Corse: une étudiante, sans doute ciblée par erreur, tuée par balles
Une jeune femme de 19 ans, étudiante à l'université de Corte, a été tuée par balles samedi soir au volant d'un véhicule en Haute-Corse, après avoir été vraisemblablement ciblée par erreur. Un drame qui a ravivé les appels à intensifier...
![Le bar "Le Lamparo", le 24 décembre 2024 à Ajaccio, en Corse, où un homme a été tué par balle et six autres personnes blessées dans la nuit du 23 décembre 2024 © Pascal POCHARD-CASABIANCA](/thumbs/1368×1026/articles/2025/02/36XV9FV.jpg)
Une jeune femme de 19 ans, étudiante à l'université de Corte, a été tuée par balles samedi soir au volant d'un véhicule en Haute-Corse, après avoir été vraisemblablement ciblée par erreur. Un drame qui a ravivé les appels à intensifier la lutte contre la criminalité organisée dans l'île.
La victime est décédée "des suites de blessures par balles alors qu'elle circulait seule au volant du véhicule habituellement utilisé par son compagnon", dans le village de Ponte-Leccia, sur la commune de Morosaglia, a indiqué dans un communiqué le procureur de la République de Bastia, Jean-Philippe Navarre.
"En l'état, aucune hypothèse ne peut complètement être exclue ou privilégiée, mais il est très probable que la victime visée n'ait pas été celle recherchée par les tireurs, dans un contexte très évocateur des agissements de la grande criminalité organisée", a-t-il précisé.
Une voiture brûlée a été ensuite découverte sur la commune de Tralonca, à une vingtaine de kilomètres de Morosaglia, sans qu'aucun lien ne puisse être établi à ce stade avec l'homicide, selon le procureur de Bastia.
"Cette violence impardonnable a coûté hier la vie d'une jeune étudiante de l'université de Corte", ont dénoncé dans un communiqué commun les préfets de Corse et de Haute-Corse.
"Il s'agit du troisième homicide commis en Corse depuis le début de l'année 2025, dans un contexte de violences entretenu par des groupes liés à la criminalité organisée", ont rappelé Jérôme Filippini et Michel Prosic, condamnant cet acte "avec la plus grande fermeté".
Tragédie sans nom
"La répétition des assassinats est insoutenable", a réagi la section corse de la Ligue des droits de l'Homme, appelant dans le communiqué à "ne pas abandonner notre jeunesse face à cette banalisation de la violence dont elle est souvent la première victime".
La Juridiction interrégionale spécialisée de Marseille (Jirs) "se saisit de la poursuite de l'enquête" ouverte pour homicide volontaire en bande organisée, a précisé le procureur de Bastia.
"Face à cette tragédie sans nom, le moment est au deuil et à la compassion. Viendra ensuite, dès les jours à venir, la nécessité d'exprimer collectivement notre refus des dérives mafieuses, qui menacent d'engloutir les vies et les espoirs de notre peuple et de nos enfants", a déclaré sur le réseau social X Gilles Simeoni, le président du conseil exécutif de Corse.
Ce dernier avait été invité fin janvier par les plus hauts représentants de l'Etat sur l'île à prendre part prochainement, avec la présidente de l'Assemblée de Corse Marie-Antoinette Maupertuis, à une "réunion de travail" sur la criminalité organisée.
"J'aurai l'occasion d'évoquer cette invitation lors de la session spéciale sur les dérives mafieuses de l'Assemblée de Corse le 27 février", avait indiqué M. Simeoni début février à l'AFP.
Avec pour mot d'ordre "ASSASSINI, MAFFIOSI, FORA" ("assassins, mafieux, dehors"), deux collectifs antimafia corses, "a Maffia no a Vita ie" (non à la mafia, oui à la vie) et le collectif Massimu Susini ont lancé dimanche un appel à manifester le 22 février à Ajaccio.
Depuis la fin de l'année 2024 et le meurtre d'un jeune pompier, dans un bar très couru de la jeunesse ajaccienne, ainsi que deux règlements de comptes en Haute-Corse en janvier, des appels se multiplient pour sortir du cycle de violences qui ensanglante l'île depuis des années.
Un autre homicide a eu lieu à Borgo (Haute-Corse) dans la nuit du 7 au 8 février 2025 mais dans un contexte familial, sans lien a priori avec la criminalité organisée.
Avec "18 homicides et 16 tentatives d'homicides" en 2024 pour 355.000 habitants --l'équivalent de la population de Nice--, la Corse se place "au premier rang national en la matière", a rappelé récemment Jérôme Filippini.
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