Comment DiagRAMS Technologies révolutionne la maintenance prédictive

Accélérée au Village by CA depuis deux ans, DiaGRAMS Technologies a développé un logiciel de maintenance prédictive à destination des industriels, pour prédire les pannes et les anomalies sur les machines. Cette solution évite l’installation de capteurs et fournit aux techniciens un outil clés en main et des données précieuses afin de mieux comprendre l'état de santé du parc de machines. Rencontre avec Margot Corréard, cofondatrice de cette start-up lilloise promise à un bel avenir.

Margot Corréard, co-fondatrice de DiagRAMS Technologies.
Margot Corréard, co-fondatrice de DiagRAMS Technologies.

A la genèse du projet, Margot Corréard, Jean-François Bouin et Quentin Grimonprez travaillent à l'INRIA où ils valorisent, entre autres, les technologies des équipes de recherche (cf. encadré). C'est la réalité du terrain qui les amène à fonder DiagRAMS Technologies en 2019. Des industriels frappent à la porte de l'INRIA pour un besoin précis : faire de la maintenance prédictive avec toutes les données que génère une usine sans placer de capteurs ni investir dans du hardware. «A l'origine, pour capter l'état de santé de machines, on vient rajouter des capteurs. Sauf que ceux-ci ont un coût, peuvent tomber en panne et il faut savoir où les placer précisément. Il n'y avait pas de solution sur le marché suffisamment performante pour analyser des signaux», explique Margot Corréard.

Commercialisé en 2021 et basé sur l'intelligence artificielle, le logiciel imaginé par DiagRAMS permet d'alerter et prévenir des pannes ou des anomalies sur les outils industriels en identifiant de multiples données telles que la température, la pression, la consommation électrique, le débit ou encore les vibrations. «On identifie depuis quand la machine ne fonctionne pas comme d'habitude, expliquer pourquoi elle ne fonctionne pas comme d'habitude et quand le problème va survenir. Cela peut être plusieurs semaines, voire plusieurs mois, en amont», détaille la cofondatrice.

Répondre à un triple enjeu : financier, humain et environnemental

Pour les acteurs de l'industrie, cette innovation permet d'améliorer les performances industrielles en suivant à distance l'état de santé des machines, d'optimiser les interventions et donc de diminuer les coûts, de réduire son impact environnemental mais aussi d'intervenir en amont et non en urgence afin d'éviter notamment les accidents. En cas d'anomalie, une alerte est envoyée par SMS et par mail au technicien. Celui-ci dispose alors d'une vue complète sur tous les dysfonctionnements qu'il peut y avoir sur une machine. «Notre objectif premier est de garantir un parc de machines en bonne santé pour que l'entreprise puisse produire le mieux possible sans qu'il y ait interruption de la production.» Car, dans l'industrie, une heure d'interruption de la production peut entraîner jusqu'à 200 000 € de perte en moyenne. Si l'aspect financier prime, l'aspect humain est également au cœur des problématiques des industriels.

En effet, il existe une pénurie des techniciens de maintenance, dont les départs à la retraite se sont multipliés ces dernières années. «Les machines sont de plus en plus automatisées, donc la maintenance demande beaucoup de compétences à avoir, que ce soit en électronique, en mécanique, en hydraulique. Le temps de formation des jeunes est très long, il faut compter cinq ans de formation pour être opérationnel à 100% dans une usine», ajoute Margot Corréard. La solution mise au point par DiagRAMS Technologies se veut être avant tout un outil d'aide à la décision : «Nous aidons à centraliser toute l'information et la connaissance sur les machines pour que les jeunes, notamment, puissent comprendre comment intervenir.»

L'Allemagne en ligne de mire

La start-up d'EuraTechnologies travaille aujourd'hui essentiellement avec des grands groupes issus de l'automobile, de l'agroalimentaire, de l'énergie ou encore des télécoms, disposant d'un important parc de machines. A terme, elle souhaite se rapprocher des ETI et des PME, mais cela nécessite «une maturité de ces acteurs par rapport à la donnée». Si la jeune pousse s'appuie pour l'heure sur un portefeuille de clients nationaux, elle ne cache pas pour autant ses ambitions internationales. Dès 2022, les équipes lilloises prendront le chemin de l'Allemagne pour participer à un grand salon industriel et prospecter. «L'objectif est de pénétrer le marché allemand, un gros marché industriel sur lequel il y a beaucoup d'acteurs, mais aussi mieux comprendre les approches qui sont différentes des nôtres», résume la cheffe d'entreprise. DiagRAMS Technologies s'appuie sur une équipe de 12 collaborateurs et devrait étoffer l'effectif pour atteindre 20 personnes d'ici fin 2022. Des postes à la fois business et techniques sont à pourvoir. Un an après avoir levé 1,7 M€ auprès d'investisseurs régionaux et business angels, la pépite d'EuraTech poursuit sa montée en cadence et vise désormais un déploiement au-delà des frontières.

Un trio complémentaire à la tête de cette spin-off d'INRIA


Jean-François Bouin, ingénieur spécialisé en mécanique, concevait des lignes de production pour le secteur de l'agroalimentaire avant de rejoindre l'INRIA pour se consacrer à la recherche. De son côté, Quentin Grimonprez, docteur en statistiques, a passé toute sa carrière à l'INRIA, notamment sur le "machine learning". Margot Corréard, quant à elle, s'appuie sur une expertise en management de projet, marketing et business développement dans l'innovation. D'une rencontre à l'INRIA, les trois cofondateurs ont uni leurs forces pour fonder DiaGRAMS Technologies. Si l'entreprise a été créée en 2019, la technologie a nécessité de longues années de R&D en interne à l'INRIA. DiagRAMS Technologies est en réalité une spin-off détenant une licence exclusive qui permet d'exploiter cette technologie. DiagRAMS et l'INRIA travaillent toujours actuellement main dans la main : «Nous avons mis en place un comité scientifique pour continuer à échanger régulièrement avec les chercheurs afin d'améliorer et garder notre avance technologique au top de l'état de l'art scientifique», conclut Margot Corréard.