Continuer à développer économiquement et culturellement le Louvre-Lens

La nouvelle directrice du Louvre-Lens est une femme de terrain. Après avoir arpenté les régions de France et dirigé plusieurs départements et musées, Marie Lavandier se retrouve propulsée à la tête du Louvre-Lens avec la ferme intention de poursuivre son développement et d’ouvrir un peu plus encore le musée vers ses publics. Rencontre.

Le Louvre-Lens est un musée différent, la galerie du temps avec sa muséographie particulière en est la preuve.
Le Louvre-Lens est un musée différent, la galerie du temps avec sa muséographie particulière en est la preuve.
musée du Louvre-Lens / photo Gautier Deblonde

Marie Lavandier, directrice du Louvre-Lens, est une femme de terrain qui a dirigé plusieurs musées avant de se voir proposer la direction de l'antenne lensoise du célèbre musée parisien.

Après avoir brillamment assuré l’ouverture du musée du Louvre-Lens et le fonctionnement de ce dernier pendant ses quatre premières années de fonctionnement, Xavier Dectot s’est vu confier la direction du département art et design du National Museum of Scotland à Edimbourg. Marie Lavandier, une passionnée de recherche et d’innovation, titulaire de trois DEA (histoire de l’art, anthropologie de l’art et art plastique), le remplace.
Marie Lavandier est arrivée au Louvre-Lens tout simplement parce qu’on lui a proposé de le diriger. «C’est un projet qui m’a dès le début beaucoup interpellée. Je trouvais que c’était un projet qui interroge le cœur du métier, qui consiste à mettre en rencontre un public avec une connaissance.» De même, l’implantation du Louvre-Lens au cœur d’un territoire où la population n’est pas familiarisée avec les musées a tout de suite séduit Marie Lavandier.
Le Louvre veut en effet démontrer que ses collections ne sont pas seulement destinées à attirer les touristes, mais qu’elles sont aussi un outil de développement local, social… et de développement du musée. «D’autre part, ce musée interroge tout ce que j’ai fait dans ma vie professionnelle. J’ai beaucoup circulé entre l’État et les collectivités locales, entre des problématiques nationales, voire internationales, et des problématiques locales, microlocales», poursuit-elle.
Conservatrice territoriale d’origine, Marie Lavandier a dirigé des musées en collectivités locales, en grande banlieue, notamment à Dreux. Historienne d’art et anthropologue, elle a ensuite été amenée à créer le musée du Président, en Corrèze. «Dans un village de 150 habitants, en milieu très rural, j’ai travaillé pour le Conseil départemental à la création d’un musée pour accueillir les cadeaux protocolaires des Présidents. Ce musée a la particularité de proposer un discours historique sur la représentation du pouvoir, avec un succès assez important.»

Quai Branly. Une expérience corrézienne réussie, avec ce musée qui attire chaque année environ 80 000 visiteurs et se veux être un réel espace public de rencontre. Marie Lavandier se voit ensuite confier un poste au musée du quai Branly : «J’avais en charge l’installation dans les réserves et la création d’une muséothèque.» Particularité du musée des arts nouveaux, les réserves sont dans le musée, en zone inondable, mais accessibles sur demande, dans des salles connexes aux réserves, avec des tables spécifiques d’observation. Marie Lavandier avait également chargée de la gestion de cette collection de 300 000 objets.
Une expérience qui lui a permis d’être nommée ensuite directrice du Centre de recherche et restauration des musées de France. Dans la même logique qu’au quai Branly, Marie Lavandier était au service des 1 200 musées de France, et ce, pendant quatre ans : «J’ai réinscrit ce Centre dans la recherche académique et l’innovation, des disciplines que j’affectionne particulièrement.»
Avant de retrouver les musées, les régions et les problématiques territoriales, Marie Lavandier s’est retrouvée pendant deux années à la direction des quinze musées municipaux de la ville de Nice. La particularité de ce poste résidait dans la conduite d’importantes expositions annuelles. «J’ai alors été appelée pour Lens et suis partie plus rapidement que je ne l’avais imaginé…»

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Le Louvre-Lens est un musée différent : la galerie du Temps, avec sa muséographie particulière, en est la preuve.

Dynamiser le Louvre-Lens. Contactée par Jean-Luc Martinez, le président directeur du Louvre que Marie Lavandier connaît très bien, elle s’est vu proposer la direction du Louvre-Lens, avec sa nomination par le conseil d’administration le 10 juin 2016, pour une prise de fonction au 1er septembre.
Mariée, mère de trois enfants, Marie Lavandier pense beaucoup à eux depuis sa prise de fonctions au Louvre-Lens. «Je me nourris de mon expérience familiale dans la mesure où, pour répondre à l’enjeu de captation progressive d’un nouveau public, on m’a choisie : je vais continuer d’adopter une politique familiale très soutenue.» Sur le terrain, cela se traduira par l’accueil des scolaires (plus de 80 000 par an), mais aussi des familles, avec des activités proposées conjointement aux parents avec leurs enfants.
Galerie du Temps, parc ouvert sur l’extérieur, le musée du Louvre-Lens est particulier et en quelques mois Marie Lavandier a su se l’approprier. Elle a d’ailleurs déjà des idées pour le rendre encore plus attractif et le dynamiser. Pour cela, plusieurs projets hors les murs avec des publics différents : les centres pénitentiaires, les hôpitaux, dans les centres commerciaux… L’idée consiste à établir un premier contact.
Pour capter les publics et faire de ce musée un Louvre autrement, Marie Lavandier insiste sur le fait qu’«il est très important que l’on comprenne que le public que le Louvre-Lens a pour ambition de capter est essentiellement local, et c’est l’ancrage dans le territoire qui légitimera ce musée». À ceux qui estiment que le Louvre-Lens ne fonctionne pas, la directrice répond que les résultats sont probants, avec plus de 2 millions de visiteurs depuis l’ouverture, une inscription d’emblée dans le top cinq des musées régionaux en France.
De plus, le Louvre-Lens attire 60% de visiteurs locaux : parmi eux, 60% ne fréquentent pas habituellement les musées et sont éloignés de la culture.

Renouveau du bassin minier. Le musée du Louvre-Lens est porté par le territoire, il a d’ailleurs été pensé comme étant la pièce maîtresse du renouveau du Bassin minier. Le choix de faire différemment de ce qui se fait ailleurs impose de continuer à travailler avec les collectivités pour reconstruire le territoire autour de cet élément.
En termes de retombées économiques, on estime à 93 euros la dépense moyenne par visiteur, ce qui a généré, fin 2015, 84 millions d’euros de retombées, sans oublier les 600 emplois créés, un taux de chômage en baisse depuis trois ans… «Ces indicateurs montrent l’impact positif du Louvre-Lens sur le territoire», souligne la directrice, dont la volonté est d’amplifier le mouvement et de travailler à la visibilité de l’outil et à son rayonnement régional, national, voire international.
Enfin, il convient de souligner que le Louvre-Lens travaille tous les jours avec les entreprises de l’ensemble du territoire, d’abord au travers du mécénat, mais aussi pour son fonctionnement au quotidien. Son rythme de croisière, le Louvre-Lens devrait l’avoir atteint et un bilan pourra être fait dans les mois à venir.