A Saint-Amand-les-Eaux
Comrod accélère sur le marché militaire et se diversifie
A Saint-Amand-les-Eaux, Comrod produit des mâts et des antennes à destination du marché de la défense, notamment des armées les plus puissantes au monde. Face aux avancées technologiques dans le domaine militaire, l'entreprise amandinoise adapte régulièrement sa production d'accessoires. En 2022, elle souhaite franchir un nouveau cap. Zoom sur cette entreprise discrète et ambitieuse.
Fondée en 1946 en région
parisienne, l'entreprise Lerc est à l'origine spécialisée dans la
fabrication de cannes à pêche à partir de tubes en composite.
Elle produit jusqu'à 2 millions de références par an, vendues à
travers le monde. En 1964, l'entreprise pose ses valises dans le
Nord, à Saint-Amand-les-Eaux. Mais dans les années 1970, les
Asiatiques s'invitent sur ce marché et la direction sent le vent
tourner. L'entreprise décide alors d'opérer un virage radical.
«L'entreprise a choisi la stratégie de diversification en
se tournant vers la production de perches à destination du marché
sportif, mais cela n'a pas pris. Elle s'est ensuite spécialisée dans
la conception de mâts et d'antennes à destination du marché
militaire», raconte Eric Van Renterghem, l'actuel directeur
d'exploitation, arrivé comme stagiaire en 1991.
Un pari réussi pour
l'entreprise amandinoise qui monte en puissance au fil des années et
compte aujourd'hui dans son portefeuille clients tous les pays
membres de l'OTAN, dont les armées française, américaine, canadienne
ou encore australienne. Les mâts et les antennes fabriquées pour
ces clients de prestige peuvent être à la fois posés sur les toits
des véhicules militaires et à même le sol. Si
90% de la production sont destinés aux accessoires militaires, les
10% restants sont dédiés au ferroviaire (isolateurs pour les
trains), à l'aéronautique (tubes sous forme de jauge permettant
d'évaluer le niveau de kérosène dans les avions) et à la
prospection pétrolière (système d'antennes et de capteurs repérant
les gisements de gaz et de pétrole).
L'électronique, véritable levier de croissance
Jusqu'à présent manuels, les antennes et les mâts, atteignant jusqu'à 34 mètres de hauteur, intègrent progressivement des composants électroniques. «L'électronique représente l'un de nos principaux enjeux. Notre volonté est de garder les compétences mécaniques tout en ajoutant des pièces électroniques aux outils puisque les télécommunications sur le terrain, qui sont essentielles pour les armées, progressent de plus en plus», explique le directeur d'exploitation. Comrod mise principalement sur ce levier de développement en 2022.
Pour cela, la société renforce son effectif et recrute un ingénieur
système ainsi qu'un ingénieur logiciel embarqué afin d'accélérer
la production. Par ailleurs, depuis
cinq ans, les mâts militaires, à la fois rigides et légers,
supportent de plus en plus de caméras ou de systèmes antidrones
afin, notamment, de protéger des sites. Là encore, cette mutation du
marché permet à Comrod de maintenir une belle trajectoire de
croissance. «Le
marché du drone est en plein développement et cela profite à
notre activité», glisse le dirigeant.
60% des ventes à l'export
Sur son site de
production de 15 000 m², le long de la Scarpe à
Saint-Amand-les-Eaux, Comrod réalise entre 15 et 19 millions d'euros
de chiffre d'affaires par an selon le volume de commandes. La
société amandinoise, qui emploie 73 collaborateurs, réalise 60% de
son CA à l'export. «Nous sommes passés à travers la
crise, mais nous commençons seulement à ressentir ses effets. Les
commandes des Etats sont décalées en raison de la pandémie et des
budgets accordés en priorité à la santé. Nous sommes prudents mais restons optimiste», détaille Eric Van Renterghem.
Production à venir de
pylônes électriques en matériaux composite
Toujours
à la recherche de nouveaux marchés, l'entreprise nordiste, rachetée
en 2006 par le groupe norvégien Comrod, prévoit dès 2022 de
fabriquer des pylônes électriques en matériaux composites. Une
production déjà lancée sur le site norvégien de Comrod et qui
porte ses fruits. En France, Comrod espère le même scénario. En
effet, face à l'interdiction à venir des poteaux électriques en
bois dans l'Hexagone, les poteaux composites prendront place
progressivement dans le paysage électrique français. «Nous
avons une vraie carte à jouer vis-à-vis des opérateurs comme RTE
et Enedis», indique le dirigeant. En cas de forte demande,
Comrod envisage même l'ouverture d'une usine exclusivement dédiée
aux poteaux composites sur son site de Saint-Amand-les-eaux. La
surface ne manque pas : le site de production s'étend sur 12,5
hectares...