"Complément d'enquête" sur Depardieu: France Télévisions veut faire taire le doute

"Complément d'enquête" et France Télévisions veulent éteindre les doutes: le passage de l'émission d'investigation dans lequel l'acteur Gérard Depardieu semble tenir des propos à caractère sexuel au sujet d'une petite fille a...

Gérard Depardieu pose le 6 juin 2013 à Nice © Valery HACHE
Gérard Depardieu pose le 6 juin 2013 à Nice © Valery HACHE

"Complément d'enquête" et France Télévisions veulent éteindre les doutes: le passage de l'émission d'investigation dans lequel l'acteur Gérard Depardieu semble tenir des propos à caractère sexuel au sujet d'une petite fille a été "authentifié" par un huissier de justice.

Cette annonce de France Télévisions vendredi intervient après des déclarations mercredi du président Macron, laissant entendre que la séquence avait pu être modifiée au montage.

C'est ce qu'avait auparavant affirmé la famille de l'acteur, par ailleurs mis en examen pour viols depuis 2020, après une plainte d'une comédienne, Charlotte Arnould.

"Il n'y a aucun doute et aucune ambiguïté sur le fait que c'est bien la jeune fille à l'image qui est ciblée par les propos de Gérard Depardieu", a assuré le groupe de télévision public dans un communiqué.

Mandaté jeudi pour "authentifier et certifier les images et les propos concernés", un "huissier a pu visionner les rushs" (les images brutes, sans montage), a indiqué France Télévisions. Il "atteste dans son constat qu'il s'agit d'une seule et même séquence montrant Gérard Depardieu regardant une démonstration équestre".

Il atteste également "qu'au cours de la séquence, il a pu constater les propos tenus par Gérard Depardieu et +qu'à l'exception de la jeune fille, seuls des cavaliers d'apparence masculine entrent en premier plan des caméras+".

- "Fake news" - 

"Habituellement, nous ne montrons nos rushs à personne, pas même à la justice car cela relève du secret des sources", a déclaré le présentateur de "Complément d'enquête" Tristan Waleckx à franceinfo, site d'infos de France Télévisions.

"Mais dans ce contexte d'avalanche de fake news (...), nous avons décidé de les montrer exceptionnellement à un huissier de justice pour attester de la rigueur de notre travail", a-t-il poursuivi.

Ces images ont été tournées par l'écrivain Yann Moix, lors d'un voyage de l'acteur en Corée du Nord en 2018, et diffusées dans "Complément d'enquête" le 7 décembre sur France 2.

On y voit Gérard Depardieu multiplier les propos graveleux en s'adressant à des femmes et en prononcer d'autres à caractère sexuel lorsqu'une petite fille à cheval passe à l'image.

L'avocat de Yann Moix, Me Jérémie Assous, a déclaré sur BFMTV que ces images étaient une "oeuvre de fiction": Yann Moix a été envoyé en Corée du Nord "comme réalisateur et il a comme acteur principal et quasiment unique Gérard Depardieu" dont "le rôle est de surjouer son propre rôle" et d'"être vulgaire" dans certaines scènes.

"Complément d'enquête" a déclenché une intense polémique, alors que l'acteur fait l'objet d'accusations de viol et d'agressions sexuelles, qu'il conteste.

Interrogé mercredi dans l'émission "C à vous" sur France 5, M. Macron a répondu: "J'ai vu les images, j'ai entendu aussi qu'il y avait des polémiques sur les mots qui étaient en décalage avec les images".

Il s'est également dit "grand admirateur" de l'acteur et a assuré "détester" les "chasses à l'homme", déclenchant des protestations des mouvements féministes.

La semaine précédant cette interview, le chef de l'Etat et Gérard Depardieu s'étaient parlé au téléphone, selon l'entourage de M. Macron, confirmant une information de franceinfo.

Univers Bolloré

Dans une tribune publiée par le Journal du dimanche (JDD) le 17 décembre, la famille de Gérard Depardieu (dont sa fille Julie et son ex-femme Élisabeth) avait dénoncé des "plans de coupe (...) nécessairement suspects puisqu'on peut les monter comme on le veut".

Dans un article mis en ligne jeudi, le JDD est revenu sur cette affaire, estimant que les images avaient pu être "manipulées". Ce point de vue a été défendu par le directeur du journal Geoffroy Lejeune sur la chaîne de télévision CNews.

Ces deux médias sont sous le contrôle de Vivendi, groupe du milliardaire Vincent Bolloré, aux opinions réputées ultra-conservatrices.

Une autre polémique a récemment opposé "Complément d'enquête" à une figure de l'univers Bolloré, l'animateur controversé Cyril Hanouna, star de la chaîne C8 (également détenue par Vivendi). "Complément d'enquête" lui a consacré une enquête critique le 30 novembre, dans laquelle il était qualifié de "nouveau parrain du PAF".

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