. Ils sont particulièrement touchés que ce soit des jeunes qui s’approprient cette histoire et qui la fassent revivre. »