Compte à rebours à Washington pour éviter la paralysie des services publics

Les Etats-Unis pourront-ils payer leurs fonctionnaires la semaine prochaine? La première économie du monde fait de nouveau face à la menace d'une paralysie de son administration à cause d'un blocage politique, quatre mois...

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, entouré des responsables du Sénat, le républicain Mitch McConnell (g) et le démocrate Chuck Schumer (d), au Capitole, le 21 septembre 2023 à Washington © Pedro Ugarte
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, entouré des responsables du Sénat, le républicain Mitch McConnell (g) et le démocrate Chuck Schumer (d), au Capitole, le 21 septembre 2023 à Washington © Pedro Ugarte

Les Etats-Unis pourront-ils payer leurs fonctionnaires la semaine prochaine? La première économie du monde fait de nouveau face à la menace d'une paralysie de son administration à cause d'un blocage politique, quatre mois après avoir frôlé le défaut de paiement.

Le budget 2024 doit être adopté par le Congrès avant le 1er octobre. Mais sans accord entre démocrates et républicains, l'administration fédérale devra cesser certains paiements.

Et les premières victimes seraient les quelque deux millions de fonctionnaires fédéraux qui verraient leur salaire suspendu durant toute la durée du "shutdown".

A un peu plus d'un an de l'élection présidentielle, à laquelle le président démocrate Joe Biden est candidat, les deux partis sont à couteaux tirés.

"Financer l'Etat est la responsabilité la plus basique et fondamentale du Congrès et si les républicains ne commencent pas à faire leur boulot, nous devrions cesser de voter pour eux", a déclaré lundi Joe Biden, "ils ont donné leur accord, serré la main et à présent ils renient cet accord, ce n'est plus tellement une surprise".

La Maison Blanche en a remis une couche lundi en accusant les "extrémistes républicains de la Chambre" de prendre le risque de "compromettre l'assistance alimentaire vitale pour près de sept millions de femmes et enfants vulnérables", au risque de "jouer avec la vie des gens", une possible paralysie des services publics fédéraux, coupant de fait, ces dépenses fédérales.

Les tensions se cristallisent autour d'une aide supplémentaire pour l'Ukraine, après la visite à Washington, jeudi, du président ukrainien Volodymyr Zelensky.

Les deux partis au Sénat y sont favorables. Mais, à la Chambre des représentants, une poignée d'élus de la droite trumpiste refusent d'apporter leurs voix.

"Je ne voterai pas pour consacrer un seul centime à la guerre en Ukraine. Je suis pour l'Amérique d'abord", a déclaré la républicaine Marjorie Taylor Greene, une proche de Donald Trump, vendredi dans une vidéo tournée devant un appareil de musculation et publiée sur le réseau social X (ex-Twitter).

Salle de sport également, drapeau américain en fond, un autre élu, Eli Crane, a lui aussi posté une vidéo fustigeant ces aides: "Les gens de mon district, et de tout le pays, en ont tellement marre de financer les autres".

Tensions récurrentes

Le nécessaire vote sur le budget au Congrès se transforme parfois en bras de fer, le spectre de l'arrêt des services fédéraux étant régulièrement agité par le camp républicain pour obtenir des concessions. Avec généralement une résolution de dernière minute.

Mais ces tensions récurrentes sont cette année exacerbées par la polarisation au Congrès.

Côté Sénat, les responsables des deux partis, Chuck Schumer pour les démocrates, Mitch McConnell chez les républicains, deux vieux routiers de la politique, continuent de discuter.

"(Nous) sommes tous deux fermement en faveur d'une aide à l'Ukraine", a déclaré Chuck Schumer vendredi à la chaîne CNN, se disant "très, très optimiste".

Dans une note publiée lundi, l'agence Moody's a souligné que l'absence d'accord viendrait "souligner la faiblesse de la gouvernance et des institutions aux Etats-Unis en matière de politique budgétaire" et aurait "un effet négatif sur la dette souveraine" américaine, alors qu'elle est la dernière agence à accorder la note maximale, AAA, à la dette américaine.

A défaut de s'entendre, un projet de budget provisoire pourrait être adopté, ce qui offrirait quelques mois de répit aux élus pour trouver un terrain d'entente.

Cette menace de paralysie survient quatre mois seulement après le feuilleton précédent, celui du plafond de la dette, dont les conséquences auraient été encore plus importantes, avec un possible défaut de paiement des Etats-Unis.

Dans le cadre de l'accord qui avait été signé, les démocrates avaient accepté de limiter certaines dépenses, ce qui aurait dû permettre de passer sans encombre l'étape du budget.

"Nous devons nous enfermer dans une pièce et résoudre le problème", a dit dimanche l'élu républicain Tony Gonzales. 

"Je ne veux pas d'un +shutdown+ mais il est certain pour moi que le pays s'y dirige et que tout le monde doit s'y préparer", a-t-il ajouté.

Parmi les conséquences à anticiper, certains chèques d'aide alimentaire pourraient ne pas être envoyés. Le trafic aérien pourrait être perturbé, les parcs nationaux non entretenus,... Les fonctionnaires considérés comme "non-essentiels" seront priés de rester chez eux, et ne recevront leur salaire qu'une fois le problème réglé.

Le pays a connu quatre importants "shutdown" depuis 1976. Le dernier, le plus long, avait duré plus d'un mois fin-2018 et début-2019, amputant de 3 milliards de dollars le PIB des Etats-Unis, selon les services du budget du Congrès (CBO).

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