Clinitex : à la conquête de nouveaux marchés
Après 35 ans d’existence, l’entreprise de nettoyage, qui revendique son caractère atypique, lorgne vers le sud, où elle compte bien conquérir de nouveaux marchés sans se départir de méthodes de management bien personnelles.
Ce qui marche pour un, marche pour 3 000. C’est un peu la recette qu’applique, avec succès, Thierry Pick depuis la création de son entreprise de nettoyage, en 1980. Installé alors comme artisan de nettoyage, il n’embauche son premier salarié que deux ans plus tard. Mais depuis ces modestes débuts, l’entreprise a bien grandi et compte aujourd’hui 3 000 collaborateurs (1 300 ETP), qui travaillent auprès de 4 000 clients, dans l’industrie, le tertiaire, la santé ou encore le scolaire. Le groupe a réalisé en 2015 un chiffre d’affaires de 30 M€, et vise les 32 M€ en 2016. Le tout, en s’assurant un taux de satisfaction des salariés, mesuré grâce à un baromètre réalisé en externe, qui affiche un insolent 98%.
Management horizontal. “Depuis le début de l’entreprise, le bien-être des salariés est une valeur fondamentale pour nous, on veut travailler avec des gens qui sont contents de venir au boulot le matin“, explique Thierry Pick, rejoint aujourd’hui par ses trois enfants. Avec un management exclusivement horizontal depuis le lancement de l’entreprise, des salaires publics, beaucoup de latitude laissée aux salariés, y compris sur le terrain, et un encouragement à l’initiative personnelle, Clinitex applique depuis 35 ans les recettes, tant vantées aujourd’hui, de l’entreprise libérée. Mais tout ça “sans le savoir“, affirme, sourire en coin, Thierry Pick, en Monsieur Jourdain pas complètement dupe. “Il faut accepter l’échec pour favoriser l’aventure et la prise de responsabilité, explique le dirigeant. À une époque, on avait même envisagé une prime à l’erreur ! Nous sommes toujours partis du principe que les règles idiotes sont soit contournées, soit décourageantes. Par exemple, nous ne fixons pas de plafond pour les notes de frais, mais chacun doit justifier de ses dépenses en réunion. Ou encore, nous avons autorisé les commerciaux à fixer eux-mêmes leurs marges dans les négociations… et notre rentabilité a augmenté ! Mais tout est réinvesti systématiquement, nous faisons passer le développement bien avant le profit.“
À l’assaut de l’Hexagone. Tout en revendiquant une démarche très opportuniste, presque improvisée, sans business plan bien établi, l’entreprise ne s’en laisse pas conter. Et est bien loin de se laisser distancer par la concurrence. Forte de dix implantations dans le grand nord de la France, elle se lance désormais vers le sud, avec une ouverture, ce printemps, d’une agence à Melun, en région parisienne, et d’autres sont prévues : à Lyon en 2017 et à Nantes en 2018. À partir de là, tout est ouvert, laisse entendre Thierry Pick. “Nous n’avons pas de plan de bataille, nous saisissons des occasions, et nous suivons les propositions de nos collaborateurs. C’est un de nos commerciaux qui nous a proposé d’ouvrir à Lyon, nous l’avons suivi. Si d’autres veulent faire pareil, nous sommes prêts à ouvrir des agences partout en France, dans des villes de plus de 200 000 habitants.”
500 CDI dans les trois ans. Et Clinitex a des arguments : en 2015, l’entreprise a connu une croissance de 25%, dont 15% sont dus au rachat pour 5 M€, en novembre, de Crocus, une entreprise concurrente, et ses 500 collaborateurs, dont 400 ont été peu à peu rattachés à Clinitex. Et 500 recrutements en CDI sont prévus sur les trois prochaines années pour accompagner le déploiement du groupe, qui compte désormais gagner des parts de marché auprès des établissements publics, le privé, qui représente 90% du chiffre de l’entreprise, ayant déjà très massivement recours à la sous-traitance pour le nettoyage des locaux professionnels. Et Clinitex ne recule pas non plus devant la diversification : à l’initiative de la fille du dirigeant, Sidonie Pick, le groupe a ouvert une filiale de micro-crèches d’entreprise, qui devrait voir une deuxième ouverture cette année.