Communication : Déceler les faux CV
Les résultats d’études confirment une pratique répandue en France. 85 % des candidats à un emploi déclarent normal d’enjoliver leur CV. 65 % des CV seraient faux ou s’arrangeraient avec la réalité. Taux cependant en baisse. Les réseaux sociaux aident les employeurs à y voir plus clair et à vérifier les profils. Comment démêler le vrai du faux ?
En même tant que cette statistique montrant un taux de CV trompeurs en augmentation de 5 % depuis trente ans, une autre interpelle. Deux recruteurs sur trois font peu ou pas de contrôle de CV. Premier élément à prendre en compte : la motivation des candidats à tricher. Le marché de l’emploi, même en amélioration, reste tendu, d’où une concurrence forte entre les candidats. Plusieurs études montrent une attitude décomplexée de la jeune génération face à des mensonges sur leur parcours professionnel. Les arrangements les plus courants sont liés aux diplômes obtenus. Aujourd’hui, il est aisé d’acheter ou de falsifier un diplôme grâce à des logiciels simples d’accès. Courant également de voir un gonflement de ses responsabilités ou encore de s’approprier les réalisations d’autrui. Pour le recruteur, il est intéressant de créer et d’utiliser une grille d’analyse du CV pour évaluer l’adéquation entre le profil du candidat et les compétences recherchées. Chaque poste doit répondre à un tableau avec des éléments standards et d’autres plus spécifiques : le savoir (diplôme, langue, logiciel), le savoir-faire au regard des tâches demandées, de l’expérience et de la formation, le contexte professionnel englobant le secteur d’activité et la taille de l’entreprise. Le CV semble-t-il cohérent ? Les informations sont-elles logiques ou, au contraire, existe-t-il des zones d’ombres ? Un CV trop en phase, trop calé sur l’offre à pourvoir, doit éveiller les soupçons. Une analyse de toutes les lignes, la notification sur une feuille des incohérences potentielles est recommandée.
Les réseaux sociaux, alliés du recrutement
Vigilance par ailleurs sur les intitulés de poste, les responsabilités endossées, les formations, les diplômes. Taper le nom du candidat dans un moteur de recherche en ligne et consulter son profil public sur les réseaux sociaux et professionnels sont de bons indicateurs. Une fois les CV éclaircis, le recruteur contacte quelques candidats pour un entretien en tête à tête. Dès la prise de rendez-vous au téléphone, ne pas hésiter à demander franchement les diplômes, les derniers certificats de travail ou toute pièce justificative. En la matière, mieux prendre du temps pour contrôler que le regretter une fois l’embauche conclue. Un doute ? 58 % des candidats s’attribueraient «rarement» un faux diplôme. Seulement 8 % «jamais». Encore pire, 33 % le feraient «souvent». Pour déceler le vrai du faux, l’entretien reste la meilleure arme. L’employeur devra être rigoureux et poser des questions précises pour obtenir des réponses concrètes. Chiffres, exemples, dates et faits sont des passages incontournables. Astuce : ne pas hésiter à demander aux candidats de dessiner les organigrammes des entreprises pour lesquelles ils ont travaillé afin de comprendre leur position hiérarchique. Imparable : informer le candidat de futurs contrôles auprès d’anciens employeurs sous condition d’obtenir son accord. En définitive, on ne recrute pas au hasard, même si le feeling a une part importante dans le processus.
La lettre de motivation, valeur sûre
À l’heure de l’e-réputation et du réseautage, la question «à quoi peut encore servir une lettre de motivation ?» mérite d’être posée. Puisqu’il est aujourd’hui facile pour un chasseur de tête d’en savoir plus sur un candidat en tapant son nom sur Google, qu’est-ce que la lettre de motivation pourrait lui apprendre qu’il ne sait déjà ? Pourtant, nombreux sont les RH qui continuent à exiger ce document pour recruter.