Contre les violences faites aux femmes, une marée violette dans les rues
Une marée violette, la couleur du féminisme, a envahi les rues de plusieurs villes de France samedi pour la Journée internationale contre les violences faites aux femmes: des dizaines de milliers de personnes ont manifesté...
Une marée violette, la couleur du féminisme, a envahi les rues de plusieurs villes de France samedi pour la Journée internationale contre les violences faites aux femmes: des dizaines de milliers de personnes ont manifesté pour réclamer notamment des moyens supplémentaires au gouvernement.
"Elles étaient des mères, nos filles, nos soeurs, nos amies": en tête du cortège parisien, les manifestantes brandissaient les portraits de femmes tuées par leurs conjoints.
Parmi ces victimes, Solveig, mère d'un garçon de trois ans que son oncle a emmené à la marche dans sa poussette. "Je veux qu'il voie qu'il y a d'autres mamans disparues", dit à l'AFP Sigvald Yvetot, 48 ans.
"Nous ne voulons plus compter les mortes, nous ne voulons plus avoir à manifester!", a lancé Maëlle Noir, de la coordination nationale du collectif Nous toutes, qui avait appelé à défiler avec d'autres associations féministes et des syndicats, rejoints par plusieurs partis de gauche.
La marche a rassemblé 80.000 personnes entre la place de la Nation et la place de la République selon Nous toutes et la CGT, 16.500 personnes selon la préfecture de police.
En 2022, 118 féminicides ont été recensés, un chiffre quasi stable par rapport à 2021, selon les chiffres officiels. Sur les 11 premiers mois de 2023, les associations féministes ont répertorié 121 féminicides.
La "persistance de la violence faite aux femmes n'est pas une fatalité", "nous devons y mettre fin et nous allons le faire", a déclaré Emmanuel Macron dans une vidéo postée dans la matinée sur les réseaux sociaux.
Il a énuméré les actions déjà mises en place (élargissement des horaires du 3919, mise en place d'une plateforme numérique d'accompagnement, facilitation du dépôt de plainte, augmentation du nombre d'enquêteurs dédiés, déploiement de "téléphones grave danger" et de "bracelets danger immédiat", création de places d'hébergement d'urgence) et s'est félicité d'efforts "qui ont porté leurs fruits".
Violeur, on te voit
Des mesures loin du compte pour les manifestants, qui réclament un plan d'au moins 2 milliards d'euros pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles, "quand l'Etat n'en dépense que 185 millions", selon Suzy Rojtam, du collectif Grève féministe.
"Du saupoudrage", déplore Muriel Guibert, co-délégué générale de Solidaires, venue manifester avec l'intersyndicale avec les numéros unes de la CDFT Marylise Léon et de la CGT Sophie Binet.
"On n'en parle plus, mais dans les faits, ça ne bouge pas. Tous les jours mon employeur regarde ma poitrine pour me parler", raconte Lucie, 33 ans, qui travaille dans un centre de formation à Paris et préfère taire son patronyme.
Dans toute la France, les manifestants - beaucoup de femmes mais aussi des hommes - ont défilé dans une ambiance festive et dansante, au son des tambours, de chansons féministes ponctuées par des vagues de sifflets.
Sous une marée de pancartes violettes: "Protégez vos filles, éduquez vos fils" (Lyon), "En France, un viol toutes les 6 minutes" (Lille), "On ne nait pas femme mais on en meurt", "Danser sans être droguée", "Quand je sors, je veux être libre, pas courageuse" (Strasbourg), "Ras le viol" (Paris).
A Toulouse, Aty, Iranienne de 35 ans, l'empreinte rouge vif d'une main peinte sur le visage, levait une pancarte "Violeur on te voit, victime on te croit".
"Je suis d’une génération où, lorsqu’il arrivait un problème de violences ou de maltraitance dès l’enfance, on cachait les choses, on gardait secret. Aujourd’hui la parole s’est libérée, se réjouit Anne Tatareau, 62 ans, jeune retraitée qui défilait à Bordeaux.
La guerre entre Israël et le Hamas s'est invitée dans la manifestation parisienne: des manifestants agitaient des drapeaux palestiniens, en soutien aux femmes de ces territoires, d'autres brandissaient des pancartes "le Hamas viole".
Quelque 200 manifestantes étaient venues pour "dénoncer les féminicides contre les femmes israéliennes commis par le Hamas", a expliqué Maya, qui n'a pas souhaité donner son nom de famille. "Mais les forces de l'ordre nous ont demandé de retirer notre banderole +pour notre sécurité+ et nous n'avons pas défilé".
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