Comment soigner la forme de son business plan

Des premiers moments de la vie d’une entreprise dépendent bien souvent son développement futur et la réussite de son créateur. L’un de ces moments clés est celui de la rencontre avec le banquier pour la présentation de son business plan. Comment la transformer en succès ? Rencontre avec Catherine Grima pour quelques recommandations.

Catherine Grima.
Catherine Grima.

 

Catherine Grima.

Catherine Grima.

Agrégée d’économie et de gestion, titulaire d’un DEA sciences de gestion 2009, enseignante à l’IAE de Lille en comptabilité normes internationales IFRS et comptabilité approfondie, Catherine Grima est installée depuis 2007 à Lambersart où elle a créé son cabinet d’expertise comptable. Bon an, mal an, elle accompagne une dizaine d’entrepreneurs dans leurs démarches de création. Les créateurs ne peuvent faire l’impasse d’un passage réussi devant un banquier, clé de voûte d’un démarrage réussi. Pour y parvenir, quelques judicieux conseils, fruit de son expérience devenue expertise. A user sans modération ! “D’une façon générale, les deux grands écueils rencontrés dans les business plans présentés par ceux qui projettent de créer une entreprises sont la non-prise en compte de leur propre rémunération et l’absence d’étude de marché approfondie”, résume Catherine Grima pour qui “un entrepreneur super dynamique, qui a un super projet, qui le défend bien, qui a la pêche et vous donne la pêche, pour qui ça marche, cela existe !”.

Ne pas oublier sa rémunération. Pour elle, la qualité première d’un business plan séduisant est sa cohérence et la première des choses à y voir, tant dans le budget prévisionnel que dans le prévisionnel de trésorerie car “le but premier de la rencontre avec le banquier, c’est d’obtenir un fonds de roulement pour subvenir aux besoins de trésorerie”, ce sont les besoins professionnels bien sûr, mais aussi et surtout, seraitelle tentée d’insister, personnels. Dans les besoins professionnels, le créateur ciblera les charges fixes, “celles qui reviennent tous les mois, que l’on ait ou non une activité, loyer, gaz, électricité, téléphone, les rémunérations des salariés avec leur corollaire, les cotisations sociales, bref toutes ces charges récurrentes que, même si vous ne vendez rien, vous avez à couvrir”, et les charges variables, dépendantes de l’activité, comme les achats de marchandises et notamment le stock nécessaire au démarrage de l’activité.
La détermination des besoins personnels est tout aussi essentielle. “Souvent, le créateur dit n’avoir besoin de rien. Mais quand on crée une activité, ce n’est pas pour être philanthrope mais bien pour gagner sa vie. Sinon le banquier demandera pourquoi créer une entreprise. Il faut une cohérence dans le discours”, argumente Catherine Grima qui voit dans cette nonprise en compte d’une rémunération “un des principaux manques” des budgets de trésorerie qui lui sont soumis.

La nécessité d’une étude de marché. Si estimer ses dépenses n’est peut-être pas toujours aisé, il peut en être de même côté recettes. “Trop souvent, pour n’avoir réalisé aucune étude de marché précise, ceux qui ont un projet de création n’ont aucune idée du potentiel de chiffre d’affaires dans le secteur d’activité ou dans le secteur géographique dans lequel ils vont se placer. Les chiffres qu’ils sortent sont souvent utopiques. Il nous faut recadrer ce travers. Il faut des chiffres les plus justes possibles, bien ciblés et justifiables, juste avec des augmentations annuelles mesurées, au risque de voir le banquier les qualifier de pris au hasard.” Question de cohérence toujours. Idem pour le budget de trésorerie, toujours au plus juste, mais en demandant une enveloppe supérieure pour tenir compte des imprévus.
Autre hic que relève Catherine Grima, qui accepte d’accompagner ses créateurs chez leur banquier s’ils la sollicitent, est la confusion faite par certains entre trésorerie, chiffre d’affaires, résultats… “Le décalage entre la trésorerie et le chiffre d’affaires, entre ce qui est sur le compte bancaire et les charges récurrentes peut être important, il faut y faire attention…
Depuis le début de l’année, aucun des créateurs que j’ai accompagnés n’a subi de refus bancaire”, se félicite Catherine Grima qui voit aussi dans ces business plans d’excellents outils de suivi d’activité et, le cas échéant, de réajustement auprès du banquier.
Est-il plus difficile aujourd’hui qu’hier de séduire un banquier ? “Je ne pense pas. Souvent on vous demande un apport personnel, 20% c’est assez fréquent, beaucoup de garanties… Les vannes sont peut-être moins ouvertes, mais si vous avez un bon projet à présenter et bien ficelé, il n’y a pas trop de difficultés. Et puis la banque, c’est un service, il faut les comparer et regarder les différences. Normalement elle va vous suivre durant toute la vie de l’entreprise. C’est important de trouver des banques qui ne sont pas impersonnelles, surtout pour les TPE et PME.”