Condamné à mort en Indonésie, Serge Atlaoui a quitté sa prison avant d'être rapatrié en France

Serge Atlaoui, un Français de 61 ans condamné à mort en Indonésie en 2007 pour trafic de drogue, a quitté sa prison de Jakarta mardi avant de s'envoler dans la soirée pour Paris après un accord conclu fin janvier, et...

Le ministre indonésien en charge des Affaires juridiques et des Droits humains, Yusril Ihza Mahendra (g), et l'ambassadeur de France en Indonésie Fabien Penone (d), après avoir signé l'accord de transfèrement de Serge Atlaoui à Jakarta, le 24 janvier 2025 © BAY ISMOYO
Le ministre indonésien en charge des Affaires juridiques et des Droits humains, Yusril Ihza Mahendra (g), et l'ambassadeur de France en Indonésie Fabien Penone (d), après avoir signé l'accord de transfèrement de Serge Atlaoui à Jakarta, le 24 janvier 2025 © BAY ISMOYO

Serge Atlaoui, un Français de 61 ans condamné à mort en Indonésie en 2007 pour trafic de drogue, a quitté sa prison de Jakarta mardi avant de s'envoler dans la soirée pour Paris après un accord conclu fin janvier, et espère recouvrer la liberté après 19 ans de prison.

Un fourgon noir dans lequel M. Atlaoui avait pris place, selon des responsables pénitentiaires, a quitté la prison de Salemba peu après 15H00 locales (08H00 GMT), a constaté un journaliste de l'AFP.

Le Français va être conduit à l'aéroport de Jakarta d'où il décollera dans la soirée pour Paris sur un vol commercial, escorté par trois policiers français. Il doit atterrir à Paris mercredi matin.

Une dernière obligation l'attend avant d'embarquer: une conférence de presse prévue à 17H30 locales (14H30 GMT), à laquelle doivent également participer un responsable ministériel indonésien et l'ambassadeur de France, Fabien Penone.

Depuis le 11 novembre 2005, jour de son interpellation près de Jakarta, le Français rêve de cette journée, "sans avoir jamais perdu l'espoir", selon une source proche. 

A son arrivée en France, "il sera ensuite conduit à Bobigny (région parisienne, ndlr) et présenté au parquet puis probablement placé en détention dans l'attente de la décision sur son adaptation", a indiqué à l'AFP son avocat Richard Sédillot. 

L'avocat français interviendra ensuite, "dans un délai de quelques semaines ou quelques mois" devant le tribunal compétent "pour demander qu'une adaptation de sa peine permette sa mise en liberté".

"Serge est heureux et serein", a confié Me Sédillot, "mais il va avoir besoin d'un petit peu de temps pour se réorganiser".

Demandé officiellement le 4 novembre par la France dans une lettre du ministre de la Justice, son retour a été rendu possible par la signature d'un accord le 24 janvier entre les ministres français Gérald Darmanin et indonésien Yusril Ihza Mahendra.

Dans cet accord, Jakarta explique avoir décidé de "ne pas exécuter" le prisonnier et d'autoriser son retour pour "raisons humanitaires" car "il est malade". M. Atlaoui a en effet suivi chaque semaine un traitement, ces derniers temps, dans un hôpital proche de sa prison.

Jakarta laisse également la liberté au gouvernement français d'accorder "sa clémence, une amnistie ou une réduction de peine" au seul Français actuellement condamné à mort dans l'archipel.

Peine de mort en appel

M. Atlaoui avait été arrêté en 2005 dans une usine où des dizaines de kilos de drogue avaient été découverts, en banlieue de Jakarta, et les autorités l'avaient accusé d'être un "chimiste".

Venu de Metz, dans le nord-est de la France, cet artisan soudeur, père de quatre enfants, s'est toujours défendu d'être un trafiquant de drogue, affirmant qu'il n'avait fait qu'installer des machines industrielles dans ce qu'il croyait être une usine d'acrylique. 

Initialement condamné à la prison à vie, il avait vu la Cour suprême alourdir la sentence et le condamner à la peine capitale en appel.

Il devait être exécuté aux côtés de huit autres condamnés en 2015, mais a obtenu un sursis après que Paris a intensifié la pression, les autorités indonésiennes ayant accepté de laisser un appel en suspens suivre son cours.

L'affaire avait fait grand bruit en Indonésie, où la législation antidrogue est l'une des plus sévères du monde. Mais aussi en France où de nombreuses personnalités, dont la chanteuse franco-indonésienne Anggun, s'étaient mobilisées pour le soutenir. 

L'Indonésie qui n'a plus procédé à d'exécution depuis 2016, compte actuellement au moins 530 condamnés dans le couloir de la mort, selon l'association de défense des droits Kontras, citant des données officielles.

Parmi eux, plus de 90 étrangers, dont au moins une femme, selon le ministère de l'Immigration et des services correctionnels.

Une Philippine de 39 ans, Mary Jane Veloso, arrêtée en 2010 et également condamnée à la peine capitale pour trafic de drogue, a été transférée aux Philippines à la mi-décembre, après un accord entre les deux pays.

Selon l'ONG française Ensemble contre la peine de mort (ECPM), outre M. Atlaoui, au moins quatre Français sont actuellement condamnés à mort dans le monde: deux hommes au Maroc, un en Chine ainsi qu'une femme en Algérie.

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