Information et suivi laboratoire de Bure
CLIS du laboratoire de Bure : l’art de la vulgarisation
Créé et installé en novembre 1999 à Bar-le-Duc, le comité local d’information et de suivi (CLIS) du laboratoire de Bure vise à informer ses membres et le grand public, suivre l’état d’avancée des recherches et favoriser la concertation. Mi-juin, l’association organisera une manifestation pour célébrer ses 25 ans d’existence et lancer officiellement la réflexion sur l’après 2030.

Organiser des réunions d’information ouvertes au grand public en faisant appel à des experts, initier des visites de sites expérimentaux, tenir des permanences à Bure, diffuser des documents d’information, programmer des formations pour ses membres ou encore mettre en place des campagnes d’information, voilà pour le quotidien du CLIS du laboratoire de Bure depuis vingt-cinq ans. Prévu dans le cadre des lois de décembre 1991 puis de juin 2006, le comité local d’information et de suivi s’appuie sur 91 membres représentant des élus et des personnes qualifiées issus de deux départements, en l’occurrence la Meuse et la Haute-Marne qui accueillent conjointement à Bure le laboratoire de recherche de l’Andra, dans le cadre du projet Cigéo (centre industriel de stockage géologique des déchets nucléaires les plus dangereux). Depuis 2006, le CLIS a changé de statut pour devenir une association avec toujours ses missions d’information, de suivi et de concertation mais son rôle s’est élargi au stockage des déchets (et pas seulement au laboratoire de recherche). Comme le stipule l’esprit de la loi de 2006, un dialogue avec la population est indispensable. Pro ou anti-nucléaire, la question ne se pose pas, puisque toutes les voix peuvent s’y exprimer. Et pour justement nourrir le débat, l’enjeu est d’apporter des réponses aux interrogations, qui se posent sur ce «sujet complexe et technique, qui soulève les passions», explique Benoît Jaquet, le secrétaire général du CLIS en poste depuis 1999.
Des expertises indépendantes pour nourrir les débats
Le CLIS fonctionne depuis sa création avec un budget de près de 300 000 euros financé pour moitié par l’État et par les trois opérateurs de la filière nucléaire (EDF, Orano et le CEA) ; un montant avant tout indispensable pour financer des expertises. C’est d’ailleurs la particularité du CLIS de trouver des experts indépendants (qui ne travaillent pas ou n’ont pas travaillé avec l’Andra) pour apporter un regard neutre et extérieur à des questions techniques qui se posent. La première remonte à 2000 et concernait la géothermie et ses ressources. L’Andra mettait en avant une absence de ressources, le CLIS avait donc mandaté un expert pour vérifier l’information. Les conclusions de l’étude avaient conduit l’Andra à mener un forage à 2000 mètres et ainsi à créer un programme de recherche non prévu. La deuxième expertise s’intéressait justement au suivi du forage conduit par des experts suisses de Geowatt. Au total, une dizaine a été conduite. Actuellement une expertise est en cours, confiée au groupe américain IEER qui travaille sur le dossier DAC (demande d’autorisation de création déposée en janvier 2023) de l’Andra. Le rapport préliminaire sera rendu en mars. Quant à sa présentation, elle devrait avoir lieu à l’automne prochain. Parfois, il est difficile (voire impossible) de trouver des experts indépendants. C’est le cas pour deux questions restées sans réponse, à la suite d’un appel d’offres infructueux, concernant la durée de vie des matériaux (des alvéoles pour le stockage appelées le chemisage) et les scénarios autour du risque d’intrusion involontaire sur le site de stockage. «Comme le CLIS fait partie d’un réseau d’experts européens en sureté nucléaire, ces deux sujets prochainement évoqués. L’idée est de tenter de convaincre un ou plusieurs membres à plancher sur ces questions», explique Benoît Jaquet.
Observatoire de la santé
La question de réaliser un état de référence sanitaire et un suivi épidémiologique de la population située à proximité du laboratoire de Bure s’est toujours posée.
En 2016, un groupe de travail s’est constitué autour des représentants de la préfecture de la Meuse, la coordonnatrice de la mission Cigéo, du CLIS, de l’ARS (agence régionale de santé) du Grand Est, de l’IRSN (Institut de radioprotection et de sureté nucléaire) et de Santé Publique France pour justement établir une note méthodologique.
De cette démarche est né le 30 septembre 2022 l’Observatoire de la santé des riverains du projet de stockage de Bure (OSaRiB) piloté par Santé publique France et l’Observatoire régional de Santé (ORS) du Grand Est.